Une chapelle expiatoire qui m'intriguait depuis longtemps
Paris, 21 Avril 2018
Voilà bien longtemps que cette chapelle m'intriguait par son nom même: chapelle Expiatoire. J'avais fini par apprendre qu'elle devait son nom à sa destination: commémorer le régicide commis à l'égard du roi de France lors de la Révolution Française. Ainsi, flânant dans le 8ème arrondissement, je suis naturellement passé près de celle-ci en quittant l'église Saint-Augustin à deux cents mètres à peine.
Empruntant le boulevard Haussmann, on atteint rapidement le square Louis XVI coincé entre les rues d'Anjou et Pasquier. A travers la végétation, on distingue vaguement une construction au coeur du jardin. Il faut bifurquer dans la rue Pasquier pour trouver la grille d'accès. Face à nous se dresse un pavillon relativement imposant au fronton duquel est rappelé l'origine de l'édifice, sur la volonté du roi Louis XVIII. En 1814, celui-ci souhaita raviver la mémoire de la famille royale et fit transférer les dépouilles de son frère et de sa belle-soeur à la basilique royale de Saint-Denis. Puis, il fit construire une chapelle expiatoire à l'exact emplacement du cimetière de la Madeleine où furent ensevelis le roi et la reine après leur exécution en 1793. Ce lieu, par sa simple essence fut longtemps controversé et il faudra attendre 1914, quelques jours à peine avant le début de la Grande Guerre, pour qu'il soit classé monument historique.
Difficile jusque là de soupçonner l'apparence de cette chapelle expiatoire. Il faut pénétrer dans le vestibule qui dessert à la fois les galeries latérales et la cour intérieure. L'arc au sommet de chaque mur abrite les monogrammes du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette cerclés de guirlandes et de couronnes. Il faut faire un détour dans le galerie sur la droite pour s'affranchir d'un droit d'accès de 6 euros.
De la relative obscurité du vestibule, on se retrouve en pleine lumière au sommet de la volée de marches qui conduit jusqu'au jardin intérieur, aussi appelé Campo Santo. Deux rectangles de pelouse sont entourés d'allées gravillonnées. Le long de chaque galerie sont alignées une série de pierres tombales anonymes, seulement décorées de couronnes sculptées figurant tête de pavot et branches de cyprès et de chêne, et de guirlandes. L'arc surplombant chaque sépulture est dominé par un sablier ailé. Ces seize pierres symboliques perpétuent le souvenir des gardes suisses qui périrent lors de la prise des Tuileries par les révolutionnaires.
A l'opposé du vestibule s'élève la fameuse chapelle couverte d'un dôme aux couleurs vertes, flanquée de deux demi-coupoles faites du même métal. L'édifice en forme de croix grecque est précédé d'un portique à quatre colonnes qui lui donne une allure de temple antique. A l'intérieure, le visiteur est baigné par un large faisceau de lumière fourni par l'oculus percé au sommet de la coupole principale, rappelant le panthéon de Rome. Trois voûtes en cul-de-four flanque le bâtiment, servant de niches pour de superbes marbres figurant le monarque d'un côté et son épouse de l'autre côté, tandis que les deux piédestals en marbre noir sont gravés les testaments du Roi et de la Reine. En levant les yeux, on remarque que les caissons de la coupole principale diffèrent de ceux des voûtes secondaires: carrés pour les premiers octogonaux pour les seconds. Le tympan au-dessus de l'entrée figure la translation des ossements du roi vers la basilique de Saint-Denis.
Chaque chapelle latérale dissimule un escalier qui descend circulairement jusqu'à la crypte. Au milieu du couloir est aménagé une chapelle souterraine dans laquelle un autel de marbre noir au style de tombeau antique marque l'emplacement où fut exhumé le corps du souverain. Ce couloir transversal mène jusqu'à la galerie nord, largement ouverte sur le square par neuf travées d'arcades. Une série de panneaux rappelle toute l'histoire de ce lieu. Au débouché de la crypte, on notera la présence d'un confessionnal bien étroit dissimulé dans un placard. Tout près de là un édit de la Commune rappelle que les lieux ont failli être rasés à cette période trouble de notre histoire. La visite se termine à l'accueil qui fait aussi office de petite boutique.
L'austérité et le relatif silence en font un lieu parfaitement adapté au recueillement.