Terres du Mékong (13), immersion dans le Ta Prom et ses environs

Publié le par Jérôme Voyageur

Ta Prom

Jeudi 29 Novembre 2018, Siem Reap

 

Encore une fois, je me réveille largement plus tôt que nécessaire. Nous ne nous mettons en route que vers huit heures en direction du Ta Prom, un monastère datant du douzième siècle. C’est la construction qu’on peut voir dans les films, les plus connus étant Tomb Raider et les Deux Frères. Il ne nous faut qu’un quart d’heure pour le rejoindre par sa porte Est. L’approche se fait dans une végétation plutôt épaisse. En fait, le Ta Prom a été conservé quasiment dans son état de découverte du début du vingtième siècle. Contrairement aux autres, il pourrait presque passer inaperçu dès qu’on s’en éloigne. Ce choix de conservation est tel que, désormais, même les grosses racines des arbres qui ont envahi les lieux sont protégées. Le sol a aussi été recouvert de plancher en bois qui on le même objectif. On pourrait presque parler de symbiose entre le minéral et le végétal. Assurément, c’est un lieu unique en son genre, à essayer de découvrir avec le minimum de visiteurs possible, c’est-à-dire le plus matinalement possible.

Nous abordons les lieux par une construction un peu désordonnée et largement recouverte de mousse. Quelques reliquats de sculptures laissent imaginer qu’un grand garuda veillait sur les lieux. Une fois franchie la première construction, nous découvrons un pavement plutôt déformé, sûrement l’œuvre des racines. Plus loin, derrière l’enceinte suivante, nous apercevons les troncs massifs et tourmentés des fromagers qui font partie du tableau, au même titre que les pierres. Les différentes ouvertures sont flanquées de sculptures de personnages en relief bien marqué. Néanmoins, j’ai l’impression de voir là les représentations telles qu’elles ont été retrouvées sans la moindre tentative de restauration. Une fois franchie cette nouvelle série de murs, nous commençons à apercevoir quelques-unes des trente neuf tours du site. La plupart ont souffert du temps mais nous les reconnaissons encore assez bien. Sur ma gauche, je découvre comment ce fromager a englobé la construction, ressemblant presque à une cascade pétrifiée dévalant depuis le toit de la galerie. Tout le monde cherche à se faire prendre en photo devant. Dans un coin de cette enceinte, nous apercevons les traces d’un ancien bassin. Sa forme est encore reconnaissable ainsi que les quelques marches qui y descendaient. En revanche, la végétation a largement repris ces droits : il y a même quelques arbres qui poussent au milieu. Les couloirs aménagés dans chaque enceinte témoignent d’une histoire chaotique. Beaucoup de blocs gisent encore au sol en tous sens. Cela cadre avec la volonté générale de garder le site dans son jus sans pour autant cesser les recherches archéologiques. Nous avons d’ailleurs l’occasion d’apercevoir une équipe travailler, limite bruyamment.

De nouvelles racines géantes se présentent, offrant un véritable écrin à de belles sculptures. Quant aux troncs juste au-dessus, ils feraient presque de la concurrence aux tours de pierres voisines. Par endroits, c’est littéralement une paroi « végétale » qui dissimule presque entièrement la construction. Cela a quelque chose de magique, d’irréel. Un peu plus loin, Sok fait à nouveau preuve de son talent en nous invitant à nous agenouiller dans une galerie et à porter notre regard vers la petite cour mitoyenne. Et là, dans un orifice laissé libre par un nouvel arbre envahissant apparait un visage minéral. Nous semblons être les seuls à profiter de ce spectacle. Les autres visiteurs défilent dans notre dos sans même s’arrêter. Tant pis pour eux ! A l’intérieur d’une tour près du cœur du monastère, nous parvenons à observer quelques petites chauves-souris dans le faisceau de ma frontale. Nous découvrons aussi comment la structure est allégée pour permette à ces constructions de résister sans s’écrouler sous l’effet de leur poids. Là, un figuier étrangleur a depuis longtemps attaqué une porte, ici c’est un énorme fromager qui a pris ses quartiers sur une galerie. Au hasard d’une énième frise sculptée, Sok nous indique une étonnante représentation. Parmi les différents animaux et personnages, nous découvrons l’image minérale d’un dinosaure. Son origine reste mystérieuse. De temps en temps, dans l’encadrement d’une ancienne porte surgit fugacement une tache de couleur. C’est un moine qui passe prestement paré de sa toge colorée.

Entre les deux derniers murs, nous découvrons une cour bien plus nette que les précédentes. Ici, il semblerait que la restauration soit allé jusqu’au bout. Une terrasse surélevée en grès sert de cheminement vers la sortie. Contrairement à la majorité qui file plein ouest, nous quittons le site vers le nord. Il ne s’agit plus que d’un chemin sablonneux et plutôt étroit qui avance à travers la jungle. Très rapidement nous n’entendons plus que les bruits de la nature. Il faut aussi prendre garde à ne pas déranger les fourmis qui traversent, surtout avec des sandales aux pieds. Même les plus insignifiantes sont mordantes. Soudain, au milieu de cet océan de verdure surgit une porte surmontée des quatre visages emblématiques d’Angkor. Je pensais que ces structures n’existaient qu’au Bayon. Je me trompais ! Nous restons là un bon moment à en profiter sous tous les angles. Ici se termine plus d’une heure et demie d’immersion dans un temple à nul autre pareil. Nous longeons un moment l’enceinte extérieure avant de bifurquer à nouveau le long de ce qu’il reste de la digue d’un ancien bassin asséché désormais totalement envahi par une végétation très dense. Sans surprise, après plusieurs centaines de mètres sous les arbres, nous retrouvons inévitablement notre chauffeur au bout du chemin.

Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures
Le Ta Prom sous toutes ses coutures

Le Ta Prom sous toutes ses coutures

Ta Prom encore et toujours
Ta Prom encore et toujours
Ta Prom encore et toujours
Ta Prom encore et toujours
Ta Prom encore et toujours
Ta Prom encore et toujours
Ta Prom encore et toujours
Ta Prom encore et toujours
Ta Prom encore et toujours
Ta Prom encore et toujours
Ta Prom encore et toujours
Ta Prom encore et toujours
Ta Prom encore et toujours
Ta Prom encore et toujours
Ta Prom encore et toujours

Ta Prom encore et toujours

Le trajet est de très courte durée. Il nous dépose cinq minutes plus tard au temple Takeo pour une simple pause photos. Sa visite n’est pas prévue. Ce « petit » temple-montagne est assez classiquement surmonté de cinq tours posées sur la dernière plateforme. Ses travaux n’ont jamais été terminés, ce qui explique pourquoi nous n’apercevons que peu de sculptures. Malgré tout, la toile de ciel azur en arrière-plan et l’écrin de verdure offre un charmant cadre pour cet édifice fait de grès et de latérite.

Temple TakeoTemple TakeoTemple Takeo

Temple Takeo

Un nouveau saut de puce, que nous aurions presque pu faire à pied, nous conduit, un virage plus loin, au pont dit Spean Thma. Si le premier pont vu entre Kampong Thom et Siem Reap était majestueux, celui-ci présente des dimensions bien plus restreintes avec environ une dizaine d’arches identifiables. Qui plus est, les figuiers étrangleurs ont largement pris place sur l’ancienne construction, bouleversant quelque peu l’organisation d’origine. Du bord de la route, on peut avoir l’impression d’un simple tas de pierres en vrac, mais en descendant près de la structure, je reconnais les mêmes arches étroites. La rivière Siem Reap coule désormais un peu plus loin de là ce qui laisse ce pont définitivement à sec.

Pont Spean Thma
Pont Spean ThmaPont Spean ThmaPont Spean Thma
Pont Spean ThmaPont Spean ThmaPont Spean Thma

Pont Spean Thma

De retour sur la route, nous continuons à pied de l’autre côté du bitume où nous dénichons derrière le mur végétal une nouvelle allée bordée de bornes sculptées qui nous rappelle encore une fois la première, vue au Laos, à Vat Phou. Au bout du tunnel de verdure, nous distinguons le temple vishnouite de Chausey Tevoda. En approchant, nous commençons à deviner une plateforme de faible hauteur. Elle précède en fait une chaussée en grès, surélevée, en forme de croix, qui mène jusqu’à la première construction. Divers morceaux de nagas sont visibles au bout de la branche nord : malgré l’usure avancée de la plupart, leur forme si caractéristique les rend aisément reconnaissables. Nous franchissons ensuite le gopura oriental pour pénétrer à proprement parler dans le temple. En réalité, l’enceinte ayant disparu, ces édifices ne servent de portes que pour le plaisir. Le visiteur peut désormais accéder comme il veut au cœur du complexe. Une seule tour, partiellement étêtée, domine les lieux. Elle a été élevée au-dessus du petit sanctuaire central. Au trois autres points cardinaux, nous pouvons observer d’autres gopuras plutôt bien conservés tandis que deux bibliothèques carrées complètent l’ensemble. Par chance, les visiteurs sont assez peu nombreux mais, malgré tout, aussi envahissant devant les constructions. Patience, encore et toujours patience !

Temple Chausey TevodaTemple Chausey TevodaTemple Chausey Tevoda
Temple Chausey TevodaTemple Chausey Tevoda
Temple Chausey TevodaTemple Chausey TevodaTemple Chausey Tevoda

Temple Chausey Tevoda

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V
J'aime beaucoup Ta Prohm avec ses racines géantes. C'est très bizarre. J'étais vraiment impressionné par ce temple cambodgien. C'est magique. On ne peut pas ignorer ce temple lors de notre voyage au Cambodge.
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J
Et donc? Encore un commentaire banal d'une agence de voyage qui essaie de racoler ......
C
Temple de Ta Prohm - le temple des racines géantes est l'un des endroits où j'ai été le plus impressionné lors de mon voyage au Cambodge. Je suis allé à Ta Prohm lors de mon voyage au Cambodge en 2017. La première fois que j'ai découvert les racines géantes de Ta Prohm, c'était sur une émission, mais ce n'est que lorsque nous avons mis le pied à cette destination et avons vu les racines de nos propres yeux, je ressens vraiment la magnificence de la nature. Si Angkor Wat est un témoignage de la force et du talent de l'ancien peuple de l’éthnie Khmer, Ta Prohm nous fait réfléchir le pouvoir éternel et magique de la nature.
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