L'île la plus délaissée de la baie de Naples

Publié le par Jérôme Voyageur

Procida, quartier Sent'Co

Naples, 1 Juin 2018

... et pourtant Procida mérite largement le détour. Mais bien sûr, quand on parle des îles autour de Naples, l'immense majorité ne voient que Capri, la plus grande et la plus escarpée, mais aussi la plus (trop?) touristique. Très peu pour moi. Dans l'ordre décroissant en terme de taille vient ensuite Ischia, au large de Pouzzoles. Un peu trop escarpé. Tout compte fait ce sera la troisième : plus petite, moins escarpée, et surtout la plus délaissée de toute, ce qui lui permet de garder ses traditions. Parfaite pour une exploration d'une journée sans moyen de locomotion. Ce sera donc Procida, située entre Ischia et la côte.

Toutes les compagnies publiant leurs horaires en ligne, il est assez simple de préparer son escapade à l'avance, histoire d'identifier les départs les plus adaptés et donc la compagnie la plus appropriée. Mon choix s'est finalement porté sur la Caremar qui propose plus de rotations, et permet d'éviter d'attendre la fin de journée pour rentrer. Ceci fait, il suffit de se présenter au moins une demi heure avant le départ sur le môle Beverello, juste au pied du Castel Nuovo, et à côté de la gare maritime. D'ailleurs, il y a de grande chance que vous aperceviez au passage quelques monstres de mers: ces immenses paquebots de croisière qui font escale à Naples. Ce matin, c'était le Symphony of the Seas, tout simplement le plus grand du monde, lancé il y a peine deux mois de Saint-Nazaire (cocorico!!). A côté les navires pour les îles ressemblent presque à des jouets.

Castel Nuovo et le portCastel Nuovo et le portCastel Nuovo et le port

Castel Nuovo et le port

L'avantage de la Caremar est indéniable: très peu de passagers semblent la choisir. Il n'y a donc aucune attente au guichet, contrairement à celui de la Snav qui semblent aimanter tout le monde. Muni des billets aller et retour (un peu plus d'une trentaine d'euros), il ne reste qu'à atteindre au bord du quai. Si la plupart des bateaux sont de forme classique, Caremar utilise des hydro-foils qui ont l'avantage de réduire le temps de traverser et, me semble-t-il, une meilleure stabilité pour les gens comme moi qui n'apprécient que moyennement les mouvements en mer. Comptez une quarantaine de minutes pour faire la traversée. Si je ne me trompe pas, ce sont principalement des autochtones qui sont à bord, rares sont les touristes.

On débarque tout au nord de l'île dans le quartier de Sent'cò. Une petite marina accueille les voiliers de passages, mais c'est tout de suite le cadre qui m'enchante. Les maisons sont nichées à flanc de falaise et arborent de colorées façades, seulement dans tes tons pastels. Une église, édifiée tout près du quai, complète le tableau. Après quelques minutes passées jusqu'à la marina, je comprends vite qu'il faut progresser plus avant, ou plutôt devrais je dire plus haut. Je comprends rapidement pourquoi il y a ici autant de vélos électriques en plus des incontournables scooters. Les rues ne sont quasiment jamais plates. Direction les hauteurs.

rocida, quartier de Sent'Corocida, quartier de Sent'Corocida, quartier de Sent'Co
rocida, quartier de Sent'Corocida, quartier de Sent'Corocida, quartier de Sent'Co

rocida, quartier de Sent'Co

Je fais une première pause près de l'église Santa Maria delle Grazie Incoronata. Avec sa livrée jaune pâle, elle donne l'apparence d'un phare ... "spirituel" qui veille sur les environs et tout particulièrement sur le quartier de Corricella en contrebas, le village des pêcheurs. Mais ce sera pour plus tard. Je continue mon ascension sur quelques centaines de mètres jusqu'à un belvédère doté d'antiques canons. En arrière-plan, les bâtiments ressemblent à une ancienne prison abandonnée. La pointe voisine accueille la chapelle Santa Margherita Nuova. son architecture ne présente aucun intérêt. En revanche, son cadre est parfait. Ce promontoire naturel offre un panorama parfait sur le sud de l'île et sur la Terra Murata qui domine l'île.
 

