Chaleureux Paraguay (12)

Publié le par Jérôme Voyageur

Vendredi 17 Mai, Asuncion

La nuit n’a pas du tout modifié la météo sur la capitale. Le bermuda a rejoint définitivement le sac. Aujourd’hui ce sera chaussures, pantalon, polaire et surtout la cape de pluie. La visite commence par un parcours piétonnier dans le centre historique. Pour nous accompagner, Alfredo a fait son retour : il nous attend dans le hall de l’hôtel et se souvient de tous nos prénoms une semaine après. Il m’impressionne !

A la lumière du jour, je me rends compte que le quartier qui nous entoure se décrépit : bâtiments abandonnés aux peintures largement écaillées, façades tachées de noir. Nathalia nous confirme que les budgets de rénovation n’arrivent pas forcément à bon port. Cela me laisse un sentiment étrange alors que nous sommes tout près du centre du pouvoir. D’ailleurs, à deux blocs du Palmaroga, nous abordons le Palacio de Los Lopez, la résidence présidentielle, construite au dix-neuvième siècle dans un style néo-classique. Je suis ébahi du « faible » niveau de sécurité apparent. Pas une seule clôture, seulement des gardes en bordure de la pelouse et à proximité immédiate de l’édifice. Nous pouvons même emprunter le trottoir qui le borde. C’est l’exact opposé de ce qu’on peut voir chez nous ainsi que dans de nombreux autres pays.  Il ne faut néanmoins pas rester trop longtemps. Nous sommes gentiment invités à reprendre notre avancée. Un bloc plus loin, nous contournons le parlement d’architecture contemporaine. Puis nous abordons un bâtiment d’époque coloniale, du moins ce qu’il en reste. L’ancien parlement où avait été signé l’indépendance en 1811, désormais baptisé Museo del Cabildo, a été transformé en un centre culturel du Paraguay en commençant par celle des Guaranis des Aches, illustrés par divers artefacts chamaniques ou guerriers, puis l’époque de l’évangélisation espagnole avec une série de statues religieuses. Dans l’aile opposée, une maquette illustre l’apparence qu’avait la ville au dix-neuvième siècle, autant dire que sans la présence de quelques édifices significatifs, il est bien difficile de s’y repérer. Les murs sont couverts de représentations de différents anciens présidents du pays. Nous rejoignons l’étage par un double escalier métallique que n’aurait pas renié Gustave Eiffel. Hormis l’ancien hémicycle qui parait bien étriqué (ce qui justifie sûrement la construction du nouvel édifice bien plus vaste), les salles voisines présentent un bien plus grand intérêt en s’attachant à montrer comment le Paraguay est d’une nature multiculturelle, issu de multiples migrations depuis les quatre coins du monde à partir du seizième siècle jusqu’à nos jours. On peut y voir des registres d’arrivée sur le territoire, des billets de transport par paquebot (au départ de la gare du Nord !!). Une quantité d’objets et de documents que nous n’avons pas le temps de détailler exhaustivement. Mais c’est ainsi, la nature même de nombreux musées.

Autour de l'hôtel PalmarogaAutour de l'hôtel PalmarogaAutour de l'hôtel Palmaroga
Autour de l'hôtel PalmarogaAutour de l'hôtel PalmarogaAutour de l'hôtel Palmaroga

Autour de l'hôtel Palmaroga

Asuncion, dans le quartier de l'hypercentreAsuncion, dans le quartier de l'hypercentreAsuncion, dans le quartier de l'hypercentre
Asuncion, dans le quartier de l'hypercentreAsuncion, dans le quartier de l'hypercentreAsuncion, dans le quartier de l'hypercentre

Asuncion, dans le quartier de l'hypercentre

Palacio de LopezPalacio de LopezPalacio de Lopez
Palacio de LopezPalacio de LopezPalacio de Lopez

Palacio de Lopez

Quartier "gouvernemental"Quartier "gouvernemental"Quartier "gouvernemental"
Quartier "gouvernemental"Quartier "gouvernemental"Quartier "gouvernemental"

Quartier "gouvernemental"

