Dernière part de JO

Publié le par Jérôme Voyageur

Paris, Samedi 7 Septembre 2024

Deuxième mi-temps de cet été paralympique. Comme je l'ai partagé dans mon dernier billet, frustré de ne pas avoir pu participer aux JOs, je m'étais promis de corriger le tir pour les Jeux Paralympiques. Après un premier samedi dans le temple dans la petite balle jaune, je n'ai pas hésité à remettre le couvert pour le deuxième week-end. Dans le même esprit, je voulais en profiter pour découvrir une enceinte que je ne connaissais que de nom et de réputation. L'Arena Bercy, feu POPB pour les plus anciens, cochait toutes les cases. Et à y être, autant choisir une session en médaille. C'est sur ces éléments de réflexion que j'ai opté pour la session du samedi soir incluant un match de classement (5-6) du tournoi de basket fauteuil féminin et la finale du tournoi masculin.

En milieu d'après-midi, direction le centre de Paris. Le RER est encore une fois relativement rempli. Effet Jeux? Mystère. A contrario, le changement de ligne vers le RER A à Châtelet me donne une sensation de vide. Bizarre de se retrouver dans un train soudain presque désert. A peine une station, soit quelques minutes, pour rejoindre la gare de Lyon où je retrouve l'air libre. Jusque là les cieux m'ont épargné, la grisaille se limitant à gonfler ses nuages gris. Pourtant dans la rue qui mène jusqu'à l'Arena, j'ai l'impression de quelques rares gouttes. Sauf que j'ai l'impression de les avoir rêver tant cela est fugace. Parvenu dans l'enceinte, je comprends que je ne suis pas encore au bon endroit. En effet, le parvis principal sert de sortie uniquement. Il faut suivre les indications, les fameux panneaux roses qui ont envahi la capitale depuis plus de deux mois pour dénicher l'accès, assez peu intuitif de prime abord. C'est un peu comme s'il fallait dénicher l'entrée de service pour entrer dans un bâtiment. D'un autre côté, même avec mon arrivée anticipée, il suffit de suivre le mouvement. C'est ainsi que je rejoins le premier filtrage déployé par les gendarmes qui se chargent d'un premier contrôle du contenu des sacs. Il faut néanmoins patienter quelques dizaines de mètres plus loin, l'accès n'étant pas encore ouvert. j'aperçois les volontaires et les agents de sécurité qui se mettent en place. C'est le moment choisi par le ciel pour se mettre à la pluie. Se pose alors la question du choix à adopter: protection or not protection? Histoire de ne pas avoir à trainer une cape de pluie trempée, je préfère attendre que l'averse forcisse. Au final, le choix se révèle gagnant étant donné que les gouttes cessent quelques minutes plus tard, alors que les barrières s'ouvrent enfin. Si le scan des QR codes par les bénévoles se passe avec le sourire et rapidement, le contrôle des sacs (bis) par les agents de sécurité est plus tatillon. Il me faut même démontrer que mon objectif a bien les dimensions acceptables .... Bref, je ne suis pas mécontent que cette étape se termine. Deux cent mètres plus loin, à l'angle de l'Arena, il faut patienter. En effet, la session d'après-midi n'est pas encore terminée. Avant de nous laisser entrer, il faut que le dernier match se termine et que les tribunes se vident complètement, ce qui prend plus qu'un claquement de doigts.

Etonnamment, peut-être grâce à ma plus grande foulée, je me retrouve le premier de la file qui s'étire petit à petit. Ces longues minutes de patience sont mises à profit pour discuter paisiblement avec les deux agents de sécurité, leurs expériences des jeux et des autres évènements qu'ils ont pu sécuriser dans le passé. Ces échanges font passer le temps de même que le passage des bandas et même de la phryge qui peine néanmoins à avancer du fait de son embonpoint peu adapté au passage qu'elle doit emprunter pour rejoindre l'entrée et l'arrivée des spectateurs sur le site. Quant au parvis de Bercy, le flux des spectateurs commence à s'y raréfier notablement, de même que le mégaphone du bénévole en charge de la sortie se fait de plus en plus silencieux. C'est le signe que notre session va enfin pouvoir s'ouvrir. Les fauves sont lâchés. Néanmoins, les gens sont raisonnables, évitant de se ruer à l'intérieur en courant.

