Terres du Mékong (2), autour du plateau des Bolovens

Publié le par Jérôme Voyageur

chez les forgerons

Dimanche 18 Novembre, Pakse

 

Malgré ce réveil extrêmement matinal, je manque de rater l’heure. Mon téléphone est configuré pour ne pas sonner le week-end. Quelle idée ! Résultat, je me lève à peine trente minutes avant le départ, autant dire que la toilette et le petit-déjeuner sont expédiés.

Ce matin, nous partons vers le plateau des Bolovens pour une boucle de plus de deux cents kilomètres. Assez vite dans la montée, nous apercevons de nombreux étals de part et d’autre de la route. Nous sommes dans le coin des forgerons qui produisent toutes sortes de lames, de toutes tailles depuis les outils des champs jusqu’aux sabres. Nous faisons halte près de l’un deux pour le regarder travailler. Par la même occasion, nous découvrons la structure des maisons traditionnelles : intégralement en bois et perchées sur pilotis afin d’éviter l’humidité. En nous éloignant de la ville, nous traversons de plus en plus de villages. Le paysage est de plus en plus vert : la végétation prend de plus en plus de place, alternativement sauvage ou cultivée. Nous apercevons ainsi les premières plantations d’hévéas.

Après une heure et demie de progression sous un temps très couvert donnant lieu à quelques pluies, nous faisons halte à la cascade Pha Suam. Il faut d’abord franchir un pont à pied pour l’approcher et la voir dans son intégralité. Si la chute est peu impressionnante, moins d’une dizaine de mètres, la cascade présente néanmoins une forme originale en fer à cheval, les parois étant constituées de colonnes basaltiques, témoignage d’un lointain passé volcanique. La végétation aux alentours est luxuriante : les bambous semblent s’y développer à merveille. De retour de l’autre côté de la rivière, nous sommes interpellés par les vendeuses d’amandes grillées.

cascade Pha Suamcascade Pha Suam
cascade Pha Suamcascade Pha Suam

cascade Pha Suam

Nous poursuivons notre route à travers les nombreuses plantations : ici du manioc, là des bananiers ou encore des manguiers voir même quelques papayers. Au cœur du plateau, nous rentrons dans le domaine des minorités ethniques. Nous mettons pied à terre devant le village de Ban Khiang Tadsoung de l’ethnie Ngae. La modernité gagnant inéluctablement du terrain, les maisons traditionnelles se font de plus en plus rares. Par chance, nous en découvrons une bâtie uniquement en bambou et en toit de palmes. Mais pour la plupart, elles ont laissé place au bois et à la tôle. En progressant, nous débouchons dans un vaste espace libre et circulaire. Au centre s’élève la maison commune, en fait, une plateforme surélevée et couverte de feuillages séchés. De fines frises sont peintes sur les flancs. A une des extrémités est planté un poteau qui sert à attacher les buffles voués aux sacrifices. Tout près de là, un gros tube de bambou dont l’extrémité est évasée pour former une sorte de panier, sert à recueillir certains morceaux après la cérémonie. Certains crânes sont ensuite fixés comme des trophées sur les poutres de la maison. Les habitations, toutes sur pilotis, se répartissent en cercle tout autour de cet édifice « sacré ». Les animaux se promènent librement, souvent des cochons de tous âges, et de nombreux chiens, tous petits. Par endroits, on aperçoit des tâches rouges : des piments en train de sécher.

Nous poursuivons à pied entre champs et rizières, actuellement sèches, jusqu’au village suivant. Elles servent de pâture pour quelques vaches et leurs veaux. Traînant en arrière avec Alain pour faire des photos de cette campagne Boloven, nous finissons par perdre la trace du guide au cœur d’une bananeraie. Nous décidons de rester là jusqu’au retour du guide. Désormais, nous essayons de le garder à portée de vue autant que possible, ce qui n’est pas chose aisée avec une végétation plutôt dense et imposante. Nous finissons par rejoindre le village de Ban Khiang Tanglae structuré de la même manière que le premier. En contrebas de celui-ci coule une rivière qui semble concentrer l’essentiel de l’animation. C’est l’heure du bain et de la lessive. De jolis jardinets sont plantés à même le rivage. Le chemin sur la berge nous conduit jusqu’à la cascade Tadlo bien plus large que haute mais tout de même plaisante à admirer malgré la grisaille toujours tenace. Un étonnant pour ne pas dire inquiétant petit pont de bois traverse le cours en amont de la chute. Nous n’essayons même pas d’y poser la moindre semelle. Nous lui préférons les plateformes en contrebas, juste devant le restaurant. De là, on embrasse l’ensemble du site. C’est là que nous faisons la pause déjeuner. Les touristes sont rares. Nous avons presque une sensation d’exclusivité.

