Chaleureux Paraguay (1)

Publié le par Jérôme Voyageur

San Bernardino, lac Ypacarai

Samedi 4 Mai, Paris

Trois jours de repos avant de partir. Trois jours pour préparer le départ. Aucune excuse pour oublier quoi que ce soit : à ce stade, c’est irrécupérable. Depuis ce matin, au-delà de glisser le nécessaire de dernière minute, qui dans le sac soute, qui dans le sac à dos, je surveille, un peu anxieux, le ciel. Les prévisions d’hier étaient bien peu encourageantes, pour ne pas dire bien humides. Dans la réalité, la météo est carrément variable. Quelques averses de bruine tombent dans la matinée. Par la suite, les gros nuages sombres semblent conserver leur chargement sans se crever pour libérer des trombes. Pourvu que cela dure !

L’heure de se mettre en route arrive enfin. Dernier tour de l’appartement avant de fermer la porte : rien oublié a priori, robinets fermés, interrupteurs éteints. Je suis paré. Une petite étoile veille sur moi : le trajet pédestre se déroule au sec jusqu’à la gare la plus proche. Faute de personnel au guichet, les boulets ralentissent notablement l’achat du billet d’Orlyval. Zen, zen, zen, c’est les vacances ! Enfin, je peux me poser les quelques minutes que durent la desserte de l’aéroport. Je comprends vite que la convocation trois heures avant le décollage était totalement inutile. Les agents de la compagnie, bien que présents derrière leurs comptoirs respectifs, n’ouvrent la dépose-bagages qu’une grosse demi-heure plus tard. Le bon côté de la chose est que je suis parmi les premiers ou presque à attendre dans la file d’attente. Juste ce qu’il faut pour commencer à craindre des tracasseries pour mon sac à dos. Finalement, il est accepté sans encombre, semblant, à vue de nez, dans les tailles acceptables. Retour des boulets au contrôle de sécurité ou comment faire comme si on était seul au monde à venir prendre un avion. Bref ! La porte d’embarquement n’est pas encore indiquée sur l’écran, vu l’avance. Patience. Lorsqu’enfin elle s’affiche, cela se révèle ne durer qu’une demi-heure. Aucune annonce n’est faite : c’est le mouvement de foule et un certain état d’esprit panurge qui m’incite à bouger. Bien m’en a pris. La nouvelle porte d’embarquement est située à l’autre bout du hall, juste à côté du contrôle : un aller-retour complet de l’aérogare pour rien. Alors que j’étais tranquillement installé à l’arrière de l’avion, une hôtesse vient me solliciter pour avancer jusqu’aux issues de secours. Cela va être coton pour retrouver une place pour mon sac mais elle s’en débrouille. Pendant le vol, je découvre qu’Air Europa qui effectue le vol est une compagnie à bas coût, et donc ni boisson ni biscuit pour ce saut de puce jusqu’en Espagne.

Arrivé à Madrid-Barajas, j’ai l’impression que nous allons au centre-ville tant nous roulons longtemps pour finalement rejoindre des bus à distance de l’aérogare 1, lesquels bus nous font remonter toute la longueur du bâtiment avant de nous déposer. Et comme la blague était bien bonne, une fois à l’intérieur, nous devons parcourir le terminal sur quasiment toute sa longueur, mais à pied cette fois. Très optimisé ce transit, pourtant entre deux vols de la même compagnie. Regardons le bon côté de la chose : cela fait marcher. Je dois quand même attribuer un bon point à l’aéroport : contrairement à notre système Parafe, trop souvent hors service et sous-dimensionné, l’équivalent local permet un passage en mode express de la frontière Schengen. Et pas de contrôle de sécurité dans la foulée. La salle d’embarquement du long-courrier n’a jamais été aussi proche. Là encore il faut patienter de longues minutes d’abord pour connaitre la porte, et ensuite pour l’ouverture, à l’heure de l’accès à l’avion. A nouveau, je m’arrange plutôt bien pour me retrouver parmi les premiers dans la file. Par chance, des places libres à proximité de mon siège initial me permettent d’en changer et d’avoir ainsi plus de place pour m’étaler. C’est parti pour presque onze heures de vol. Étonnamment, celui-ci sera plus court qu’annoncé sur le billet de tout de même une quarantaine de minutes. Le mode bas coût se confirme sur cette longue liaison aussi. Les écouteurs sont payants (trois euros), le dîner est réduit à sa plus simple expression et le petit-déjeuner se limite à une simple boisson chaude. Par chance, vu l’heure tardive du décollage, je parviens à accumuler les petits sommes qui ont au moins le mérite de me faire passer les heures sans trop m’en rendre compte, sans même visionner le moindre film.

