Retour en terre bavaroise (3)
Munich, 27 Mai 2019
Pour commencer cette première journée complète, je rejoins le Deutsches Museum à quelques centaines de mètres à peine de mon hôtel. Je suis si près que j'arrive même quelques minutes trop tôt. ici comme dans pas mal d'autres monuments de la ville, les rénovations vont bon train : les caisses sont installées dans un container déposé dans la cour principale. L'austère édifice occupe une grande partie de l'île à laquelle il a donné son nom. Comme souvent dans ce genre de musées, les visiteurs sont en majorité des groupes d'écoliers ou de collégiens, bien plus prompts à courir et piailler plutôt que d'apprendre. Même en en essayant de les éviter, je recroise régulièrement leur chemin.
L'établissement détiendrait le titre officieux de plus grand musée des sciences et techniques au monde. Rien que ça! Je dois reconnaitre que de nombreux thèmes sont abordés; pour autant, les collections présentées ne sont pas tout le temps extrêmement développées. Il faut néanmoins sept niveaux (certes pas tous aussi vastes) pour héberger des domaines aussi divers que les mines, l'électricité, la navigation, l'ADN jusqu'à l'astronomie dans les derniers niveaux (en tout une cinquantaine de thématiques). Le petit plan est presque indispensable pour dénicher certaines salles isolées. Deux bâtiments complètent le site principale, le Verkehrzentrum en ville pour la collection d'automobiles et l'ancien aérodrome de Schleissheim pour l'essentiel de la collection d'avions.
En commençant par le sous-sol où sont reconstitués diverses sortes de mines de toutes les époques et de tous les styles, j'ai d'abord eu une bonne impression en voyant les explications en allemand, anglais et français, du moins le titre. Malheureusement, les traductions sont souvent faites mot à mot ce qui donne des résultats incompréhensibles. Mais surtout, cette velléité ne résiste pas à la montée dans les étages. Même l'anglais n'est pas tout le temps présent. C'est vraiment dommage pour un établissement avec une telle renommée, accueillant de nombreux touristes, de ne pas faire plus d'effort. Souvent, il est difficile de comprendre le sens de telle ou telle expérience. Tout n'est pas que visuel.
Ceux qui envisagent de passer du temps dans chaque département peuvent largement prévoir une journée complète à la visite, tant il y a de choses à voir. Et à faire : pédagogiquement parlant, la muséographie est assez bien pensée avec ces nombreuses expériences mises à disposition du public pour mieux comprendre des concepts scientifiques plus abstraits. Moi, au bout de quelques heures, j'avais besoin de m'aérer, quand bien même je suis fan de sciences. Une cafétéria vous évite de perdre du temps à chercher un restaurant, d'autant plus qu'il n'y en a pas beaucoup dans cette partie de la ville.
Après une matinée complète consacrée au musée, je me dirige vers l'hypercentre en traversant rapidement le Viktualienmarkt. C'est en passant le long de la Peterskirche, datant du treizième siècle, que je découvre que c'est un des points les élevés de la vieille ville. Pour quelques euros à peine, je n'hésite pas longtemps. Il ne semble pas y avoir trop de monde. C'est une chance car les escaliers sont plutôt étroits et n'autorisent parfois même pas de se croiser. Etant donné qu'il y a quatorze étages à gravir, il vaut mieux y aller doucement pour pouvoir en profiter au sommet. Une étroite coursive bordée d'une grille métallique fait le tour du clocher permettant ainsi d'avoir un panorama à 360° sur le centre, ainsi qu'une vue plongeante sur la Marienplatz toute proche. Prenez garde en passant la porte de bien tourner dans le bon sens sous peine de rapidement coincer tout le monde. Comme souvent, certains n'en font qu'à leur tête et ne trouvent rien de mieux que se planter en travers du passage pour faire des selfies qui tirent en longueur bloquant ainsi tous les autres. C'est peut-être pour ne pas les passer par dessus la rambarde que les grilles ont été mises en place. Quoi qu'il en soit, le point de vue est vraiment exceptionnel : tous les principaux édifices défilent sous mes yeux, depuis la Frauenkirche jusqu'au marché, en passant par les deux hôtels de ville.
