Dans les pas des Cathares (9)
1 Mai 2019
Direction plein nord à travers les Corbières pour me rapprocher de Narbonne près de laquelle se trouve une abbaye réputée dans les régions dont j'ai vu les panneaux signalétiques le long de l'autoroute pendant de nombreuses années sans jamais faire un détour. Aujourd'hui, il est temps de mettre fin à cette ignorance. A travers les nombreuses vignes, je finis par rejoindre un long et vaste parking particulièrement fréquenté, encore qu'on ne soit pas encore en pleine saison. Quel contraste avec toutes mes visites depuis Carcassonne où les visiteurs se comptaient la plupart du temps en une dizaine tout au plus.
Vu l'heure avancée et l'absence du moindre restaurant sur la route en cette journée du 1er Mai, je me hâte d'aller étudier la carte du restaurant à peine mon billet en poche. Même s'il ne reste qu'une table au soleil, tant pis. La nourriture est y raffinée ce qui compense un peu la lenteur du service au moins sur la terrasse. Le cadre est sympathique dans cet ancien corps de ferme de l'abbaye tout en pierres.
Une fois le ventre plein, je me lance dans la visite du site. Après avoir passé en revue une plantation d’herbes aromatiques, je rejoins à proprement parler l'ensemble abbatiale. Un vaste cour parée de ferronneries accueille le visiteur. Sur la droite, on peut voir un bâtiment annexe, malheureusement fermée à cette période, qui servait de chapelle pour les étrangers, comprendre les non-religieux. La visite commence par la grande salle du réfectoire des Convers, entièrement voûtée et dotée de grilles en fer forgé du meilleur goût. On peut juste regretter que les tables et rampes d'éclairage qui gâchent un peu mais il faut bien que le site vive, en autres avec l'organisation d'évènementiels.
Quelques marches conduisent jusqu'à une immense cour seulement dite de travail. Dans bien d'endroits, on parlerait plutôt de cour d'honneur. Ici ce qualificatif est réservé à la cour d'accueil! Sol en gravier ocre jaune, buis en pots, carré de lavandes et quelques petits arbres forment un agréable décor. De là, un large couloir baptisé ruelle des Convers permet de rejoindre le cloître. Malgré sa taille réduite, il offre un spectacle intéressant : pieds de glycines qui apportent de belles touches de couleur,voûtes sur croisées d'ogives et tympans percés de grands oculis qui éclairent judicieusement les couloirs. Au passage, on remarque deux bassins creusés dans le muret qui servaient à la cérémonie du lavement des pieds.
L'église abbatiale présente un aspect plus qu'austère et sombre. D'ailleurs, les vitraux plutôt colorés contrastent avec l'idéal d'austérité des cisterciens, ordre auquel Fontfroide était rattachée. Ceci s'explique par leur origine datant seulement du vingtième siècle. De retour dans le cloître, on passe devant la salle capitulaire qui, contrairement aux habitudes est ouverte vers le cloitre par trois arcs romans.
La visite se poursuit à l'étage où une coursive permet de surplomber le cloître. On ne peut néanmoins pas l'approcher de près. A l'identique du réfectoire, on traverse une nouvelle longue salle voûtée qui accueillait le dortoir des Convers. Aujourd'hui, elle ne fait plus que le tiers de sa longueur d'origine. Direction le rez-de-chaussée pour un dernière grande salle, elle-aussi voûtée, qui servait de cellier. Ici se termine le parcours intérieur. A l'arrière de l'abbaye, on rejoint la roseraie qui sera certainement plus belle au moment de la floraison. Aujourd'hui, il faut se contenter de ce premier plan verdoyant sur fond de nef et de clocher. Ici se pose la question de la suite. Les moins motivés pourront se contenter de terminer par un des deux circuits dans les jardins au départ de la roseraie.
Pour ma part, je vous recommande largement de privilégier le sentier de la Croix, celle qu'on distingue où qu'on soit dans l'abbaye. Le chemin est certes un peu escarpé et caillouteux mais la récompense au sommet mérite quelques efforts pendant un gros quart d'heure. En effet, au sommet, on bénéficie d'une vue unique sur l'ensemble du complexe abbatial, sur fond de vignes avec la plaine des Corbières en arrière-plan.