L'île la plus délaissée de la baie de NaplesL'île la plus délaissée de la baie de NaplesL'île la plus délaissée de la baie de Naples
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Passé sous l'arche de ce premier bâtiment, je longe ensuite de hauts murs qui doivent correspondre aux anciennes fortifications du bourg de la Terra Murata, posé à seulement 90 mètres d’altitude. J'ai pourtant l'impression d'avoir beaucoup plus grimpé. Me voici enfin au coeur de ce qui ressemble à un tout petit village. Ici aussi on peut apercevoir quelques façades colorées mais aussi des architectures traditionnelles. L'abbaye Saint Michel Archange veille sur point culminant de Procida. En quittant le bourg, je jette un oeil derrière les grilles rongées par la rouille qui bloque l'accès à un ancien palais bourbon transformé lui aussi en prison avant d'être laissé totalement à l'abandon.Seuls les chats et les herbes folles y traînent encore.

Procida, Terra MurataProcida, Terra MurataProcida, Terra Murata
Procida, Terra MurataProcida, Terra MurataProcida, Terra Murata
Procida, Terra MurataProcida, Terra MurataProcida, Terra Murata

Procida, Terra Murata

Il ne me reste qu'à rebrousser chemin jusqu'à l'église. Ensuite, la rue se rétrécit en ruelle avant de finir en simple escalier pour rejoindre le quai de Corricella. Des tas de filets rappellent que j'arrive dans le quartier des pêcheurs. Néanmoins, leur apparence me laisse penser qu'ils n'ont pas servi depuis des lustres. Toutes proportions gardées, on pourrait presque se croire à Santorin avec toutes ces couleurs sur les murs. Lové au fond d'une crique, surplombé par les falaises abruptes de la Terra Murata, Corricella offre un visage de carte postale. On pourrait même compléter le tableau avec les petits bateaux ancrés devant le quai. Autre preuve que Procida reste préservée du tourisme de masse, on ne trouve que quelques bars et à peine plus de restaurants au bord de l'eau. Mais quel plaisir de siroter une boisson rafraichissante bien à l'ombre des parasols tout en profitant de la vue sur la mer. Il y a pire comme programme.

Procida, quartier de CorricellaProcida, quartier de CorricellaProcida, quartier de Corricella
Procida, quartier de CorricellaProcida, quartier de CorricellaProcida, quartier de Corricella
Procida, quartier de CorricellaProcida, quartier de CorricellaProcida, quartier de Corricella

Procida, quartier de Corricella

Procida, quartier de CorricellaProcida, quartier de CorricellaProcida, quartier de Corricella

Procida, quartier de Corricella

Après le repas, il serait dommage de repartir vers le port sans avoir profité d'une plage. Pas franchement satisfait par l'option près du port, je préfère tenter celle de Chiaia, presque voisine. Malheureusement, la crique de Corricella est fermée par une barre rocheuse. Il faut donc remonter sur les hauteurs et parcourir quelques centaines de mètres, l'occasion d'apercevoir quelques sympathiques villas. C'est ensuite un long escalier qui descend jusqu'à une assez petite langue de sable, de couleur plutôt sombre, origine volcanique oblige. Malgré la faible profondeur, la baignade est la bienvenue sous ce chaud soleil. Quel dommage qu'il faille ensuite remonter pour retourner au port. Tous les bienfaits du rafraichissement perdus en quelques minutes. Depuis la rue des "crêtes", il ne reste qu'à redescendre en pente douce jusqu'au quartier de Sent'Co en recherchant l'ombre tandis que les grands pavés noirs diffusent allègrement la chaleur emmagasinée.

De retour au port, je découvre une absence totale d'organisation. Il valait mieux déjà avoir son billet en poche. Pas la moindre information sur les bateaux à l'arrivée ou au départ. Il ne reste que la montre comme référence: quand on connait la ponctualité napolitaine, c'est plutôt aléatoire. A tel point que quand débarque un gros ferry de la Caremar, j'ai de gros doutes. Notre bateau finit par se présenter à l'heure. Je passe tout le voyage de retour à l'arrière, le nez au vent, profitant du spectacle de la baie de Naples qui défile sous mes yeux, essayant de reconnaître tel ou tel lieu.

Dans le porte de temple le géant de mers est toujours là. Je me trouve encore plus microscopique. Avant de rentrer à l'hôtel, je refais un tour au Castel Nuovo nimbé de chaudes couleurs avec ce soleil plombant.

ProcidaProcidaProcida
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Procida

Publié dans Carnet de voyage, Europe, Italie

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