Marrakech la rouge, me revoilà
Toulouse, 21 Décembre 2018
En ce premier jour de l'hiver, la météo est bien fraîche en ce vendredi matin. Direction l'aéroport pour rejoindre à terme un peu de chaleur. Étonnamment, il n'y a presque personne sur la route. Du coup, nous arrivons à Blagnac à l'heure où nous pensions quitter la maison. La navette arrive juste en même temps que nous ce qui nous évite de patienter au froid. L'aérogare nous permet de nous réchauffer : nous commençons par le traverser quasiment de bout en bout pour rejoindre l'enregistrement, avant de refaire le même chemin pour revenir au contrôle de sécurité. Par chance, nous n'avons même pas besoin de patienter pour déposer nos bagages. Le contrôle dure un peu plus à cause du changement d'équipe. L'immigration est une formalité: les agents sont très détendus. Il ne reste désormais qu'à attendre l'équipage vu que l'avion est déjà là.
Malgré tout, nous embarquons au dernier moment avant de décoller avec quelques dizaines de minutes de retard. Les Pyrénées qui se voyaient si bien depuis le sol se retrouvent vite prises sous les nuages au moment où nous les survolons. Dès le repas terminé, nous nous écroulons l'un après l'autre pour une courte sieste. Quand nous réouvrons les yeux, ce sont les crêtes de l'Atlas qui apparaissent. Le contraste est assez amusant : sommets enneigés mais sol bien sec juste sous notre appareil. Finalement, nous atterrissons à l'heure prévue sur l'aéroport de Marrakech-Ménara. Le passage de l'immigration est ici aussi rapide vu le nombre de guichets ouverts. Et nos bagages sont déjà livrés quant nous arrivons au tapis. Il faut finalement plus de temps pour changer de l'argent et faire la queue au contrôle des bagages par la douane. Malgré tout, nous ne trouvons pas notre chauffeur en arrivant sur le parvis où la chaleur et le soleil sont bienvenus. Son éclaireur débarque au bout d'une dizaine de minutes. C'est la prière du vendredi, il va avoir un peu de retard ce qui nous laisse le temps de prendre un petit bain de sommeil. Il finit par arriver, charge tant bien que mal tous nos bagages dans sa grosse Mercedes (il faut néanmoins un tendeur pour tenir le coffre!!) et nous conduit vers la ville tout en papotant avec nous. Il nous amène même jusqu'à la porte du riad par des ruelles que nous n'aurions jamais essayées.
15 heures, nous voici enfin arrivés à destination. Pour l'instant, seule la femme de ménage est là et termine son travail. Nous commençons à nous installer et à repérer les lieux. Nous devrions être bien là. Mohammed, le gérant local, arrive une grosse demi heure plus tard pour nous donner toutes les informations nécessaires. Nous repartons vers seize heures pour faire quelques courses dans le quartier pour le petit déjeuner de demain. Une fois débarrassés des sacs, nous nous dirigeons vers la place. Avec les indications de notre hôte, cela se révèle assez simple. Les premières rues sont presque désertes, sûrement parce que c'est vendredi. Mais nous devinons que Jemaa El Fna se rapproche à mesure que la foule se densifie. L'endroit n'a pas vraiment changé en seize ans. Les petits restaurateurs ambulants sont déjà installés, tout comme les charmeurs de serpents, les gnaouas, les montreurs de singes et les tatoueuse au henné, tout ce qui fait le charme et la particularité de cet endroit. Nous poursuivons jusqu'à la Koutoubia parée de chaudes couleurs avec ce soleil qui commence à décliner. Vers dix-sept heures, je propose de monter à la terrasse de l'Argana, un incontournable pour profiter de cette ambiance, je suis finalement le seul à choisir la boisson locale, le thé à la menthe. Après un petit tour dans le souk voisin, la faim venant pour certaines, nous montons au Chegrouni que j'avais conservé dans ma mémoire comme une table plutôt sympa. En bordure de la place, le restaurant est plus calme et pas trop fréquenté. Les tajines y sont toujours aussi bons.
Le retour se fait sans encombre : le chemin est finalement assez simple à retenir. Nous avons même l'agréable surprise de trouver de la lumière tout le long. Arrivés au riad, je découvre que ma douche n'a que de l'eau froide. Je la prendrai dans la chambre voisine. Quant à la cuisine, elle n'a ni casserole ni allumette. On improvisera pour le premier petit-déjeuner.
Marrakech, Samedi 22 Décembre
Grâce aux bouchons d'oreille et à une efficace couverture, la nuit a été bonne. Presque neuf heures de sommeil! Nous émergeons lentement, un peu saisis la fraîcheur matinale. Le soleil ne se lève que vers huit et encore il dépasse à peine des crêtes de l'Atlas tout proche. Il faut encore attendre une bonne heure avant qu'il commence à réchauffer un peu, et encore, seulement sur la terrasse. Nous démarrons vers dix heures.
