Valloires, étonnante abbaye
Valloires, 4 Mai 2018
En route vers Arras après une très agréable promenade dans le parc du Marquenterre, j'avais noté une halte possible dans le village de Valloires où était indiqué la présence d'une abbaye.
En patientant dans la cour en attendant l'heure de la visite obligatoirement guidée, j'ai vite compris qu'il n'y avait aucune ressemblance avec les abbayes telles qu'on a l'habitude de les voir. Et pourtant celle-ci est d'obédience cistercienne. Sa construction date de 1138, mais les affres du temps et des diverses guerres ont fait qu'elle a été totalement reconstruite dans la première moitié du 18ème siècle. L'autre particularité de celle-ci est qu'elle est toujours occupée, non pas par une congrégation religieuse mais par les enfants d'une association de protection et d'aide à l'enfance. Il y a même quelques chambres d'hôtes. Tout ceci justifie la nécessité d'un guide pour la visite.
La cour est ceinte par les communs qui forme un U percé en son centre par une arche d'entrée. L'extrémité sur la gauche se termine par une tour ronde, l'ancien pigeonnier. C'est là que commence réellement la visite. On pénètre dans l'édifice par la façade sud-est. Le rez de chaussée y abrite la salle capitulaire, particulièrement austère, tout à fait dans la tradition de Saint-Benoît. Les galeries du cloître permet de rejoindre le bureau du père abbé entièrement plaqué de bois sculpté, une entorse au devoir d'austérité. On y a placé une photo de la plus récente propriétaire des lieux, celle qui lui a donné sa vocation actuelle, Thérèse Papillon, infirmière de guerre pendant le premier conflit mondial. Elle transforma l'abbaye en préventorium. Retour dans le cloitre baigné d'une chaude lumière bienvenue. La luminosité est encore renforcée par le revêtement des murs entièrement chaulés, voûtes comprises. Ce choix remonte à la période de la guerre pour améliorer l'hygiène lorsque les lieux servaient d'hôpital militaire. Seule un portion de plafond a été grattée pour monter la voûte d'origine en briques.
Quelques marches conduisent à la sacristie décorée de la même manière que le bureau de l'abbé, en plus d'un parquet qui ne dépareillerait pas à Versailles. Puis c'est la visite de l'église, richement décorée. Parmi les particularités on citera le décor au-dessus de l'autel réalisé en papier mâché pour plus de légèreté, mais à l'apparence minérale depuis le sol, mais aussi les ferronneries des grilles du choeur et de la suspension façon palmier à l'aplomb de l'autel. LA chapelle à l'arrière du choeur abrite la sépulture de madame Papillon, dont on découvre toutes les titres (ne manque que celui de Juste de Yad Vashem décerné très récemment), ainsi qu'une étonnante morille fixée au plafond. Celle-ci témoigne de la légende qui a initié la construction de cette abbaye.. En quittant la nef, on passe sous les orgues impressionnants pour un église de cette taille. A l'extérieur, on découvre une façade austère de style néo-classique. La fin de la visite nous ramène vers le pigeonnier. En passant, on apprend que cet arbre collé à la façade est un poirier de plus de deux cents ans qui produit encore des fruits. De l'autre côté, on aperçoit une partie des jardins de Valloires qui peuvent se visiter par ailleurs, autrefois les jardins potagers de l'abbaye.
Valloires