Aventure spatiale en Amazonie (7) - Fin de la parenthèse guyanaise

Publié le par Jérôme Voyageur

Mercredi 19 Avril, Kourou

 

Il est temps de boucler les bagages que nous avons préparés hier soir. D’autant plus que nous les chargeons dans le véhicule avant de partir prendre notre petit-déjeuner. Nous sommes quelques-uns à changer de menu pour remplacer les viennoiseries par des oeufs. Nous faisons nos derniers adieux à Fabienne qui est venue nous voir et nous commençons à quitter la ville. Ce n’est pas que nous rechignons à partir mais depuis hier soir, nous avons planifié un arrêt près du pont sur le fleuve. Le dernier imprévu positif de cette découverte spatiale est amarré au quai du port de Pariacabo. Malgré toute la bonne volonté d’Olivier depuis que nous avons aperçu le navire d’Arianespace, la seule option pour le voir est le pont : impossible d’obtenir un accès au port. Aussi, nous profitons de l’aire de stationnement à l’Ouest du pont sur le Kourou pour nous arrêter. Je prends les devants, comme si j’avais le feu aux fesses, à moins que ce ne soit à l’objectif. Pour immortaliser au mieux le Canopée et sa livrée blanche et bleue, je marche largement au-delà de la moitié du tablier avant de m’arrêter et de le photographier sous toutes les coutures. A côté, les deux bateaux de la douane paraissent bien petits. A être dans les parages, avant de remonter dans le minibus, je le dépasse pour m’avancer jusqu’au rond-point d’entrée de la ville où se dresse une fusée. Depuis une semaine que nous y passons, c’était la dernière occasion de l’immortaliser. Maintenant, nous pouvons vraiment quitter la ville.

Kourou - le canopée, navire d'ArianespaceKourou - le canopée, navire d'ArianespaceKourou - le canopée, navire d'Arianespace
Kourou - le canopée, navire d'ArianespaceKourou - le canopée, navire d'ArianespaceKourou - le canopée, navire d'Arianespace

Kourou - le canopée, navire d'Arianespace

Les précipitations reprennent tandis que nous roulons en direction de Cayenne, la préfecture. Pour la première fois du séjour, nous pénétrons dans le centre-ville. Le contraste est flagrant avec Kourou. On sent ici une architecture plus ancienne, un manque visible de modernité, des rues plus étroites. D’ailleurs les options de stationnement semblent inexistantes. Nous sommes donc déposés juste devant le musée des cultures guyanaises. Cette ancienne maison traditionnelle a été reconvertie en espace d’exposition pour faire connaitre et montrer au plus grand nombre l’art des peuples autochtones, chacun ayant ses caractéristiques propres. Nous découvrons donc des artefacts de différentes natures : bancs en bois sculpté, céramiques, tissus, vannerie, sans oublier des éléments de construction et des pagaies, l’eau étant une voie de communication incontournable en Guyane. En revanche, pour le jardin créole, nous devons nous contenter de l’observer depuis la coursive du premier étage. Il pleut beaucoup trop pour prendre le risque d’y descendre sans finir trempé jusqu’aux os. Impossible d’y échapper pour rejoindre l’annexe du musée située à quelques centaines de mètres dans la même rue. Etant donné que j’avais opté pour une approche optimiste, c’est-à-dire sans cape de pluie pour me protéger, j’essaie d’avancer en longeant les murs au maximum pour essayer de profiter de l’abri que fournissent les balcons et autres avant-toits. Je ne m’en sors pas trop mal en pressant un peu le pas. Notre destination est une ancienne maison créole qui a été conservée dans son jus pour transmettre aux générations futures le mode de vie des guyanais citadins au début du vingtième siècle. Cette villa a, entre autres, abrité Félix Eboué qui a depuis donné son nom à l’aéroport local. Après une vidéo d’un quart d’heure présentant les lieux par le biais de témoignages de personnes ayant vécu en ces lieux, nous suivons notre guide à travers les diverses pièces, tant au rez-de-chaussée qu’à l’étage, toutes encore aménagées et meublées comme si la maison était encore habitée. C’est un excellent moyen de découvrir le mode de vie d’une époque révolue. Après cette matinée culturelle, alors que l’heure tourne, il est temps de rejoindre la place des palmistes où se trouve le dernier restaurant du séjour. Cette fois, je vais avoir plus de mal à éviter les gouttes. Quelle grisaille qui gâche un peu la découverte du centre de Cayenne ! Une fois le ventre plein, nous partons vers l’aéroport, craignant d’ailleurs d’arriver en retard à cause des embouteillages. Nous n’en avions pas croisé le moindre depuis le premier jour. Oubli réparé ! Deuxième inquiétude lorsque nous apercevons la longue file d’attente devant l’aérogare. Par sa situation, Cayenne est un point ultra-sensible pour le trafic de stupéfiants, aussi les contrôles sont maximaux. Police et gendarmerie assurent un contrôle d’identité à la porte de l’aérogare, puis c’est un premier scan des gros bagages dans le hall avant d’obtenir carte d’embarquement et de déposer les sacs pour la soute. Après cette étape, je ne perds pas de temps à visiter les rares boutiques, direction le contrôle de sécurité qui risque d’être à la hauteur de ce que nous venons déjà de passer. Et je ne suis pas déçu. La file d’attente, quoi que dissimulée dans un étroit couloir, est bien longue et progresse très lentement. Je préfère ne pas surveiller la montre, histoire de ne pas stresser pour rien. Mon tour arrive enfin : il semblerait que ce soit l’analyse des écrans des rayons X qui ralentisse le processus. En prime, j’ai droit à un passage au scanner corporel, une première en territoire français, heureusement bien moins tatillon que chez les américains. Il est enfin possible de rejoindre la salle d’embarquement à l’étage : elle est des plus rudimentaires avec une seule boutique et deux commerces liés à la restauration.