Centre culturel du CabildoCentre culturel du CabildoCentre culturel du Cabildo
Centre culturel du CabildoCentre culturel du CabildoCentre culturel du Cabildo
Centre culturel du CabildoCentre culturel du CabildoCentre culturel du Cabildo

Centre culturel du Cabildo

De retour à l’extérieur, nous retrouvons la pluie sur le chemin jusqu’à la cathédrale métropolitaine de l’Assomption. Son aspect sobre tient probablement du nombre de ses (re)constructions et abandons au fil des siècles. Sur son fronton, un détail attire mon attention : « église républicaine du Paraguay ». Voici le type d’inscription qu’on ne pourrait pas observer en France. Et par contraste, le bâtiment voisin arbore en grosses lettres les termes d’université catholique. De l’autre côté, la nonciature apostolique vient encore une fois confirmer ce sentiment d’un certain abandon du bâti. L’intérieur de l’église est plutôt sobre lui aussi. Seul l’autel ne déroge pas au style baroque avec des parements en argent sur toute la partie basse. Détail surprenant, tous les tableaux illustrant le chemin de croix sont légendés en français !

En bas du parvis, un minibus nous attend mais Aldo n’est plus au volant. Nous l’avons quitté hier soir en arrivant à l’hôtel, le remerciant chaleureusement pour sa bonne humeur et son sérieux. La suite de l’excursion citadine implique trop de déplacements pour la poursuivre à pied. Et vu la météo pluvieuse, ce choix se révèle le bienvenu. Dès les premiers mètres nous notons la différence de conduite, bien moins souple. Au premier arrêt à proximité du musée du chemin de fer, ce nouveau chauffeur manque de blesser Alfredo descendu en premier. C’eut été dommage de perdre un guide aussi passionné et donc inévitablement bavard. A tel point que parfois le regard de Nathalia part dans le vague, se demandant comment elle va pouvoir traduire l’essence de la tirade qu’il vient de déclamer. Et que dire de son insistance à nous faire prononcer des termes guaranis avec la prononciation adéquate. Mais revenons à notre nouvelle visite. L’ancienne gare centrale, en plein centre-ville mais désormais entièrement déconnectée de tout chemin de fer, est consacrée à la transmission de ce patrimoine. Transformée en musée, elle témoigne d’un passé révolu qui s’est étalé entre le dix-neuvième et la première moitié du vingtième siècle, au travers d’une poignée de salles thématiques retraçant l’histoire et les métiers du train à vapeur au Paraguay. La halle et les deux quais ont été conservés ainsi que deux wagons dont une voiture-bar, encore dans son jus de vieux bois, à bord de laquelle on peut monter. A l’autre bout de la gare trône une reconstitution d’une modeste locomotive à vapeur.

Cathédrale métropolitaineCathédrale métropolitaine
Cathédrale métropolitaineCathédrale métropolitaine

Cathédrale métropolitaine

Musée du chemin de fer d'AsuncionMusée du chemin de fer d'AsuncionMusée du chemin de fer d'Asuncion
Musée du chemin de fer d'AsuncionMusée du chemin de fer d'AsuncionMusée du chemin de fer d'Asuncion
Musée du chemin de fer d'AsuncionMusée du chemin de fer d'AsuncionMusée du chemin de fer d'Asuncion

Musée du chemin de fer d'Asuncion

La pluie nous attend toujours à la sortie. Cette fois, nous sommes déposés devant le panthéon national des héros. Vu de l’extérieur, il présente une ressemblance certaine avec le dôme des Invalides, mais à une échelle réduite. Sous le fronton d’entrée, deux soldats assurent la garde d’honneur. Une fois sous le dôme, la ressemblance parisienne se confirme avec la présence d’un puits central qui héberge les urnes funéraires des héros, répartis autour de la sépulture du soldat inconnu. On y trouve aussi quelques présidents et militaires, les enfants martyrs de la bataille d’Acosta Nu et un poète. Après la relève de la garde, un des soldats m’approche pour que je le prenne en photo et que je lui envoie le cliché. Pour la première étape, c’est faisable ; pour la seconde va falloir attendre que je rentre en France !

