Une heure en ballon

Publié le par Jérôme Voyageur

Fontainebleau, 11 juin 2022

Dur, dur d'accepter le strident cri du réveil quand il s'égosille à 4h du matin. C'est à cette condition-là que je vais pouvoir profiter de mon cadeau de Noël. Il faut que je sois à Fontainebleau à 5h30. Cet horaire plus que matinal présente tout de même un avantage certain : personne ou presque ne circule sur l'autoroute A6. Aucun risque d’embouteillage. En revanche, dès que je la quitte pour continuer sur la départementale qui mène jusqu'à l'entrée de la ville royalo-impériale, la nature sauvage se rappelle assez rapidement à mon bon souvenir. Alors qu'il fait encore nuit et que la route traverse la forêt, j'aperçois d'abord un cerf avec de beaux bois en lisière des arbres, puis une biche quelques kilomètres plus loin. Par chance, l'un comme l'autre étaient occupés à manger, n'ayant visiblement pas encore l'intention de traverser sans prévenir. Tant mieux pour moi! Je rejoins donc avec de l'avance le point de rendez-vous grâce à la précision des indications au bout de l'allée de Maintenon, non loin de l'école militaire d'équitation. J'ai dû arriver un peu trop tôt: je suis seul dans la nuit. Néanmoins, les véhicules commencent à arriver au compte-gouttes, y compris, les 4*4 du prestataire de l'activité matinale. Au bout d'une grosse demi-heure, et après un premier briefing nous embarquons dans les véhicules de l'organisateur pour rejoindre le lieu du décollage à environ un quart d'heure de là.

Heureusement que le rendez-vous était donné près du château sinon nous n'aurions jamais déniché ce champ du côté du village d'Episy. En cette heure matinale et avec l'humidité ambiante, des plaques de brume s'accrochent ici et là formant des nappes de ouates tandis que le pré où nous venons de débarquer se révèle un tantinet mouillé. Au loin, le soleil dépasse à peine l'horizon. Pendant que nous profitons du lever de soleil, les deux équipes s'affairent pour monter les montgolfières. Il faut d'abord descendre les nacelles et les sacs à ballon des remorques, déplier et tirer les toiles avant de commencer le gonflage à grand renfort de ventilateurs. Petit à petit, les deux longues toiles multicolores commencent à prendre du volume, longtemps ressemblant plus à des baudruches, certes d'un fort beau gabarit, mais des baudruches tout de même.  Les gars rentrent dans les toiles pour "bricoler" des câbles. Quant le volume commence à être suffisant, les brûleurs commencent à être allumés pour accélérer la manoeuvre. Une première montgolfière commence à se relever entraînant le relevage de sa nacelle. Ses passagers montent presque aussitôt à bord. Quant à nous, il faut encore attendre un peu avant d'en faire de même. Malgré les encoches perçant la paroi, ce n'est pas totalement évident d'y grimper et de rejoindre le compartiment qui nous a été attribué. Une fois les deux ballons parés, les équipes lâchent les cordes qui nous relient encore aux véhicules. Et vogue la galère !

 

Préparatifs avant le décollagePréparatifs avant le décollagePréparatifs avant le décollage
Préparatifs avant le décollagePréparatifs avant le décollagePréparatifs avant le décollage
Préparatifs avant le décollagePréparatifs avant le décollagePréparatifs avant le décollage

Préparatifs avant le décollage

Pour un baptême de montgolfière, j'ignorais à quoi m'attendre. Cette expérience de vol se révèle immédiatement très douce, la nacelle s'élève tout en douceur, sans le moindre à-coup. Étonnamment, aucune sensation de vertige ni de peur du vide ne se fait ressentir quand bien même on se penche en dehors du "panier". Désormais, le vol est ponctué de longs moments de silence entrecoupés du soufflement  bruyant des brûleurs à chaque fois qu'Antonio, notre pilote italien, appuie sur ces manettes  de gaz. Comme on nous l'a bien précisé lors du deuxième briefing avant le décollage, nous sommes maintenant tributaires du vent et des courants d'air. La seule chose qui est maitrisable est l'altitude. C'est un peu comme si nous étions dans un ascenseur géant .... sans boutons pour choisir. Avec nos deux montgolfières se joue un ballet silencieux, tantôt se suivant, tantôt se surplombant. Au loin, j'aperçois à deux reprises d'autres montgolfières loin au-dessus des nappes de brume. Celles-ci commencent à se dissiper à mesure que le soleil s'élève. On dirait que des couettes de ouate tentent de s’accrocher encore aux bosquets. Il suffit de profiter des alentours, de ce patchwork coloré mêlant forêts bien vertes, champs aux teintes dorés pour ceux proches des moissons, prés verdoyants et tout autant que les plantations les plus récentes. Vers le nord, je distingue une série d'étangs, a priori les marais d'Episy. Difficile de se repérer vu d'en haut. Même Fontainebleau est difficile à repérer. Difficile aussi de déterminer comment nous progressons. A en croire l'équipe au sol, nous aurions fait quelques zigzags.

Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (1)Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (1)Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (1)
Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (1)Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (1)Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (1)
Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (1)Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (1)Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (1)

Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (1)

Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (2)Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (2)Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (2)
Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (2)Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (2)Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (2)
Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (2)Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (2)Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (2)

Vol en montgolfière au dessus de Fontainebleau (2)

Quand enfin, au bout d'une grosse heure, il est décidé de retourner au sol, je comprends encore plus ce "on ne contrôle rien". Etrangement notre montgolfière semble attirée par les lignes haute tension juste en-dessous de nous. Pendant ce temps l'autre semble s'en sortir un peu mieux sur notre droite. Notre pilote finit par nous faire remonter en espérant attraper un courant d'air qui nous écarte de l'électricité. Pendant ce temps, nous pouvons voir le ballet des deux duos de véhicules de soutien. Essayant d'anticiper les zones de posé, ils se garent avant de repartir plus loin lorsqu'il devient évident que les ballons vont aller plus loin. Les pauvres! Pas simple de prévoir.

Comme pour le décollage, l'autre ballon nous précède et réussit à se poser en douceur pile sur un chemin entre deux champs. Ainsi nous pouvons découvrir comment cette dernière phase se déroule et anticiper notre tour. Quant à nous, cela reste encore incertain. Malgré tout Antonio, notre pilote réussit, avec l'aide de ses deux équipiers au sol à nous poser entre un champ de blé et un champ de colza, là encore pile sur un chemin. Tout en douceur grâce l'absence de vent au sol. Malgré tout, il faut prendre la position d'atterrissage au fond de la nacelle, assurément le moment plus inconfortable du vol.

Dès que la toile commence à se poser elle aussi, nous pouvons descendre. Finalement, cela se révèle un peu plus compliqué que de monter. Deux volontaires partent aider les équipiers pour tirer sur les cordes afin de ramener au plus vite la toile au sol. Ceci fait, tout le monde se mobilise pour replier la toile tout en la vidant de l'air qui résiste encore à l'intérieur. Il faut bien être une dizaine pour réaliser cette gageure. Et que dire lorsqu'il s'agit de remettre la toile dans son sac de transport. Un dernier effort nous est demandé pour hisser le sac sur la remorque : il s'agit tout de même de hisser environ 350 kilogrammes.

Comme le dit l'adage, après l'effort, le réconfort. Et là, surprise! Dans ce cadre des plus bucoliques alors qu'il est à peine 8h15, nous voyons apparaitre une table, des flûtes .... et des bouteilles de crémant. C'est ce qu'on appelle le pot de l'aérostier. Original comme petit-déjeuner, avec tout de même un croissant. Une sympathique manière de clôturer cette chouette expérience. Il est temps de remonter à bord des véhicules pour rejoindre les abords du château. Plus de trois heures après, l'endroit est bien plus vivant, d'autant plus qu'il accueille un rassemblement de voitures anciennes, pour la plupart des vieilles DS.

Merci maman, merci papa.

L'atterrissage et le démontageL'atterrissage et le démontageL'atterrissage et le démontage
L'atterrissage et le démontageL'atterrissage et le démontageL'atterrissage et le démontage
L'atterrissage et le démontageL'atterrissage et le démontageL'atterrissage et le démontage

L'atterrissage et le démontage

Bonus "végétal"Bonus "végétal"Bonus "végétal"
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Bonus "végétal"

Publié dans Europe, France, Carnet de voyage

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J
Quelle expérience! Tu dis ne pas avoir eu le vertige....votre "pilote" devait etre compétent ou est ce le ballon qui lui même ne provoque pas de "gêne"???? En tous les cas ce récit est convaincant avec un final bien agréable!!!! Amicalement
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J
D'après ce qu'on m'a expliqué l'absence de vertige viendrait du fait qu'on est pas en contact avec le sol. Comme quand on est en avion. Mais franchement, j'en sais rien ;-)