4h45, heure locale au Paraguay, nous atterrissons à Asuncion, la capitale. Si le contrôle d’immigration est assez rapide du fait d’une file dédiée pour les non sud-américains, en minorité dans l’avion, il en va tout autrement pour le change dont le bureau est implanté juste derrière les guérites, dans la salle de livraison des bagages. L’agent contrôle tout, note tout, … c’en est désespérant. Tant est si bien que lorsque je le quitte enfin, millionnaire en guaranis, la monnaie locale, le tapis-bagages est à l’arrêt et seul mon sac s’y trouve encore. Un peu plus et les employés de l’aéroport l’embarquaient. Sortant bons derniers ou presque de la salle d’arrivée en compagnie de mes premiers coéquipiers rencontrés dans la file d’attente, nous l’abandonnons à sa torpeur retrouvée après l’effervescence de notre débarquement. Enfin, nous retrouvons notre chauffeur, deux autres coéquipières, une sortie plus tôt, et une autre qui nous rejoint peu après. Toutes deux ayant besoin de faire du change aussi, nous patientons encore un peu avant d’embarquer à bord du minibus qui doit nous conduire à notre hébergement. Nous sommes au large pour ce trajet jusqu’au village de San Bernardino, sur les rives du lac Ypacarai. Les premiers pas hors de l’aéroport me laissent une sensation de moiteur. Et pour cause ! Les premiers kilomètres apportent une réponse : chemins de terre rouge boueux à souhait, routes mouillées, champs inondés de tous côtés. De sévères pluies ont dû sévir tout récemment.

Après une bonne heure de voyage, et quelques errements du chauffeur au cœur de la ville, nous finissons par atteindre l’hôtel Villa Maria « del Val ». A défaut de pouvoir accès à nos chambres du fait de notre arrivée bien trop matinale (pas avant treize ou quatorze heures), nous pouvons laisser nos sacs dans le bureau. J’aurais dû faire comme les autres et me changer de suite. L’arrivée du soleil me met rapidement en nage. Pour tuer le temps, nous commençons par aller prendre un petit-déjeuner local et traditionnel (dont du mbeyu, « bedju ») dans l’extension de l’hôtel à la Casa La Lilia. Puis, nous partons explorer le village, d’abord en empruntant l’Escalatina qui démarre juste à côté de l’établissement, escalier coloré qui mène jusqu’au somment du point culminant où se dresse une vierge blanche dite Aparecida. La végétation assez dense nous empêche de profiter du panorama qu’aurait pu nous permettre ce point haut. Nous redescendons jusqu’à la rue avant de nous diriger vers la place centrale en faisant un détour par l’église, comble en ce dimanche matin de messe. Je constate vite que cette cité est tout sauf plate ; rares sont les rues sans la moindre pente. Dommage que le marché dominical se limite à la vente de fripes, c’est de suite bien moins authentique et sans réel cachet. Nous poursuivons donc en passant devant la statue en bois de la sirène du lac jusqu’aux rives de l’Ypacarai. Nous flânons un moment sur le ponton le plus proche avant que je m’essaie à jouer sans réel succès de la Morena, une œuvre d’art musicale installée là. Il est temps de faire demi-tour après quelques pas le long de la berge. Il est devenu plus qu’urgent pour moi de quitter ce jean qui me colle à la peau depuis trop d’heures. C’est en débarquant à l’hôtel que je tombe sur deux français arborant des étiquettes Nomade sur leurs sacs : ce sont là nos deux derniers coéquipiers dont j’ignorais l’existence, tout juste arrivés suite à un plan de vol plus que compliqué et long. Une pause sur la terrasse est de rigueur.

Premier aperçu de San BernardinoPremier aperçu de San Bernardino
Premier aperçu de San BernardinoPremier aperçu de San Bernardino
Premier aperçu de San BernardinoPremier aperçu de San Bernardino
Premier aperçu de San BernardinoPremier aperçu de San Bernardino

Premier aperçu de San Bernardino

Vers midi, après divers changements de consignes, nous nous installons au complet à l’ombre bienvenue des grands parasols disposés sur la grande terrasse. Tout compte fait, nous pouvons manger sur place sans avoir besoin de nous déplacer jusqu’à « l’annexe ». Comme c’est souvent le cas, avec en plus la barrière de la langue, la commande se révèle un poil erratique. Mais nous avons tout notre temps. A l’issue du repas, nous pouvons enfin récupérer nos clés. Je ne m’attarde pas bien longtemps dans la chambre que je partagerai avec Patrice. A peine le sac ouvert, j’y récupère mon maillot de bain et je descends jusqu’à la piscine où la baignade est plus qu’agréable malgré un premier contact plutôt frais : quoi de mieux pour bien s’hydrater. Je vais finalement barboter pendant presque deux heures. Au-delà, je risquais de voir apparaitre des branchies. Après une bonne douche, je retourne au bord du bassin histoire de discuter avec autres puis de profiter d’un « jus de houblon ». Petit à petit le groupe s’élargit jusqu’à l’arrivée de Nathalia pile à l’heure. Elle sera notre guide pour tout le séjour, paraguayenne mais résidente alsacienne depuis huit ans. Elle confirme mon impression de départ : c’est le tout premier départ de ce circuit imaginé et mis au point par ses soins. Au cours de sa présentation, elle en profite pour nous offrir un cocktail local bien agréable au gosier ainsi que quelques petits présents. Tels des enfants dissipés, nous nous dispersons et elle peine à nous raconter tout ce qu’elle voudrait, surtout qu’il faut aussi songer à passer à table. Première journée pépère côté programme mais l’attrait d’un vrai lit depuis plus de quarante huit heures devient irrésistible. Personne ne se fait prier pour rejoindre ses pénates.

hôtel Villa Maria del Valhôtel Villa Maria del Val
hôtel Villa Maria del Val
hôtel Villa Maria del Valhôtel Villa Maria del Val

hôtel Villa Maria del Val

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J
Quelle journée!! 48 heures de veille il faut le faire! Mais effectivement la fatigue est récompensée par les premières images que tu nous offres. Belle lumière dans ce qui sera votre résidence. On attend la suite!!! Amitiés
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