A peine les portes franchies, les bénévoles nous donnent un bracelet à porter à l'intérieur, un ruban permettant de porter une petit boite fine et blanche au poignet. Avant de me rendre à ma place, je fais le tour des boutiques espérant trouver le magnet promis à ma mère ... en vain. Il faut dire que la fin de la fête approche et que les stocks se sont réduits. Mais les articles proposés sont déjà bradés. Après un tour du propriétaire dans le couloir circulaire qui chemine à l'étage tout autour de la salle, je finis par m'approcher de la porte qui m'a été dévolue. Surprise légèrement désagréable, le bloc où je suis est accolé à la tribune de presse, ce qui signifie qu'un coin du parquet est invisible. On ne peut pas toujours avoir des places au top, comme la semaine précédente. Pour l'instant les deux équipes féminines sont encore à l'échauffement, d'un côté les allemandes, de l'autre les britanniques. Les gradins sont encore largement clairsemés ce qui me laisse un sentiment bizarre alors même que les billets sont vendus pour deux rencontres.

Arena Bercy encore calmeArena Bercy encore calme
Arena Bercy encore calmeArena Bercy encore calme

Arena Bercy encore calme

Lorsque les deux équipes rentrent au vestiaire pour la fin de leur préparation, la salle est plongée dans une obscurité bleutée, prémices d'un spectacle lumineux projeté à même le parquet. Le résultat est bluffant. De multiples effets graphiques animés prennent vie, si bien que rapidement, on ne soupçonne plus qu'il s'agit d'un parquet. A un moment du show, celui-ci est même entièrement recouvert de centaines de ballons numériques de toutes sortes. Cet interlude permet de patienter jusqu'à l'heure fatidique. Celle-ci est marquée comme sur tous le sites depuis le début des JO par les trois coups, frappés par un ancien international français. Puis vient la présentation individuelle de chaque joueuse, les deux équipes venant se ranger chacune en ligne pour écouter les deux hymnes avant que le match puisse enfin débuter. Les tribunes se sont un peu remplies mais nous sommes encore loin du guichets fermés.

Le jeu est évidemment plus lent que pour les valides mais l'approche stratégique semble, elle plus développée, afin de pouvoir se démarquer et positionner son fauteuil au bon endroit au bon moment. L'autre grosse différence qui finit par me sauter aux yeux et l'adresse moindre face au panier, constat réitéré lors du match suivant. Malgré tout, on se laisse prendre au jeu et l'ambiance monte. Je suis ébahi par leur facilité à se remettre sur les roues lorsque les fauteuils tombent au sol. A la fin du premier quart-temps, des bénévoles entrent en scène pour nettoyer le parquet, mais parmi eux, deux individus sont "particuliers". La musique retentit et voilà que les deux se révèlent des break-dancers qui assurent le spectacle pendant la courte pause. Plus tard, pendant la mi-temps, c'est une groupe de danseuses et danseurs qui viennent faire un show, inspiré du french cancan mais en version moderne, le tout sur fond de spectacle lumineux. Celui-ci commence sur le parquet mais se poursuit dans les tribunes alors que les artistes retournent dans les coulisses. Soudainement, les bracelets se mettent à clignoter, à des fréquences différentes et avec des couleurs multiples. Ce sont toutes les tribunes plongées à nouveau dans cette sombre ambiance bleutée qui se mettent à miroiter au gré de la musique. A noter que pendant tous les temps morts, les deux speakers officiels, un francophone et un anglophone, ainsi que la chauffeuse de salle donnent toute leur énergie pour faire participer le public le plus possible. La deuxième mi-temps peut alors reprendre jusqu'à voir les britanniques l'emporter avec neuf points d'avance. Après les accolades de fin de partie, un salut au public, les deux équipes quittent le parquets, certaines des joueuses passant devant les médias tandis que le staff remballe tout le matériel, y compris les stocks de roue de rechange.