Panthéon des héros du ParaguayPanthéon des héros du ParaguayPanthéon des héros du Paraguay
Panthéon des héros du ParaguayPanthéon des héros du ParaguayPanthéon des héros du Paraguay
Panthéon des héros du ParaguayPanthéon des héros du ParaguayPanthéon des héros du Paraguay

Panthéon des héros du Paraguay

A notre sortie, la pluie semble s’être bien calmée. Cette modeste embellie nous facilite la vie pour rejoindre le marché artisanal installé à l’angle opposé de la place où nous sommes, l’occasion de dépenser les guaranis qui trainent encore dans nos poches. Plus facile à dire qu’à faire. Alors que la mi-journée approche à grands pas, nous nous éloignons de l’hyper centre pour rejoindre un quartier résidentiel, un lieu appelé El Cafetero. Amina, une amie de Nathalia, a décidé de lancer la tradition du café au pays de la yerba maté. Sacré défi ! Pour cela, elle s’est associée avec un barista colombien, Alejandro. A notre arrivée, nous sommes installés dans ce qu’on pourrait assimiler à un salon privatif pour assister à une démonstration de préparation de cafés et à leur dégustation. Tandis qu’Alejandro fait ses mesures précises de grains et d’eau, une serveuse vient nous apporter deux desserts sucrés choisis pour se marier au mieux avec les deux breuvages qu’il va nous préparer ainsi que deux bouchées salées pour nous caler l’estomac. En écoutant le maestro, je prends conscience que je suis loin de tirer la quintessence de mon café.  Et pour cause, il faut du temps, de la précision, de la technique, des connaissances et des « cafetières » adaptées. Rien que pour celles-ci, nous faisons des découvertes en l’écoutant.  Et ne parlons pas de tous les détails associés à la fois à la préparation et à la dégustation. Concernant les accords avec les deux desserts, le résultat est étonnant. L’art du barista n’est pas très loin de celui du sommelier. Il nous prépare donc un colombien puis un éthiopien. Sympathique moment d’apprentissage imaginé par notre guide. Mais voilà qu’Alfredo vient toquer à la porte. J’imagine sans même vérifier sur ma montre que nous devons être en retard pour la suite.

Alejandro, barisate d'El CafeteroAlejandro, barisate d'El Cafetero
Alejandro, barisate d'El CafeteroAlejandro, barisate d'El Cafetero

Alejandro, barisate d'El Cafetero

Nous traversons à nouveau le centre-ville jusqu'au pied du quartier de San Jeronimo qui se déploie sur une modeste colline juste au-dessus du port. Encore qu’avec les récentes constructions pour les administrations, la vue a été remplacée par quelques immeubles de verre … déserts. J’enfile à nouveau la cape de pluie avant de descendre du bus. Au pied du quartier, nous découvrons le guide local, un ancien professeur de mathématiques qui profite de sa retraite pour faire découvrir aux touristes le lieu où il vit. San Jeronimo est un endroit avant tout populaire, resté dans son jus, loin de toute invasion commerciale. Les ruelles piétonnières doivent y être aussi nombreuses que les rues circulables. Dès les premiers pas, nous découvrons les premières fresques murales. Mais voilà déjà l’Escalinata qui pointe ses marches. Cet escalier serait presque l’emblème du coin avec toutes ces contremarches recouvertes de mosaïques colorées. Et lorsque je regarde attentivement, en prenant un peu de recul, je constate que l’ensemble figure le quartier : en bas le bleu uni pour les eaux du Paraguay, puis les façades multicolores des maisons qui semblent s’empiler les unes sur les autres, comme dans la réalité et de nouveau du bleu vers le sommet pour illustrer le ciel (bon, depuis notre arrivée en ville, c’est du gris sombre).

