Rendez-vous en terre inconnue ... sur la terre de nos aïeux (10 et fin)

Publié le par Jérôme Voyageur

Udine, 23 Septembre

Voici le dernier jour arrivé.  La salle du petit-déjeuner est bien plus calme et déserte maintenant que les groupes germanophones sont repartis dans leurs contrées respectives. Pour nous ménager du temps, nous avons décidé de partir un peu plus tôt que les jours précédents. De nouveau, l'autoroute devient l'option privilégiée.

Peu après avoir dépassé Venise, la circulation des poids-lourds se densifie. Désormais, il faut redoubler de prudence et d'attention pour éviter de se faire pousser dans le décor. Jusque-là, la météo semble rester au beau malgré les craintes que nous avions en consultant les prévisions hier soir. Aussi, à la sortie de Vérone, après un dernier coup d'oeil vers le ciel, nous décidons de suivre le plan d'origine en sortant à Pescheria del Garda. Il faut rouler une petite quinzaine de kilomètres à allure modérée (pas le choix) avant d'apercevoir les eaux du lac de Garde.

Notre objectif est le village de Sirmione, installé sur une sorte de presqu'île à l'extrémité Sud du lac. Plus nous avançons, plus nous avons le sentiment de débarquer dans un coin hyper touristique où pullulent les résidences secondaires. Le stationnement pourrait s'annoncer acrobatique. Aussi, ne voulant pas courir le risque d'une situation "à la Grado", je finis pas profiter d'un rond-point pour retourner au parking tout juste dépassé, un vaste terrain doté d'un horodateur. En insérant les pièces qui ne font pas beaucoup bouger l'heure de fin, je comprends vite que le tarif n'est pas des plus modérés. Mais ici, il parait impossible de faire autrement. Descendus de voiture, nous constatons qu'il ferait presque chaud avec les quelques rayons de soleil qui arrivent à passer. Chargés de nos sacs à dos où nous avons glissé appareils photos et gourdes, nous nous mettons en marche. Par chance, sur le côté droit de la route, un trottoir plutôt large nous permet d'avancer à notre rythme sans bousculade  ni piétinement. Quelques centaines de mètres plus loin, nous pouvons déjà approcher l'eau qui se trouve à proximité; nous descendons même jusqu'au premier ponton que nous apercevons. Néanmoins, le point de vue n'est pas génial, la presqu'île restant assez peu visible de cet endroit et la côte Est un peu trop lointaine.

Alors nous reprenons notre marche en avant. Plus nous progressons plus nous constatons que nous aurions peut être pu tenter d'avancer avec la voiture. Tant pis, ce qui est fait, est fait. Nous comprenons aussi que la navette qui permet de relier tous les parkings aux portes de la vieille ville est payante. Et pas qu'un peu! Idem pour les toilettes publiques. Très vite je comprends qu'ici, tout est fait pour "soutirer" de l’argent aux visiteurs. Je peux comprendre qu'il faille financer la cité. Mais quel contraste avec les lieux visités ces derniers jours dans le Frioul. Le jour et la nuit à tous points de vue.

Lorsque l'avenue commence à s'élargir, prolongée qu'elle est sur notre gauche par une sorte de parc, et que les deux alignements d'arbres révèlent petit à petit quelques murailles, nous savons que nous ne sommes plus très loin du but. La densité plus grande de la foule nous fournit un autre indice convaincant. Puis nous atteignons un premier bassin où sont amarrés quelques bateaux. Il semblerait que les ballades nautiques sur le lac partent aussi de ces pontons. Non loin de là, à l'ombre ou à l'abri du dernier arbre au tronc entièrement décoré de guirlandes de fruits, alternance de gros citrons bien jaunes et de grenades bien rouges, est installé un vendeur original. Plutôt que des glaces, il propose jus de fruits naturels, cornets ou barquettes de fruits tout aussi frais et très colorés. A voir les mains des touristes à proximité, il semble faire un tabac.

