Un musée national de l'archéologie bien décevant
Saint-Germain-en-Laye, Septembre 2018
Voilà bien longtemps que je songeais aller faire un tour au château de Saint-Germain-en-Laye qui abrite le musée d'archéologie nationale au coeur du domaine national de Saint-Germain, un établissement voulu par Napoléon III. C'est le Secrets d'Histoire diffusé sur France 2 qui l'a rappelé à mon bon souvenir. C'était en effet la résidence des Valois où naquit entre autres la reine Margot.
En ce dimanche matin baigné de soleil, je me suis enfin décidé à rejoindre l'ouest de Paris en voiture, le RER aurait été bien trop compliqué bien qu'il s'arrête aux pieds du château. Il se révèle assez facile de trouver une place de stationnement gratuite en dehors de parkings souterrains. Direction le parvis. La première impression est plutôt engageante. L'édifice a déjà été bien restaurée, même si la chapelle a disparu sous un entrelacs métallique d'échafaudages bien peu esthétiques. Qui plus est son environnement a été préservé. Le château n'est pas noyé dans le centre-ville mais bénéficie d'alentours dégagés.
Direction le porche d'entrée pour une fouille de sécurité bien sommaire voir carrément inexistante. La billetterie se trouve un peu plus loin dans la coursive, à l'intérieur de la boutique. Muni d'un ticket, on peut poursuivre jusqu'à l'escalier qui conduit au premier étage où se trouvent les premières salles d'exposition. Les deux volées de marches sont couvertes de voûtes en briques rouges sur fines croisées d'ogives. Une belle réussite architecturale et décorative.
Sur la droite s'ouvre la collection préhistorique, allant du paléolithique au l'âge de fer, en passant par le mésolithique, le néolithique et l'âge du bronze. Bizarrement, la progression n'est pas naturelle. Il faut traverser les quatre salles consécutives pour pour faire une visite chronologique. Une ergonomie de visite bien surprenante et pas du tout naturelle. Les vitrines laissent elles aussi une impression mitigée. La muséographie est largement dépassée. Certaines ne disposent même pas de numérotation des objets. Autant dire qu'il faut deviner à quoi correspondent les notices. Heureusement, on peut admirer de bien jolies pièces, tels ces silex dont l'imposant biface dit "feuille de laurier", des propulseurs finement gravés, de superbes harpons, et bien sûr les incontournables vénus, la plus connues étant celle à la capuche ou vénus de Brassempouy. Toute petite mais si connue. J'ai parfois l'impression de replonger dans un livre d'histoire des années collège. Un peu plus loin, j'apprécie les beaux objets en or tout autant que les multiples pièces en fer de toutes natures.
Après le palier s'ouvre la collection gauloise. Les collections se font plus rares. Il faut profiter de l'accès sur la terrasse pour profiter de la vue sur la cour intérieure. C'est la seule depuis les étages. Parvenu à l'extrémité de la dernière salle, je découvre ahuri que l'escalier redescend vers la sortie. Il me faut donc rebrousser chemin jusqu'au premier escalier pour pouvoir rejoindre le deuxième étage. Encore une fois, la progression de la visite est totalement erratique. Nouvelle déconvenue sur le palier du deuxième étage : toutes les salles sur la gauche théoriquement consacrées à la Gaule sont fermées. Saut dans le temps pour rejoindre la gaulé mérovingienne et le premier Moyen-Age. La dernière salle, dite salle de Mars, ancienne salle de bal de François Ier, consacrée à l'archéologie comparée vaut tout autant pour les objets exposés venant de toute la planète que pour la pièce elle-même, haute et dotée d'une monumentale cheminée en briques rouges.
J'ai tout de même peine à croire que le musée abrite la plus grande collection archéologique d'Europe car la beauté et l'importance des pièces exposées laissent néanmoins un sentiment de trop peu, surtout quand on pense à la richesse de notre pays dans ce domaine.
Comme précédemment, il faut rebrousser chemin à la fin de la visite pour rejoindre le premier étage, puis traverser à nouveau la collection gauloise pour retrouver le dernier escalier qui conduit jusque dans la cour. Là encore je constate une superbe restauration à tous les niveaux. Seule la chapelle reste inaccessible mais je peux tout de même profiter des grands vitraux qui donnent sur la cour.
Pour la petite histoire, c'est à Louis VI le Gros qu'on doit la construction du premier château. Saint-Louis y fit édifier la Sainte-Chapelle. Et c'est à François Ier qu'on doit sa reconstruction dans le style Renaissance qu'on lui connait encore aujourd'hui. Les rois Henri II, Charles IX et Louis XIV y naquirent tandis que Louis XIII y expira. Il sera abandonné au 17ème siècle au profit de Versailles.
Après cette visite intérieure, je me dirige vers la grille du domaine national. En ce dimanche matin, les visiteurs sont nombreux, principalement des sportifs et quelques familles. Avant de rejoindre la petite terrasse, j'en profite pour faire de nouveaux clichés du château sous d'autres angles.
Je découvre aussi un pavillon dit d'Henri IV qui a vu naître celui qui allait devenir le roi Soleil. En tournant la tête vers l'est, je découvre un large panorama sur la Seine, les villes voisines, le quartier de la Défense qui marque l'entrée de la capitale, et la Tour Eiffel qui dépasse derrière le Mont Valérien. En longeant les balustrades, je suis surpris de découvrir un petit carré de vigne au pied des murs. Parvenu aux prémices de la grande terrasse, en fait une longue allée, je bifurque sur la gauche pour revenir vers la perspective devant le château. Encore une déconvenue. C'est bien terne. Même le aprc de Sceaux est bien plus éloquent.