Pierrefonds, le château idéal de Viollet-le-Duc
Pierrefonds, 6 Mai 2018
Cela fait de longues années que je songeais à visiter un jour ce château "médiéval" situé au nord de Paris. Les photos vues ici et là en donnaient une image attrayante. Autant dire que sur le chemin du retour depuis Lille, il était facile de faire un "léger" détour à hauteur de Compiègne (une trentaine de kilomètres tout de même!) pour enfin combler ce manque.
Malgré son caractère imposant, on ne le voit pas en arrivant dans le village. En l'absence du moindre fléchage, j'en arrive à me tromper de chemin, m'éloigner du centre avant de distinguer dans mon rétroviseur une massive construction. Effectivement, si j'étais arrivé par ce côté-là, il était immanquable. Le dernier écueil consiste à trouver une place libre. Ce petit village semble très fréquenté en ce chaud dimanche de Mai. Heureusement, il y a suffisamment de places pour pouvoir se stationner assez près du château, et gratuitement s'il vous plaît!
L'édifice est encore plus impressionnant quand on met pied à terre non loin du promontoire qui lui sert de socle naturel. Les remparts et les grosses tours en imposent. Mais revenons sur l'histoire très particulière de Pierrefonds. Historiquement, la première occupation date du 12ème siècle mais sa véritable reconstruction date du 14ème siècle sous l'influence du duc Louis d'Orléans qui s'oppose au duc de Bourgogne pour obtenir le pouvoir royal. La situation de cette place forte lui permet de contrôler les échanges entre les Flandres et la Bourgogne. Mais au début du 17ème siècle, Louis XIII ordonne sa destruction pour éviter que des opposants ne puissent s'y réfugier. Les tours sont éventrées et le château en ruines s'endort pendant plusieurs siècles. Il faudra attendre Napoléon III et la seconde moitié du 19ème siècle pour faire revivre ce lieu. Si le projet initial était d'en faire une résidence impériale, projet finalement abandonné, Viollet-le-Duc va petit à petit évoluer d'une simple reconstruction à une restauration de ce qu'aurait dû être un château médiéval. Ce faisant, le Pierrefonds contemporain représente la vision idéalisée d'une version moyen-âgeuse de l'architecte plus que d'une fidèle reproduction. Ceci explique cette impression de grandiloquence et de perfection quand on approche et qu'on découvre les lieux.
Avant de pénétrer au coeur de la construction, il faut quasiment en faire le tour. L'accès depuis le village monte en pente douce au pied des murailles à l'ombre des arbres plantées dans les anciennes douves. Chemin faisant, on énumère tout à tour les huit tours qui jalonnent les fortifications. En levant les yeux, on pourra constater que chacune abrite à mi-hauteur la statue d'un preux chevalier qui a aussi donné son à chacune d'elles, certains d'origine antique comme Jules César, Alexandre le Grand et Hector, d'autres d'origine biblique comme David, Josué et Judas Macchabée, d'autres encore d'origine médiévale comme Charlemagne, Godefroy de Bouillon et le roi Arthur. Sur le mur sud-ouest, on devine ce qui pourrait être les impacts d'un bombardement.
Après avoir franchi les fortifications avancées, on atteint enfin une première porte qui ouvre sur la terrasse. Quelques pas encore pour franchir le pont-levis.On abord alors la cour intérieure. La boutique-billetterie se niche sur la gauche dans la première pièce de la galerie. On peut désormais embrasser du regard les styles variés de cette cour mêlant Moyen-Âge et Renaissance. Les salles d'apparat se succèdent derrière la galerie, l'aile des officiers nous fait face, tandis que le donjon carré s'élève sur la droite.
Le parcours de visite commence dans l'aile des officiers, d'abord au rez-de-chaussée où une exposition rappelle la longue histoire de Pierrefonds avant de se poursuivre au premier étage avec une impressionnante collection d'éléments de couverture et de couronnement. Le circuit traverse ensuite la chapelle avant de rejoindre les salles du logis seigneurial. On se rend compte que contrairement à de nombreux châteaux médiévaux, celui-ci a aussi été restauré dans ces intérieurs, au moins en terme de décoration, le mobilier restant succinct. L'entrée dans la salle des Preuses, probablement le joyau des lieux, donne un sentiment inattendu : la pièce est généreusement nimbée de lumière qui met en valeur toute la richesse et le volume de cette pièce qui servait à rendre la justice.
L'escalier de la tour Nord permet de rejoindre la cour voir même de descendre jusque dans les caves où est installée une collection de reproductions de gisants issus de Versailles. Exposés dans une semi-pénombre, certains sont mis en valeur par quelques lumières douces et colorées ce qui donne une ambiance assez étrange associée à la fraîcheur certaine des souterrains.
Voici qui met un point final à cette semaine de découverte des Hauts-de-France.