En haut des marches, nous retrouvons de la couleur sur les murs. Sans notre guide, nous ne nous serions pas engagés dans cet escalier métallique menant jusqu’à la terrasse déserte d’un bar sur le toit. A bien regarder aux alentours, j’ai bien l’impression que nous sommes au point le plus haut. Le revers de la médaille est que nous nous retrouvons en plein vent chargé d’humidité. Nous comprenons mieux le gâchis que constitue ce complexe administratif en contrebas. Les éléments semblant s’acharner contre nous, il est plus raisonnable de se réfugier dans les ruelles abritées. En plus des façades colorées, je laisse trainer mon regard ici et là à l’affût de détails décoratifs sur les murs. Quelques mètres plus loin, je ne peux manquer de photographier l’église consacrée à mon saint patron quand bien même elle n’a strictement aucun cachet. Plus loin, nous croisons plusieurs chats, sûrement des pensionnaires du refuge voisin en excursion. Notre guide tient ensuite à nous montrer les installations de futsal du quartier, un lieu de rencontre et d’éducation. Il en profite pour nous glisser un bon mot disant à peu près ceci : « je ne joue plus avec talent, avec temps lents ». Juste après, il nous invite dans son « office de tourisme » qui fait aussi office de salle de cours (le tableau blanc et ses équations en témoignent) pour nous proposer de remplir son livre d’or. Evidemment, nous y répondons pour encourager cette noble initiative pour développer son quartier pour le bien de ses voisins. Il ne nous reste que quelques centaines de mètres avant de quitter les lieux, l’occasion de découvrir une maison des fantômes (lieu d’un crime non élucidé) et une volonté de rénover une ancienne maison bâtie en adobe.

San JeronimoSan JeronimoSan Jeronimo
San JeronimoSan JeronimoSan Jeronimo
San JeronimoSan JeronimoSan Jeronimo

San Jeronimo

San JeronimoSan JeronimoSan Jeronimo
San JeronimoSan JeronimoSan Jeronimo
San JeronimoSan JeronimoSan Jeronimo

San Jeronimo

San JeronimoSan JeronimoSan Jeronimo
San JeronimoSan JeronimoSan Jeronimo
San JeronimoSan JeronimoSan Jeronimo

San Jeronimo

Adieux à San JeronimoAdieux à San JeronimoAdieux à San Jeronimo
Adieux à San JeronimoAdieux à San JeronimoAdieux à San Jeronimo

Adieux à San Jeronimo

Pour la fin d’après-midi, seuls les volontaires suivent le mouvement et, en perspective de la balade sur l’eau, nous repassons par l’hôtel autant pour déposer certaines que pour récupérer les capes de pluie oubliées par d’autres. Parés contre les éléments, nous rejoignons la Costanera que nous remontons sur un bon kilomètre jusqu’à rejoindre une plage dédiée à l’amarrage des petits bateaux, la baignade n’étant pas autorisée dans la baie d’Asuncion. Un homme nous y attend avec son embarcation à coque métallique couverte d’une toile en guise d’écran anti-pluie. Pas simple d’enfiler un gilet de sauvetage par-dessus un sac à dos et une cape de pluie. Bibendum, tu as de la concurrence ! Nous nous installons à bord, Alfredo à tribord avant, deuxi à bâbord avant et les trois autres sur les sièges à l’arrière. Notre pilote part à allure très modérée pour nous faire traverser dans un premier temps la baie suivant ainsi la Costanera. Nous avons alors un large panorama sur toute la ville. Quelques barques de pêcheurs apparaissent ici et là. Nous gardons le cap jusqu’à atteindre les bâtiments de la marine paraguayenne, deux petits navires adaptés au fleuve ainsi que deux autres battant pavillon brésilien.

