La maison du ruban rouge
Paris, 15 Septembre 2018
Après une pause repas bienvenue, toujours dans le septième arrondissement, je reprends mon parcours du patrimoine juste en face du musée d'Orsay. Si beaucoup identifient très bien ce musée installé dans une gare, plus rares sont ceux qui connaissent l'édifice installé de l'autre côté du parvis. Quelques ont sûrement repéré une rotonde coiffée d'une coupole vert-de-gris en naviguant sur la Seine.
Ici se trouve la chancellerie de la Légion d'Honneur installée dans l'hôtel de Salm. Si celui fut édifié une dizaine d'années avant la Révolution Française, il fut racheté dès 1804 par le premier chancelier de l'ordre, Lacépède, pour y établir l’administration du prestigieux ordre voulu par Napoléon.
On y accède par la rue de Lille, en passant sous un petit arc de triomphe qui ouvre l'accès vers la cour intérieure. Contrairement aux hôtels particuliers totalement refermés sur eux-mêmes, la façade côté rue est constituée d'une colonnade antique qui laisse passer la lumière et le regard. Bien heureusement des grilles en fer forgé limitent le passage. Nous sommes accueillis par des jeunes filles de la maison d'instruction de Saint-Denis qui dépend de l'ordre. Elles sont réparties sur tout le parcours de la visite pour aider ou répondre aux questions.
La cour d'honneur décline le même style gréco-romain avec une seconde colonnade sur tout le pourtour. Quant à l'accès à la chancellerie, il ressemble à celui d'un temple antique, façon portique. La devise de l'ordre y est frappé en lettres d'or : "Honneur et Patrie". Un petit carré de verdure planté de topiaires et de rosiers rouges apporte néanmoins une touche de couleur.
Dans l'aile ouest, le parcours traverse des espaces "administratifs" dont la salle du conseil de l'ordre (c'est ici qu'on délibère sur les dossiers des futurs récipiendaires) et le bureau du grand chancelier. La décoration y est majoritairement composée de boiseries qui ne laissent que peu de place à quelques tentures murales.
Retour dehors pour poursuivre la visite à travers le jardin côté fleuve. Une haute paroi de verre protège du quai tout en offrant une vue complète sur la ville. Je contourne ainsi la rotonde avant d'entrer à nouveau dans le bâtiment, dans une partie qui semble plutôt destinée aux réception et à l'apparat. L'ambiance est immédiatement plus luxueuse, d'abord un salon de style Empire, puis la salle à manger où est dressée une belle table à la française. Mais le clou de l'hôtel vient juste après. La rotonde présente un décoration digne des palais les plus prestigieux jusqu'à la voûte peinte. Douze profils y prennent place pour illustrer l'universalité de l'ordre: j'y découvre de célèbres noms tels Lapérouse ou Parmentier. La dernière pièce rend hommage aux différents grands chanceliers. Deux vitrines y présentent les différents insignes des deux ordres gérés, par la chancellerie, à savoir celui de la Légion d'Honneur, mais aussi celui de l'ordre national du mérite voulu par le général de Gaulle pour honorer les civils.
Là se termine la découverte de la chancellerie. Mais pas la visite. L'aile ouest abrite le musée de la Légion d'Honneur et des ordres de chevalerie. Sur trois niveaux, on peut y découvrir des décorations du monde entier, obsolètes ou toujours actives, très connues ou complètement nouvelles pour le tout un chacun. Il serait fastidieux de tout décrire. Pour les passionnés, il ne faut surtout pas hésiter à tirer les tiroirs sous les vitrines. Ils renferment de nombreuses autres pièces que le musée n'a pas pu présenté dans les volumes d'exposition principaux. Mais certaines pièces sont assez majeures pour être citées, telle cette décoration du général Eisenhower, ce bâton de maréchal que je voyais en vrai pour la première fois, ces brouillons du chant des partisans de la main même de Joseph Kessel ou encore cette cuirasse et ce casque de parade de Napoléon.