Avant match de classement du tournoi fémininAvant match de classement du tournoi fémininAvant match de classement du tournoi féminin
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Avant match de classement du tournoi féminin

Le protocole du Allemange- Grande-BretagneLe protocole du Allemange- Grande-Bretagne
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Le protocole du Allemange- Grande-Bretagne

Tournoi féminin de basket fauteuil - matche de classement - Allemagne - Grande-BretagneTournoi féminin de basket fauteuil - matche de classement - Allemagne - Grande-BretagneTournoi féminin de basket fauteuil - matche de classement - Allemagne - Grande-Bretagne
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Tournoi féminin de basket fauteuil - matche de classement - Allemagne - Grande-Bretagne

Une longue pause  nous est imposée avant la grande finale du soir. Pendant ce temps, les tribunes finissent par se remplir notablement: les places VIP en face de moi semblent enfin trouver preneur. Dommage et un poil irrespectueux pour les dames ayant assuré le lever de rideau de la session du soir. Etonnamment, on retrouve la deuxième équipe britannique pour cette finale masculine, opposée, sans grande surprise, à Team USA. Sur quatre finales de basket entre JO et Paralympiques, les Etats-Unis en auront joué trois. Le programme est en tous points identique à la précédente rencontre avec une trentaine de minutes d'échauffement, chaque équipe sur sa moitié de parquet, puis le retour aux vestiaires avant de procéder à la présentation officielle et individuelle de chaque joueur, et enfin les hymnes. Contrairement à leurs homologues valides, l'équipe américaine surclasse beaucoup moins son adversaire. Pendant longtemps le score reste plus que serré. Autant celui qui avait été présenté comme leur meilleur "artilleur" passe au travers de la rencontre, autant leur capitaine impressionne par sa précision au tir, quelle que soit la position. A la fin du premier quart-temps, nous retrouvons nos volontaires danseurs qui assurent le même show tandis que celui de la mi-temps est assuré avec un certain brio par un quintet de break-dancers, particulièrement souples, athlétiques et spectaculaires. A la fin de la partie, je reste sur place tandis que les volontaires prépare le terrain pour la cérémonie des médailles. Le "podium" est installé, les médailles sont approchées, le portique pour les tableaux est abaissé ... mais rien ne se passe, si ce n'est une bande son dansante qui fait se trémousser le public resté nombreux. Malheureusement l'heure tourne, nous approchons de minuit et toujours pas d'indication sur l'horaire de la cérémonie.

Aussi, à contre coeur, je quitte les lieux sans avoir pu participer à cette cérémonie, sous peine de ne pas pouvoir rentrer chez moi de la nuit. En sortant de la salle, je restitue mon bracelet lumineux avant qu'une poignée de bénévoles fasse une hola bien amicale juste à l'extérieur des grilles. Une centaine de mètres plus loin, je crois halluciner en attendant un trompettiste jouer sur les marches du ministère des finances avec comme seul public, un trentaine d'agents de police alignés devant lui, le tout autour de minuit Unique et inattendu, et que dire de la fin quand j'entends retentir dans mon dos les notes du "ce n'est qu'un au revoir", applaudies non seulement par le premier groupe de policiers mais aussi par les autres équipages en faction plus loin dans la rue. Effet jeux? Mais plaisante expérience. A cette heure avancée, les RER sont déserts que ce soit le A ou le B. Bien m'en a pris de ne point trop tarder, je découvre en descendant du train qu'il n'en restait qu'un seul derrière. Pas de regret ...

Voici qui clôt cette expérience unique des Jeux à Paris. Demain la vasque sera éteinte définitivement (enfin presque).

Finale du tournoi masculin - USA - GBFinale du tournoi masculin - USA - GBFinale du tournoi masculin - USA - GB
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Publié dans Billet, Paris2024, France

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J
Un vrai "chemin de croix" pour l'accès et des spectacles techno en veux tu en voilà ! C'est la société bling bling et les mesures de sécurité obligées (toujours de cette société) . Heureusement que tu parles aussi du sport et de la capacité de ces joueurs bien méritants. Sur les moyens de transport pratiquement déserts je m'interroge moi aussi. Une expérience encore un fois exceptionnelle mais crois tu que la France aura des retombées de ces manifestations???? Amitiés
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J
J'aimerais le croire ... mais la parenthèse de sérénité est déjà passée. Nous verrons bien ce qu'il restera de pérenne de cette parenthèse unique