C’est alors que nous bifurquons à droite pour remonter le cours du Rio Paraguay. Celui-ci semble très large. Il faut bien cela pour laisser passer les immenses barges acheminant les cargaisons. Les « petits » pousseurs pourraient paraitre incapables de mouvoir de telles masses … et pourtant. A priori, aucun cargo ne semble naviguer dans ces eaux. Et en plusieurs endroits sur les berges, nous pouvons apercevoir des chantiers navals, soit spécialisés dans la construction, soit dans la réparation. Notre pilote décide tout d’un coup de diffuser des chansons françaises avec son smartphone connecté à la sono embarquée, lesquels titres nous essayons de reprendre avec plus ou moins de réussite. « Crieeer Aline » au milieu du Paraguay, c’est quelque chose et vu le temps nous ne risquons pas de faire pleuvoir plus !  Et cela fait beaucoup rire notre marin qui affiche un très large sourire. Nous avançons ainsi jusqu’à dépasser de quelques dizaines de mètres le pont à haubans, baptisé pont des héros du Chaco, « petit » viaduc de Millau, tout juste inauguré. Après un demi-tour, nous comprenons rapidement que le retour va se faire à une tout autre allure, ce qui était prévisible tant l’aller était pépère. Il est désormais indispensable de bien se protéger contre le vent et l’écume que nous soulevons. Le moteur vrombit, la proue se relève et le pilote s’éclate tandis que Nathalia serre les dents. Le retour se fait largement en moitié moins de temps. A hauteur des navires brésiliens, notre musique ne suscite aucune réaction : plus personne ne traine sur le pont. Alors nous continuons dans la baie. Tandis que la plage d’arrivée se rapproche à vue d’œil, j’ai l’impression fugace qu’il va tenter d’y monter à pleine puissance. Erreur ! Au dernier moment, il amorce un virage à bâbord avant d’enchainer plusieurs embardées, d’un côté puis de l’autre, le tout à pleine vitesse Alors seulement il ralentit pour accoster sagement au ponton. Finalement cette balade fluviale était bien sympathique malgré l’absence de soleil. Il faudra revenir en été pour le voir se coucher sur les eaux d’Asuncion.

Naviagation sur la baie d'Asuncion et le Rio ParaguayNaviagation sur la baie d'Asuncion et le Rio ParaguayNaviagation sur la baie d'Asuncion et le Rio Paraguay
Naviagation sur la baie d'Asuncion et le Rio ParaguayNaviagation sur la baie d'Asuncion et le Rio ParaguayNaviagation sur la baie d'Asuncion et le Rio Paraguay
Naviagation sur la baie d'Asuncion et le Rio ParaguayNaviagation sur la baie d'Asuncion et le Rio ParaguayNaviagation sur la baie d'Asuncion et le Rio Paraguay

Naviagation sur la baie d'Asuncion et le Rio Paraguay

L'inimitable AlfredoL'inimitable Alfredo

L'inimitable Alfredo

Retour à l’hôtel avec le minibus. Nous avons de la marge pour nous préparer pour la dernière soirée du séjour. J’en profite aussi pour refaire complètement mes sacs et y mettre bon ordre. Un quart d’heure avant le rendez-vous, je rejoins le hall où nous finissons même au complet en avance. Sauf que les taxis qui doivent nous véhiculer ne sont pas là. Nathalia en a commandé trois pour que nous ne soyons pas trop serrés. Répartition inégale faite, nous partons vers le restaurant Angiru Restomedor, au nord de la ville, persuadés que tous les chauffeurs avaient l’adresse et savaient s’y rendre. Erreur ! Notre conducteur ainsi que le troisième nous donnent vite l’impression d’être à la rue, peu ou prou dès que nous quittons la Costanera : demi-tours, nombreuses questions par radio au central. Rien n’y fait. L’heure tourne et les espoirs d’atteindre notre but s’amenuisent. Nous finissons par rejoindre notre destination en ayant mis plus du double de temps que nécessaire. La soirée commence fort. Notre guide a choisi cette adresse, éloignée du centre, pour sa cuisine authentique, uniquement paraguayenne. Nous sommes les seuls clients pendant l’essentiel du repas, ce qui facilite les mouvements de table pour que les plus frileuses bénéficient de la climatisation basculée en mode chauffage. Le retour se fait à seulement deux véhicules et nous confirme que par le bon trajet, c’est bien plus rapide. Il nous permet aussi d’admirer le pont dans sa livrée nocturne à base d’éclairages bleus, blancs et rouges, aux couleurs du drapeau national. Débute alors la dernière nuit en Amérique du Sud, non sans être monté une dernière fois sur la terrasse de l’hôtel pour profiter du panorama sur la capitale.