En guide auto-désigné, je propose un tour de la Médina, qui reste tout de même l'incontournable de Marrakech. Une fois revenu sur la place, nous nous enfonçons par Bab Fteuh et ses caravansérails (des foundouks). Je retrouve quelques repères lointains. Maman et Carine affolent déjà le porte-monnaie. Nous alternons flânerie au hasard, et progression à peu près maitrisée, allant de souk en souk, chacun ayant sa spécialité. En ce début de matinée, nous nous confrontons aussi à une circulation permanent de scooters. Il semblerait qu'ils assurent les livraisons au coeur de la Médina. Un peu par hasard, nous tombons sur le Jardin Secret que nous avait indiqué Mohammed. A vrai dire, nous pensions aller vers les tanneurs dans la direction opposée. Ce riad restauré il y a deux ans pour en faire un musée est un véritable havre de paix et de calme. Les deux cours ont été reconstituées avec des jardins et des canalisations qui amènent l'eau au quatre coins de la propriété. Des tortues prennent le soleil dans un des bassins tandis que les hommes en font de même dans les allées ou encore sur la terrasse.
A la sortie, nous continuons à nous fâcher avec le plan. Pensant avancer vers la porte de Bab Doukaala, nous finissons par avoir l'impression de revenir vers la place après quelques ruelles déroutantes. Du coup, en apercevant la Fnaque Berbère, nous décidons d'y faire halte pour prendre le déjeuner sur la dernière terrasse. Il y fait bon à l'ombre et la vue panoramique est plutôt sympa. après une bonne pause, nous demandons des explications pour essayer de rejoindre la fameuse porte. Peine perdue! Même si globalement nous nous en sommes rapprochés, je comprends en apercevant le centre artisanal que nous l'avons bien loupé. Nous allons juste marcher un peu plus. Mais cette fois, nous avons de bon repères. Il suffit de suivre les remparts par l'extérieur. C'est un peu plus bruyant avec la circulation mais moins aléatoire. Ainsi, nous finissons par afin atteindre Bab Doukaala avant de continuer sur l'avenue voisine. Les panneaux indiquant l'autre joyau de la ville apparaissent. Nous sommes à l'angle du jardin Majorelle, mais son entrée est encore à quelques centaines de mètres.
J'ai l'impression que la végétation s'est densifiée depuis ma dernière visite. Nous débouchons dans une épaisse forêt de bambous. Mais apparait tout de suite le petit kiosque et son canal. Premier contact avec le fameux Bleu Majorelle. Nous déambulons ainsi comme coupés de la ville, tant les bruits sont étouffés. Les plantations sont souvent à base de cactus et agaves de toutes sortes. Après le bassin aux vases colorés (et aux carpes Koi), nous pénétrons dans un espace qui n'était pas visitable à l'époque. Et pour cause, il abrite la maison d'Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé. Les carrés de jardins se multiplient. C'est une explosion de formes, de couleurs. L'ensemble a vraiment été pensé avec goût. Ici le buis a été remplacé par des pieds d'agrumes pour constituer des haies autour des fontaines. Une allée de cyprès mène jusque devant leur ancienne maison. De retour dans la première section du jardin, nous dénichons le mémorial, une simple colonne antique sur un socle où figurent leurs deux noms. Plus loin apparait un autre bloc bleu, désormais dédié à un musée berbère. De jolis bassins tous différents l'encadre. Ici un carré d'eau turquoise cerné de cactus candélabres, là un rectangle d'eau sombre pour poissons rouges au-dessus duquel pendent une multitude de fines lianes végétales. A l'arrière de l'édifice, un café permet de faire une pause bienvenue. Surtout qu'il faut ensuite refaire le même chemin en sens inverse.
De retour à la porte, nous franchissons le rempart pour revenir par l'intérieur des murs. Assez facilement, nous revenons au centre artisanal, qui se révèle être une caverne aux trésors, bien mieux aménagée que dans mon souvenir. Étonnamment, certains articles se révèlent être moins chers que dans le souks. Alors qu'il est un peu tôt pour le dîner, nous nous avançons jusqu'au jardin de la Koutoubia. Faute de banc, nous trouvons un muret pour nous poser. Dernière immersion dans la foule pour rejoindre la place par une rue que j'imaginais plus directe. Arrivés sur Jemaa El Fna, nous avons la nette impression qu'il y a plus de monde qu'hier. Et pourtant les restaurants sont loin d'être complets. Nous sommes les seuls sur la première terrasse des Prémices. Un bon compromis pour la vue sans avoir le brouhaha. Malgré tout, il faut bien affronter la foule pour rejoindre notre riad. Le premier kilomètre est bien dense. Cela part dans tous les sens, y compris des deux roues au milieu de la cohue. Ca fait du bien quand ça s'arrête et qu'on arrive à faire trois pas dans une direction qu'on a choisi.