villages Ngae de Ban Khiang Tadsoung et Ban Khiang Tanglae
villages Ngae de Ban Khiang Tadsoung et Ban Khiang Tanglae
villages Ngae de Ban Khiang Tadsoung et Ban Khiang Tanglae
villages Ngae de Ban Khiang Tadsoung et Ban Khiang Tanglae
villages Ngae de Ban Khiang Tadsoung et Ban Khiang Tanglae
villages Ngae de Ban Khiang Tadsoung et Ban Khiang Tanglae
villages Ngae de Ban Khiang Tadsoung et Ban Khiang Tanglae
villages Ngae de Ban Khiang Tadsoung et Ban Khiang Tanglae
villages Ngae de Ban Khiang Tadsoung et Ban Khiang Tanglae
villages Ngae de Ban Khiang Tadsoung et Ban Khiang Tanglae

villages Ngae de Ban Khiang Tadsoung et Ban Khiang Tanglae

cascade Tadlocascade Tadlocascade Tadlo
cascade Tadlocascade Tadlocascade Tadlo

cascade Tadlo

En tout début d’après-midi, nous faisons halte non loin de Thateng où se tient un marché aux fruits et légumes. Nombre de vendeuses utilisent d’imposantes pipes à eau en bambou en attendant les clientes, y compris une jeune mère qui allaite son nouveau-né par la même occasion. Une dizaine de kilomètres plus loin, nous nous promenons dans un village Alak. Il est organisé comme ceux des Ngae. En revanche, la maison commune est beaucoup plus décorée. De mini fresques sont peintes sur les parois, figurant des scènes du quotidien. Les deux piliers de l’entrée sont sculptés pour représenter un homme et une femme. Nous continuons notre tour sur le plateau jusqu’à passer son point culminant à 1280 mètres avant de redescendre lentement vers la ville. En chemin, nous faisons halte dans une des plantations de café qui font la réputation de la région. Cette culture a été implantée là au dix-neuvième siècle par les colons français. Deux siècles plus tard, il faut reconnaître qu’ils ont bien fait ; il est succulent. Après la dégustation, nous faisons une petite ballade à travers l’exploitation. Les branches sont couvertes de dizaines de baies, dont certaines commencent déjà à prendre des teintes rouges. Malgré l’humidité, nous parvenons tout de même à humer le parfum des fleurs de café qui ressemble étrangement au jasmin. Près de la route, nous longeons aussi un carré de thé avant de rejoindre l’entrée de la propriété. Tout autour, des panonceaux sont fichés dans le sol pour préciser de quels arbres il s’agit.

village Alak et plantation de cafévillage Alak et plantation de café
village Alak et plantation de cafévillage Alak et plantation de café

village Alak et plantation de café

La dernière étape de notre boucle nous conduit aux chutes de Tade Fane. Elles sont les plus hautes du pays. Deux fines gerbes d’eau se jettent sur plus d’une centaine de mètres de haut dans un gouffre circulaire largement couvert de verdure. Avec l’atmosphère toujours aussi humide, un épais nuage de brume s’élève sur la gauche du trou : on s’attendrait presque à entendre le cri des gorilles. Il est possible de faire le tour du site en tyrolienne en cinq tronçons mais visiblement aucun des rares visiteurs ne semble décidé.

Cascade Tade FaneCascade Tade Fane
Cascade Tade FaneCascade Tade Fane

Cascade Tade Fane

Après cette dernière visite, nous reprenons la route jusqu’à Pakse. En sortant de la ville, nous hallucinons en voyant un troupeau de buffles bloquer temporairement la quatre voies juste après le pont sur le Mékong. Est-ce que le chef du troupeau a pris un ticket au péage juste avant ? Mystère ! Nous continuons vers le sud jusqu’aux abords de Champassak où nous faisons halte pour la nuit au River Resort. L’établissement est de grande classe pour le peu que nous pouvons voir alors que la nuit est déjà tombée à 17h30. Après un jus de citronnelle et une serviette rafraichissante en guise d’accueil, nous rejoignons à travers un décor de rizières nos chambres installées en surplomb du Mékong. Le cadre est superbe. Même de nuit, je ne résiste pas longtemps à l’appel de la piscine installée entre notre bungalow et le bar-restaurant. Sa couleur turquoise est irrésistible, et que dire de la vue sur les eaux sombres du fleuve. Suite à sa baignade réconfortante, j’opte pour une douche, mais en terrasse … Il est alors temps de rejoindre le bar pour une première bière locale, la Beer Lao, qui me laisse le temps d’observer les dizaines de geckos qui trainent sur les murs mais aussi sur les piliers et même jusqu’aux lustres. Certains sont vraiment énormes. J’ai hâte d’être à demain pour découvrir ce cadre idyllique en plein jour.

Piscine du River Resort

Piscine du River Resort

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V
Le plateau des Bolovens est une destination célèbre pour une beauté avec des plantes et de magnifiques chutes d’eau. C'est un endroit idéal pour faire le trekking et des randonnées au Laos. Il y a également plusieurs villages qui abritent des ethnies telles que les Katu, réputé pour leur savoir-faire en matière de tissage. Il est d’ailleurs possible de séjourner dans un village Katu en homestay.
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J
Vous allez arrêter de faire votre pub sur mon blog?