Sceaux, mon petit Versailles
Comme son nom l’indique en partie, le parc de Sceaux est situé principalement sur la commune de Sceaux mais aussi en partie sur celle d'Antony tandis que Châtenay-Malabry longe l'enceinte ouest. Les adeptes des transports en commun apprécieront la possibilité d'y venir en RER, une station de la ligne B étant dédié au parc. Les automobilistes pourront déposer leurs véhicules sur le pourtour. Malgré tout ce ne sont que quelques places, pas de grand parking. Enfin, pour les chanceux comme moi qui habitent à proximité, le plus simple reste d'y venir à pied. Différentes entrées sont aménagées sur tout le pourtour du parc, ce qui représente tout de même plusieurs kilomètres. Il faut dire que le domaine s'étend désormais sur 184 hectares. Un véritable poumon vert au sud de Paris.
On est bien loin des neuf petits hectares des origines lorsque Colbert fait de Sceaux son domaine et demande à André Le Nôtre d'aménager le parc, à Mansart et Le Brun d'aménager les lieux. On ne sera donc pas surpris par flashes de se croire transporté quelques kilomètres plus loin dans le parc de Versailles. D'ailleurs le roi ensoleillée viendra en 1677 "inaugurer" les lieux, et surtout constater que malgré tout, nulle ombre n'est faite à sa majesté. Aujourd'hui quand on parcourt les allées, on peut par endroit se croire revenu au 17ème siècle.
Mais revenons en 2017. Le parc de Sceaux est désormais propriété du Conseil Général des Hauts-de-Seine, ce qui le rend accessible à tous. Et son aménagement va aussi dans ce sens en proposant des activités pour des publics très variés.
On peut résumer facilement en disant que l'angle sud-ouest est dédié au sport. Le centre nautique de la Grenouillère fait le bonheur des gamins des environs quand les chaleurs s'installent (parfois!) sur la capitale. Non loin de là sont disponibles, une dizaine de courts de tennis, un terrain de rugby et deux terrains stabilisés.
Quant à l'angle sud-est, celui des grandes prairies plus ou moins vallonnées, c'est le coin des familles, des enfants, des groupes. Les gens y viennent jouer, pique-niquer, ou tout simplement se dorer au soleil quand la météo s'y prête. Ici on peut batifoler sans trop d'encombres. Les jeux de ballons y sont possible tout comme ceux de raquettes. En ce moment, une petite parcelle est laissée sauvage et occupée par un groupe moutons qui assurent une tonte régulière. Ils font aussi le plus grand plaisir des plus petits visiteurs. Une autre pelouse située en contrebas de l'Orangerie accueille le même genre de public.
Le reste du domaine est plus patrimonial. Mais pour le découvrir, revenons en arrière jusqu'à la grille sud, entrée dite de la préfecture par certains. Dès les premiers pas, encore sous l'ombre bienfaisante des allées arborées, on distingue d'emblée le long ruban aquatique que forme le Grand Canal, parfaitement ceint par des allées d'arbres. En y regardant de plus près, on en distingue deux, ce qui permet d'offrir des cheminements pour les visiteurs totalement à l'ombre. Nous sommes sur l'axe nord-sud qui structure le domaine.
Longeons donc le Grand Canal par la droite. C'est dans cette première portion qu'on peut parfois trouver pêcheurs ou modélistes navals. Plus loin, l'accès leur est interdit pour préserver la faune. On peut y apercevoir canards, cygnes et même, plus rarement, des oies. Quelques mouettes s'arrêtent parfois. Les berges s'ovalisent à l'approche du milieu de la pièce d'eau. Un second canal fait aussi son apparition. Barrant le chemin, il forme comme un immense T avec le Grand Canal. Pas de choix : aucune passerelle. C'est ainsi qu'on débouche rapidement sur l'Octogone, un grand bassin qui termine cette branche du canal. En son centre jaillit parfois un puissant jet. On commence enfin à découvrir quelques statues, dont deux groupes de cervidés qui semblent vouloir bondir dans l'eau, les autres étant des moulages d'antiques. Sur la gauche se révèle une merveille, enfin lorsqu'elles sont en eaux et qu'il n'y a aucun travaux. Un alignement de neuf cascades qui dévalent la pente à travers les bois pour venir alimenter le bassin de l'Octogone, le tout dans l'axe du château qu'on ne distingue toujours pas.
Les options sont variées pour continuer, soit en remontant le long des cascades, soit en coupant à mi-chemin en sous-bois ou encore en remontant dans l'axe du second bras de canal avant de bifurquer au nord sur la grande allée viabilisée. C'est sur ce genre de tronçons qu'on croise aussi des cyclistes qui n'ont droit de circuler que là. Par cet itinéraire, on profite pleinement de l'Orangerie, bâtiment tout en longueur, installé en retrait de la haie d'honneur qui conduit du centre-ville jusqu'à l'entrée principale du parc. Ici les arbres sont contraints par des tailles bien rectilignes, fini les parcelles sauvages. Sur une soixantaine de mètres, ce bâtiment tout en pierres de taille abrite diverses expositions.