Musée des cultures guyanaisesMusée des cultures guyanaises
Musée des cultures guyanaisesMusée des cultures guyanaises

Musée des cultures guyanaises

Musée des cultures guyanaises - collectionsMusée des cultures guyanaises - collectionsMusée des cultures guyanaises - collections
Musée des cultures guyanaises - collectionsMusée des cultures guyanaises - collectionsMusée des cultures guyanaises - collections
Musée des cultures guyanaises - collectionsMusée des cultures guyanaises - collectionsMusée des cultures guyanaises - collections

Musée des cultures guyanaises - collections

Musée des cultures guyanaises - annex (ancienne maison créole)Musée des cultures guyanaises - annex (ancienne maison créole)Musée des cultures guyanaises - annex (ancienne maison créole)
Musée des cultures guyanaises - annex (ancienne maison créole)Musée des cultures guyanaises - annex (ancienne maison créole)Musée des cultures guyanaises - annex (ancienne maison créole)

Musée des cultures guyanaises - annex (ancienne maison créole)

Cayenne centreCayenne centre
Cayenne centreCayenne centre

Cayenne centre

Etonnamment, nous embarquons à l’heure et en relatif bon ordre. Même le décollage est conforme au billet. Nous avons été médisants : il faut dire que quelques jours avant nous avons vu l’avion au-dessus de Cayenne avec un retard conséquent. Bien qu’il s’agisse d’un vol de nuit, il est presque trop court pour vraiment en profiter. J’ai surtout l’impression de comater sans trouver le sommeil entre les deux services. Malgré notre arrivée à l’heure et sans encombre, le commandant de bord nous annonce que notre débarquement se fera à distance. Voilà qui me met en rogne pour commencer la journée. Je ne comprendrais jamais ce genre de choix : un Boeing 777 plein débarqué par des bus ! Il faut donc patienter un long moment dans les allées de l’avion, puis dans les bus avant qu’enfin le mouvement reprenne dans l’aérogare d’Orly. Mais je me réjouis trop tôt. Après les longs couloirs sinueux où j’avance vite, c’est un coup de frein brutal lorsque se présente le contrôle d’immigration. Multiples vols à l’arrivée mais seulement deux guichets de police ouverts et autant de sas Parafe. La gestion d’Orly est totalement démente sur ce point. Les agents de l’aérogare finissent même par bloquer les passagers dans les couloirs en amont du contrôle. Tous ces contretemps auraient dû permettre aux bagages d’arriver avant nous. Que nenni ! Il faut encore les attendre de longues minutes. Affligeant ! Quand le mien se présente enfin, je découvre qu’il a été ouvert par les services de sécurité, le cadenas n’est plus au même endroit. Décidément, les contrôles étaient vraiment complets, et se terminent par le double filtrage de la douane, à la fois leurs adorables chiens qui tournent autour des passagers et bagages en provenance de Guyane et leurs maîtres qui assurent les dernières vérifications avant les portes de sortie. Enfin libre ! Chacun rejoint son moyen de transport. Moi je traverse presque toute l’aérogare pour rejoindre l’Orlyval. De retour à l’air libre, je goutte à une certaine fraicheur dont nous n’avions plus l’habitude : c’est particulièrement vivifiant pour terminer le trajet à pied.

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