San Gaudioso, demeure éternelle de la haute société napolitaine
Naples, 30 Mai 2018
En quittant le musée archéologique national, je décidais de pousser un peu plus loin dans le quartier pour essayer de trouver les catacombes de San Gaudioso. En s'éloignant du centre historique, j'ai rapidement le sentiment de me trouver dans la vie quotidienne des napolitains: plus le moindre touriste à l'horizon. Je finis par apercevoir les coupoles de l'église de la Sanita. A un détail près, et non des moindres. Elle est en contrebas du pont qui se présente devant moi. Difficile de manquer sa grande coupole recouverte de majoliques vertes et jaunes. Aucune rue dans les environs immédiats ne semble pouvoir conduire en base. Alors que je fais demi tour, totalement dépité d'avoir fait ce chemin pour rien sous le cagnard, j'aperçois complètement par hasard une guérite au milieu du pont: il s'y niche la cabine d'un ascenseur public qui permet justement de rejoindre le coeur du quartier de la Sanita, autrefois plutôt mal famé, mais dont certains habitants cherchent à relever. C'est en particulier le cas de l'association de jeunes qui gère les visites des catacombes, en espérant ainsi développer le tourisme dans le quartier et redorer son image.
Là encore, vérifiant les horaires dans mon guide, je manque de tourner les talons, pensant être arrivé trop tard. Allez savoir pourquoi, je rentre tout de même dans la basilique Santa Maria della Sanita. Bien m'en a pris: la dernière visite part dans une dizaine de minutes. Sauvé par le gong. Une fois muni de mon billet, je profite de l'attente pour jeter un coup d'oeil à l'église. Sa décoration générale est assez simple, une alternance de blanc et de gris qui permet de conserver la luminosité apportée par les nombreuses coupoles. Mon attention se porte surtout sur la crypte qui forme une sorte de vaste chapelle semi-enterrée.
Il est temps de rejoindre la guide anglophone pour découvrir les catacombes de San Gaudioso creusées sous la basilique. On y descend via un court mais étroit escalier creusé à proximité de la crypte. L'humidité se ressent assez rapidement dans cet endroit chichement éclairé. Ce lieu de repos éternel s'adressait uniquement aux gens de la haute société. Dans la vile comme dans la mort, on ne mélange pas les classes ...
On découvre très vite ce qui fut la tombe de Saint Gaudiose qui a donné son nom aux lieux. De part et d'autre du couloir s'ouvre des cavités où étaient déposés les ossements. D'étranges petites niches creusées dans les parois attirent notre attention. La guide nous explique que les cadavres étaient placés là en position foetale jusqu'à décomposition des chairs. Ensuite seulement, les ossements étaient transférés. Les crânes avaient droit à un traitement assez particulier. Il suffit pour cela de s'approcher des parois. Si les corps sont peints, et parfois accompagnés de quelques inscriptions qui permettent de les identifier, le trou à hauteur de la tête n'est ni plus ni moins qu'un reste de crâne. Une pratique un peu bizarre toute de même. Au fond de la galerie principale, à la lueur d'une lampe torche, on découvre une fresque qui date du cinq ou sixième siècle. Malheureusement, comme la plupart des fresques dans ces catacombes, l'importante humidité ambiante les dégrade régulièrement. La seule qui semble résister est l'image de Sainte Catherine de Sienne. Il faudrait y voir un signe divin selon notre guide.
De retour à la surface, nous descendons dans la crypte où nous apercevons à la fois l'ancien accès aux catacombes, ainsi que les trois trappes qui permettaient de descendre les dépouilles à l'issue des funérailles.
Catacombes San Gaudioso
Catacombes San Gaudioso