Chaleureux Paraguay (11)
Jeudi 16 Mai, Hernanderias
Une longue route nous attend aujourd’hui pour rejoindre la capitale, plusieurs heures dans le bus. Mais avant de quitter les abords du fleuve Parana, nous partons visiter le barrage hydroélectrique d’Itaipu Binacional, un colossal ouvrage érigé et partagé entre brésiliens et paraguayens. La visite commence par un petit film promotionnel vantant les mérites et capacités des installations sur la base de chiffres tous aussi démesurés les uns que les autres, à la hauteur du gigantisme de la construction. En revanche, les impacts sur l’environnement et les populations lors du chantier sont éludés. Ce n’était certes pas une aussi grande préoccupation qu’aujourd’hui à la fin des années 70. A l’issue, nous grimpons à bord d’un autobus de l’entreprise gestionnaire côté Paraguay pour faire le tour du propriétaire. Après avoir contourné la sous-station de ce côté du fleuve, nous faisons halte au point de vue. L’immense déversoir est juste sous nos pieds avec ses trois « toboggans » parallèles. Dire qu’il peut y avoir un débit quarante fois plus grand que celui des chutes. Epoustouflant ! En arrière-plan s’étirent les sept kilomètres et quelques du mur de retenue. A cette distance, je peine à me rendre compte que les conduites blanches sont aussi grandes ... et pourtant. Faute de pluies sur le bassin versant au Brésil, nous n’avons pas droit aux « grandes eaux ».
Mais il faut déjà remonter à bord pour continuer notre visite. Nous empruntons le tunnel qui passe sous le déversoir avant de circuler au pied du barrage et des vingt massives conduites. Cette fois, je prends toute la mesure de leurs imposantes dimensions. Accessoirement c’est un retour aux sources de vingt ans en arrière lorsque j’ai apporté mon modeste support à la réalisation d’une partie du projet. Installation industrielle et critique oblige, nous ne faisons que passer sans pouvoir nous arrêter. J’abandonne provisoirement mon appareil photo au profit du téléphone plus adapté aux prises de vues en mouvement à bord du véhicule. Pour la petite histoire, nous pénétrons même au Brésil sans franchir la douane. La route bifurque à droite le long de l’ancien canal de dérivation avant d’effectuer une large boucle pour rejoindre le sommet du mur avec un à-pic de presque deux cents mètres à gauche et les eaux du lac Itaipu (la retenue du Parana) à quelques mètres à peine sur la droite. En chemin, nous longeons ces grandes colonnes blanches, les servo-moteurs qui actionnent les vannes de chaque turbine. Ce tour est passé bien trop vite à mon goût. De retour à l’accueil, nous changeons de véhicule pour retrouver celui d’Aldo.
Désormais, c’est le seul qui va être actif pour le reste de la journée, entrecoupée néanmoins de pauses à la fois pour déjeuner et pour satisfaire des besoins personnels. J’avoue avoir été assez peu attentif aux paysages. Le peu que j’ai observé m’a fait penser à de grandes plaines agricoles. A quelques encablures de la métropole capitale, nous abandonnons la route principale pour des voies secondaires qui nous font longer le lac Ypacarai des premiers jours sans toutefois l’apercevoir. En revanche, je reconnais Aregua lorsque nous traversons la ville et ses échoppes de céramique. Plus nous approchons d’Asuncion, plus notre progression se fait lente à travers ces rues. Il doit sûrement y avoir une stratégie derrière ce choix mais elle m’échappe. A hauteur de l’aéroport, nous reprenons ce qui ressemble à une voie rapide jusqu’au pied du tout nouveau pont à haubans où nous bifurquons vers la Costanera, large promenade longeant le Rio Parana puis la baie d’Asuncion, un peu à l’image de celle d’Encarnacion. Nous parcourons à peu près le dernier kilomètre à pied alors que le jour décline nettement, mais heureusement sans pluie.
La capitale paraguayenne semble être en train de se hérisser de divers immeubles qui voisinent de larges zones bien plus basses. Chemin faisant nous passons à l’arrière du palais présidentiel dont la façade rose ne peut pas être manquée. Non loin de la base de la marine nationale, nous remontons à bord du bus pour rejoindre l’hôtel qui va s’avérer être distant de seulement quelques centaines de mètres à vol d’oiseau, en plein cœur du centre historique, à deux blocs du palais. Nous débarquons dans un établissement de classe, le Palmaroga où j’ai l’impression que nous ferions presque tache aves nos tenues touristiques, surtout quand vont débarquer deux jeunettes, adeptes de la chirurgie esthétique et une perchée sur des cuissardes de dix centimètres au moins. Qui détonne dans ce décor, finalement ? Ici en ville, la récupération des chambres prend un temps certain. Il faut signer un formulaire, fournir son passeport et même une empreinte de sa carte bancaire, au cas où. Bon gré, malgré, je finis par obtenir ma carte d’accès et monter dans chambre, juste le temps d’y jeter mes sacs avant de redescendre presque aussitôt. Nous entamons l’apéritif en petit comité avant que le reste du groupe ne nous rejoigne chacun à son rythme. Nous embrayons ensuite sur le repas sur place. Ce soir, ce sera majoritairement des pizzas au menu. Avant de monter me coucher, je fais une sortie pour aller faire une ou deux photos des parapluies multicolores suspendus au-dessus de la rue juste à côté. Surprise, il pleut ce qui limite mon escapade nocturne à quelques minutes.