A la découverte du premier des ministères
Paris, 15 Septembre 2018
Voilà plus de dix ans que je n'avais pas participé aux Journées du Patrimoine, désormais Européennes. Et encore plus longtemps depuis ma visite du palais de l'Elysée. Il manquait dans ma "collection" le deuxième lieu majeur du pouvoir exécutif, la résidence du Premier Ministre, l'hôtel de Matignon.
Ce lieu d'exception est situé en plein quartier des ministères dans le septième arrondissement, au 57 de la rue de Varenne. En ce jour particulier, il est assez facile de le trouver: il suffit de repérer les forces de l'ordre dépêchées en masse pour assurer une sécurité maximale, vigipirate oblige. Ce sont pas moins de trois cordons de sécurité qui barrent chaque extrémité de la rue, chacun assurant un filtrage de plus en plus fin. Il ne fait pas bon être riverain ce week-end là. Rajoutons un chien détecteur d'explosifs ainsi qu'une patrouille de gardes républicains lourdement armés, quelques agents en civil équipés d'armes à la ceinture et un tireur sur la terrasse en face de l'hôtel. Autant dire qu'on se sent en sécurité pour attendre. En comptant le quart d'heure d'attente avec que les portes ouvrent et l'écoulement de la file, il ne m'a fallu qu'une quarantaine de minutes pour enfin franchir le seuil. Autant dire que je suis plutôt très agréablement surpris. Je craignais plusieurs heures d'attente comme pour le palais présidentiel.
Encore un contrôle d'identité, un passage au scanner des sacs et un passage au portique des visiteurs, je peux enfin faire mes premiers pas dans la cour d'honneur, pavée et assez sobre. Sur la gauche, le haut du mur est gravé avec tous les articles de la déclaration universelle des droits de l'homme de 1789, un rappel permanent de ce qui fait notre république.
Cour d'honneur de l'hôtel de Matignon
Quelques marches conduisent au vestibule situé au centre du corps principal. On traverse rapidement la salle à manger transformée en bureau pour rejoindre le grand escalier, quasi entièrement paré de marbre peint sur toutes les parois. Un lustre empire éclaire l'ensemble. Du palier intermédiaire on dispose d'une intéressante vue sur la grande cour en contrebas.
A l'étage, je pénètre dans l'antichambre, passage incontournable pour attendre d'être reçu par le premier ministre. Aujourd'hui, il n'est pas là! Un mobilier de style empire, recouvert de velours vert, encadre une superbe table recouverte de marbres variées, façon marqueterie. L'antre du ministre révèle ses passions et origines : un LH sur divers objets rappelant sa ville du Havre, un sabre de marine et un pompon rouge rappelant la carrière de son père dans la marine, et surtout les nombreux rappels à sa passion pour la boxe (affiches, livres, photos, ...), assurément l'apparence d'un bureau dans son jus. La baie vitrée offre une bien belle vue sur les jardins à l'arrière du bâtiment.
Retour dans l'escalier pour rejoindre la vaste salle du conseil, qui rappelle vaguement le salon Murat, où se tient traditionnellement le conseil des ministres à l'Elysée. Il sert pour les comités interministériels. Tout autour de la pièce, on peut deviner des scènes des fables de La Fontaine, gravées dans des médaillons blancs. Une grande tapisserie des Gobelins évoquant l'histoire de Don Quichotte veille sur la pièce. Là encore la vue sur les jardins apporte une touche bucolique. S'ensuivent trois salons colorés, le jaune, le bleu et le rouge, des teintes principales du mobilier et/ou des tentures.
Le jaune arbore de belles soieries chatoyantes. Initialement chambre de parade pour les princesses de Monaco qui résidèrent ici entre 1723 et 1808 et dont le père et aïeul, Jacques de Matignon, donna son nom à l'édifice, il fut aussi et surtout le bureau d'illustres personnages dont Léon Blum, Robert Schuman ou encore Pierre Mendès-France.
Le bleu sert pour recevoir les diplomates étrangers. Le mobilier est d'origine Louis XV.
Quant au rouge, ancienne salle du trône des princes de Monaco, il sert de salle de réception tout en desservant un lei stratégique et indispensable à la bonne marche de l'état, le secrétariat Général du Gouvernement, qui ne fait pas partie de la visite.
Intérieurs de l'hôtel de Matignon
Intérieurs de l'hôtel de Matignon
Le salon rouge permet de rejoindre la terrasse. La façade arrière présente le même aspect que celle de la cour d'honneur, à un détail près : les deux perrons ne sont pas du tout dans le même axe. Sur la droite a été édifiée une gloriette dont la niche centrale est occupée par un antique, en provenance du parc de Marly. Je peux alors rejoindre en quelques marches les fameux jardins. La pelouse est impeccable, pas le moindre défaut. Des bosquets sont répartis de part et d'autre, laissant une perspective ouverte depuis la terrasse. Chacun est ceint d'un parterre fleuri.
Dans ce parc, il est de tradition que chaque "locataire" des lieux plante un arbre. On peut ainsi voir ici et là des petits panneaux fichés dans les pelouses et les mêmes sanglés sur les troncs, rappelant l'identité du ministre, la date de la plantation et la nature de l'arbre planté. Le dernier tiers du parc est plus "strict" <, à la française, avec ses deux allées bordées d'alignements de tilleuls encadrant un tapis vert. Petit à petit, je rejoins la sortie dans la rue de Babylone.
parc de l'hôtel de Matignon
parc de l'hôtel de Matignon