Les abords de SirmioneLes abords de SirmioneLes abords de Sirmione
Les abords de SirmioneLes abords de SirmioneLes abords de Sirmione

Les abords de Sirmione

Avant de nous engager sur le pont, nous préférons d'abord le dépasser pour admirer depuis l'extérieur cet étonnant château, dit Rocca Scaligera, littéralement construits les pieds dans l'eau. Nous observons même que des ouvertures sont aménagées au bas de certains pans de murs pour laisser l'eau circuler autour des fortifications. Hors d'eau, la construction est impressionnante avec ses diverses tours crénelées, dominées par un donjon au centre de la citadelle. Les fameux créneaux attirent notre attention avec leur profil tout en rondeur, en queue d'aronde. En avançant encore un peu, nous découvrons qu'en plus du pont d'accès à la ville, un second pont-levis permettait un autre accès à l'édifice depuis la terre. Mais celui-ci n'est pas praticable. En revanche, nous sommes surpris de voir passer un petit bateau sous les arches successives, là où le passage semblait pourtant bien étroit au premier regard.

Sans aucun doute, ce premier contact avec Sirmione est particulièrement photogénique, que ce soit avec les façades colorées à gauche du pont ou bien  les remparts du château à droite. Et au milieu barbotent tranquillement toute une série de canards, assez peu perturbés par la foule bruyante au-dessus d'eux. Avis aux agoraphobes, le passage du pont est le plus pénible de la visite. Véritablement goulet d'étranglement associé au manque de savoir-vivre de certains, il faut prendre sur soi sur quelques dizaines de mètres pour franchir la porte de la cité.

Rocca Scaligera, le château de SirmioneRocca Scaligera, le château de SirmioneRocca Scaligera, le château de Sirmione
Rocca Scaligera, le château de SirmioneRocca Scaligera, le château de SirmioneRocca Scaligera, le château de Sirmione
Rocca Scaligera, le château de SirmioneRocca Scaligera, le château de SirmioneRocca Scaligera, le château de Sirmione

Rocca Scaligera, le château de Sirmione

Rocca Scaligera, le château de SirmioneRocca Scaligera, le château de Sirmione
Rocca Scaligera, le château de SirmioneRocca Scaligera, le château de Sirmione

Rocca Scaligera, le château de Sirmione

Dès l'arche franchie, nous longeons une douve qui contribue à poursuivre l'encerclement aquatique. Ici les canards ont laissé place aux grèbes huppés et aux foulques. Mais là encore, je suis très agréablement surpris par la clarté de l'eau, une situation rare au pied d'un château quel que soit le pays. Un nouveau petit pont se présente à nous, déjà le troisième accès à l'édifice tandis que nous continuons d'en faire le tour. Une plus large promenade longe l'arrière, toujours à distance d'eau. C'est bien confirmé: Rocca Scaligera ressemble à un navire de pierres qui serait au mouillage au creux de la côte. Cette voie piétonne plus aérée est enfin l'occasion de respirer un peu. Les flots de touristes commencent à se disperser de-ci de-là.

Rocca Scaligera, le château de SirmioneRocca Scaligera, le château de SirmioneRocca Scaligera, le château de Sirmione
Rocca Scaligera, le château de SirmioneRocca Scaligera, le château de SirmioneRocca Scaligera, le château de Sirmione
Rocca Scaligera, le château de SirmioneRocca Scaligera, le château de SirmioneRocca Scaligera, le château de Sirmione

Rocca Scaligera, le château de Sirmione

A hauteur du donjon, nous bifurquons sur la gauche dans la rue de Dante qui nous fait passer entre le choeur de l'église et un petit jardinet charmant pourvu d'une agréable vue sur le lac. Une petite porte percée dans une nouvelle muraille nous permet d’accéder à une sorte de terrasse surplombant la menue plage del Prete, désertée par les baigneurs. Autant dire que ce ne sera pas non plus notre objectif. Après avoir fait demi-tour, nous longeons l'église, à "l'ombre" de l'alignement de cyprès, jusqu'au pied du campanile. A l'issue d'une visite rapide de l'église, nous dénichons un escalier niché près du clocher. Il permet de rejoindre la via Anticha Mura, une ruelle en contrebas. Vu l'heure, et vu la disponibilité des places en terrasses, nous décidons de faire la pause dans un des restaurants. Étonnamment, malgré sa situation, les tables installées directement dans la rue offrent tout de même un repas dans un ambiance calme. D'abord tenté par une assiette de pâtes, je finis par commander au dernier moment un plat qui m'avait échappé, du foie de veau à la vénitienne qui se révèle bien bon. Slurp!