De l'autre côté de l'allée d'Honneur persistent quelques bâtiments des écuries d'origine. Ici encore l'espace est consacré principalement aux expositions, si on exclut le restaurant installé côté parking. Non loin de là, dans l'angle nord-est du domaine, on découvre le pavillon de l'Aurore. Cet élégant pavillon de jardin d'architecture classique en pierres de taille est surmontée d'une coupole d'ardoise qui lui donne un certain cachet. Il sort de l'ordinaire dans un secteur presque sans arbre.
Retour au coeur du parc pour enfin admirer le château. Je reconnais qu'il y a là une énorme différence avec Versailles : l'édifice est tout petit comparé à l'immensité de son domaine. Il offre au regard une façade mêlant pierre de taille et brique, le tout recouvert par une toiture en ardoise, ce qui compose un agréable mélange de teintes. Il abrite le musée d'Ile de France. Mais surtout, derrière son belvédère se déploie la seconde perspective, l'axe ouest-est qui vient compléter celui du canal. Ici point d'eau. Mais le spectacle reste néanmoins magnifique avec sa série de jardins de broderies récemment restaurés pour leur redonner leur apparence du 18ème siècle, le tout bordé de topiaires en forme de cônes. Ainsi on rejoint par paliers la grande pelouse, baptisée plaine des quatre statues, qui servit à plusieurs reprises pour des concerts monstres dont celui de Johnny, et le célèbre concert où Madonna offrit sa petite culotte à qui vous savez !! Quoi que, les moins de vingt ans ...... Au loin, les connaisseurs distingueront dans l'exact alignement le parc de la Vallée aux Loups où se niche la maison de Chateaubriand.
C'est aussi le long de cette longue et large perspective qu'on peut admirer les plus belles des statues qui ont retrouvé tout leur éclat grâce à divers mécénats. Quelques dizaines de mètres au nord de la seconde terrasse, là où d'ailleurs se croisent les deux axes majeurs, derrière un nouveau bosquet arboré se cache le petit château qui accueillait les hôtes de Colbert. Un petit jardin apporte ses touches de couleur tandis que le bassin rectangulaire en contrebas étonne par son vert marqué. Viennent ensuite le bois de Pomone puis la plaine des Taureaux. Celle-ci présente une étonnante particularité : ce sont trois bassins qui occupent la clairière, sauf que seulement deux sont en eau, l'autre étant rempli de pelouse.
Tout au bout de la perspective, on rejoint la longue allée qui borde l'ouest du domaine et rejoint le parc sportif à l'ombre de grands platanes. En chemin on remarque la présence de deux parcelles boisées et clôturées, non pas pour les revitaliser mais pour accueillir les chiens. A mi-chemin on rejoint la dernière construction du parc, le pavillon de Hanovre. Contrairement aux autres, il n'est pas d'origine. Ou plutôt, il a été édifié dans Paris le long du Boulevard des Italiens et la façade a été transportée en 1930 à ce carrefour de trois allées majeures dont la plaine de Châtenay au centre, comme en miroir par rapport à l'Octogone. De part et d'autre, on ne soupçonne pas la présence des bosquets nord et sud. Même si votre cerveau vous dit le contraire, ils sont bien de forme carrée, la vue aérienne le confirme. Toujours est il que les plantations d'arbres fruitiers bas sur des pelouses grasses contrastent tout particulièrement avec les grands arbres qui les enserrent.
Mais revenons au pavillon semble aujourd'hui bien mal en point et son accès est désormais interdit. Sûrement en l'attente d'un généreux mécène pour lui redonner vie. Cette partie occidentale apparait la plus boisée et la plus épaisse. Malgré tout, il est une percée sauvage que je vous recommande. Au nord du pavillon, juste après la zone technique, il ne faut pas hésiter à s'engager sur l'herbe, une fois n'est pas coutume sans la moindre chemin marqué, en se laissant guider par les lisières qui semblent se resserrer tout en serpentant jusqu'à une clairière où se dressent un ensemble de statues, un groupe serré aux centre et quatre personnages écartés comme des guetteurs. Nous sommes là devant le mémorial de la Déportation des Hauts de Seine. Trois plaques à la base rappellent les noms des victimes, par commune, la quatrième étant un recueil de citations du Deutéronome. Cette clairière rayonne de paix et de calme, malgré l'aspect brut et couleur rouilles de ces témoins de pierre.
Marche arrière indispensable pour retrouver un chemin plus aménagé. Il ne reste qu'à boucler la boucle au niveau de la Grenouillère. A moins de pousser un peu plus long si une petite soif ou un petit creux survient. Il y en a effet deux kiosques prévus à cet effet : un près du château et l'autre à l'entrée principale sud. Un troisième près du pavillon de Hanovre semble laissé à l'abandon tandis que le quatrième sert de théâtre de Guignol à l'ouest du Grand Canal, non loin du bosquet Sud. Si les promenades au parc de Sceaux sont si agréables, qu'elles soient sportives ou bucoliques, c'est qu'on se retrouve dans un lieu tranquille, véritable poumon vert du sud-ouest parisien, parfaitement aménagé, variant les apparences, depuis le jardin le plus classique aux parcelles les plus sauvages, des larges allées en dur au plus petits sentiers en sous-bois. Assurément, le lieu d'au moins une visite, voir de plusieurs.