 

Samedi 18 Mai, Asuncion

 

La nuit fut bonne et presque longue. Nous avons du temps ce matin, de quoi avaler le petit-déjeuner sans stress, de finir de boucler les bagages, et de les revérifier. Finalement, las d’attendre et de tourner en rond, je rejoins le hall en avance, ce qui n’était pas du luxe vu le temps mis par le concierge et ses collègues avant de me donner le feu vert. Le minibus qui nous avait accueilli quinze jours plus tôt est de retour. C’est l’heure de faire nos adieux à Nathalia qui nous serre fort dans ses bras et laisse éclater ses émotions. C’est touchant ! Tous mes vœux de réussite à ses projets.

Il ne nous faut qu’une vingtaine de minutes pour rejoindre l’aéroport. Deux partent enregistrer leur vol vers le Brésil tandis que nous faisons la queue pour le nôtre. Malgré la longueur de la file, nous avançons plutôt bien. La dépose des bagages se passe sans encombre : mon sac est resté en dessous de la limite de poids et mon sac à dos ne suscite aucune question. Cela m’arrange ! Direction la sécurité où le contrôle s’avère fluide, de même que l’immigration. Dernier coup de tampon. J’ai tout de même le temps d’observer que chaque agent a son thermos et sa guampa sous la main dernière le comptoir ! Il reste un dernier défi et non des moindres : réussir à dépenser les guaranis toujours dans nos poches. Plus facile à dire qu’à réaliser. L’embarquement démontre une fois encore la bêtise humaine, certains prenant tout leur temps pour s’installer, bloquant ainsi les passagers derrière eux. La fermeture des portes est elle aussi retardée, la faute à un passager ayant laissé sa vapoteuse en soute. Notre avance se transforme en un léger retard. Comme à l’aller, la durée du vol sera bien inférieure au temps annoncé sur le billet. Cela tombe bien étant donné que je n’avais pas prévu de dormir en décollant aux alentours de midi. Etonnamment j’y ai réussi, bien aidé par le visionnage de deux films et l’écriture de mon carnet de voyage toujours en retard depuis quelques jours déjà. Les turbulences se font sentir très régulièrement confirmant s’il est encore nécessaire que garder sa ceinture bouclée est une bonne option.

Vers quatre heures trente, nous atterrissons à Madrid où les panneaux d’information brillent par leur absence. A peine descendu de l’avion, il faut faire confiance à son instinct, certes embrumé si tôt pour trouver la bonne direction. A priori, mon feeling semble à peu près efficace. Le passage de l’immigration par les automates est épique : les trois quarts des passagers ne réussissent pas à faire ouvrir les sas … alors que c’est si simple. Du coup, les agents s’excitent sans que cela ne soit hyper efficace. La suite me vrille les tympans : les collègues des précédents ne cessent de hurler pour nous faire avancer alors même que leurs tapis n’aident pas … A cette heure si matinale, c’est un poil agressif. Une fois les corvées achevées, il reste trois heures à attendre … et à retrouver un peu de silence bienvenu. Je ne retrouve les filles que bien plus tard. Comme à l’aller, il faut parcourir quasiment tout le terminal pour rejoindre le vol suivant. Nouvelle épreuve pour mes oreilles avec des passagers espagnols qui ne cessent de piailler. Malgré tout, je pique du nez sans réellement somnoler, le cerveau entre deux eaux, ni totalement là, ni totalement ailleurs ! Au-dessus de la Touraine, de nouvelles turbulences ont le don de me réveiller et de me tirer de ma torpeur, juste à temps pour atterrir dans la grisaille parisienne sur les pistes d’Orly. C’est totalement raccord avec la météo outre-Atlantique.

Nous abandonnons Irène dans la salle d’embarquement, coincée là jusqu’à son vol pour le Sud de la France et partons rejoindre la salle de livraison des bagages. Ceux-ci tardent à arriver : apparemment, ils étaient dans un second lot déposé sur le tapis après un sacré délai. Mais par chance, ils sont tous là. Nos chemins se séparent dans ce hall, chacun poursuivant de son côté pour rejoindre son logement. Une fois rentré commence le labeur du retour de voyage : rangement, lessive, nettoyage, de quoi ne pas s’endormir avant la nuit. Au final, j’aurai tenu plus d’une trentaine d’heures éveillé. Ceci explique sûrement mon réveil à onze heures trente en ce lundi de Pentecôte.

Ausncion la nuitAusncion la nuit

Ausncion la nuit

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