Une fois le tour effectué, je laisse la place aux suivants et entreprends la descente par le même chemin. J'ai même la chance d'atteindre le plancher des vaches sans avoir croisé quiconque.
Après une rapide visite de la nef, je rejoins la Marienplatz distante de quelques dizaines de mètres à peine. A toute heure de la journée, il y a effervescence. Tous les touristes semblent s'y concentrer. Je reconnais que la longue façade du nouvel hôtel de ville a de quoi occuper le regard pendant un bon moment. Sa tour de l'horloge abrite un carillon avec des figurines colorées. Elles ne s'animent qu'à 11h et 17h, autant dire qu'il vous faudra viser juste pour les voir. Sur la droite, c'est le plus discret ancien hôtel de ville qui forme une sorte de porte pour accéder sur la place. Son apparence actuelle ne laisse pas imaginer ses sept cent ans d'existence.
Je poursuis ma flânerie à quelques centaines de mètres jusqu'à la cathédrale, plus connue sous le nom de Frauenkirche. Son profil est incontournable avec ses deux hautes tours couvertes d'un bulbe vert. En revanche, il est impossible d'apprécier toute sa taille tant elle est engoncée dans le quartier. Tout juste si on arrive à faire une photo de sa façade. Son style gothique tardif s'appuie sur une construction en briques rouges, ce qu'on voit rarement pour des édifices religieux aussi imposants. Son intérieur m'étonne par sa sobriété si on excepte l'imposant cénotaphe de Louis IV de Bavière installé à l'entrée.
La ballade dans la zone piétonnière se termine à la Karlsplatz plus connue sous le nom de Stachus. Sa porte, la Karlstor, Cette autre porte est assez quelconque. Rien à voir avec la Sendlinger Tor plus au sud, la dernière des trois portes de la ville historique, construite en briques rouges et largement couverte de végétation.
Pour poursuivre ma découverte de la cité, il est temps de descendre dans le métro (disons le U-Bahn) pour rejoindre l'Odeonsplatz plus au nord. En retrouvant la surface, je suis désorienté et peine à faire le lien entre ma carte et mon champ de vision. Finalement, les repères viennent. J'aperçois enfin un édifice quasi identique à un que j'ai déjà vu dans le passé au coeur de Florence. Il ne s'agit point d'une hallucination. La Feldherrnhalle a été voulue comme une copie de la loggia dei Lanzi, mais sans les sculptures. Ici l'édifice est dédié aux héros militaires bavarois.
Je rejoins alors la cour de la Residenz, la vaste résidence urbaine des Wittelsbach sise juste à côté. Le château fort originel a disparu du paysage au fil des multiples remaniements. Elle hébergea successivement les ducs, les princes électeurs et les rois de Bavière. La visite du trésor ne mérite pas vraiment un détour, c'est plutôt une affaire de goût. En revanche, les appartements se révèlent bien plus étendus que ce que j'imaginais (je découvre a posteriori que la Résidence compte cent trente pièces). Il faut presque deux heures pour en faire le tour. En suivant les petites flèches marquées "Rundgang" vous devriez passer partout sans vous perdre. C'est un véritable palais d'hiver plus qu'une simple "Résidence". La salle la plus impressionnante est probablement l'Antiquarium, témoin de la Renaissance, longue de soixante neuf mètres et dotée d'une voûte en berceau largement recouverte de fresques et décorée de dizaines de bustes de Césars. Après la visite intérieure, on peut continuer à flâner dans les autres cours (une dizaine en tout), accessibles librement, avant de terminer dans la Hofgarten, le jardin voisin.
De là, on rejoit facilement l'Odeonsplatz et sa station pour retourner à l'hôtel et conclure une journée bien remplie.