Le ventre plein, nous pouvons continuer notre découverte de la péninsule. Dans ce but, nous retournons vers la plage d'où part un chemin côtier qui permet de longer paisiblement le lac. Chaque pas nous éloigne des foules, à croire que la majorité des visiteurs stagnent autour du château. Petit à petit, nous quittons le quartier le plus densément bâti pour des villas de vacances, voire même des hôtels plantés au coeur de vastes parcs. A ce titre, le palace Villa Cortine tient le haut du pavé, en plus d'avoir la vue. En tournant momentanément les talons, nous avons enfin une perspective intéressante sur le donjon et ses remparts grâce à la forme de la baie que nous venons de suivre. Les nuages ne laissant presque pas d'éclaircie, la baignade n'est pas l'activité la plus prisée. Il n'y a guère que les plus petits des bambins qui barbotent. Mais ce sont les oiseaux qui restent les plus nombreux à profiter de l'eau douce.

Sirmione, cité médiévaleSirmione, cité médiévaleSirmione, cité médiévale
Sirmione, cité médiévaleSirmione, cité médiévaleSirmione, cité médiévale
Sirmione, cité médiévaleSirmione, cité médiévaleSirmione, cité médiévale

Sirmione, cité médiévale

Côté Est de la péninsule de SirmioneCôté Est de la péninsule de SirmioneCôté Est de la péninsule de Sirmione
Côté Est de la péninsule de SirmioneCôté Est de la péninsule de SirmioneCôté Est de la péninsule de Sirmione
Côté Est de la péninsule de SirmioneCôté Est de la péninsule de SirmioneCôté Est de la péninsule de Sirmione

Côté Est de la péninsule de Sirmione

A l'abord de la plage suivante, nous n'avons pas d'autre choix que de remonter sur les hauteurs, le chemin bifurquant en épingle pour se transformer en une allée ombragée en bordure d'un parc consacré à la Callas qui résidait dans une villa voisine. C'est ainsi que nous finissons par déboucher sur une large rue, presque disproportionnée tant les véhicules sont rares ici. En revanche, elle permet d'absorber un débit de touristes soudainement plus notable. En fait, la majorité des gens vont à la facilité en filant droit devant dès leur entrée dans la vieille ville. Portés par le mouvement, nous nous promenons jusqu'à l'extrémité de la via Caio Valerio Catullo. Ici commence le site archéologique dit des grottes de Catulle qui occupe tout l'extrémité Nord de la presqu'île.

Mais, en ce qui nous concerne, un coup d'oeil à la montre nous rappelle que l'heure a tourné alors qu'il nous reste encore pas mal de route à faire. Nous rebroussons chemin par l'itinéraire le plus court. Cela signifie aussi le plus encombré. Lorsque la large rue se transforme en ruelle, il faut vite jouer des coudes pour avancer. Nous profitons néanmoins d'une placette s'étirant jusqu'au rivage pour prendre une courte respiration avant de replonger dans la mêlée. Nous avons hâte de franchir le pont et de retrouver plus d'espace. Mais c'est aussi là que nous notons un changement de temps. La température a fraichi et le vent s'est significativement levé.  Il va peut être falloir ne pas trainer trop longtemps pour rejoindre la voiture. Ces trois kilomètres du retour me paraissent une éternité, assurément pas le meilleur moment de la journée. Coup de fatigue? Toujours est-il que le parking apparait à point nommé. Je n'aurais pas cru que ma boutade du matin allait se réaliser. A peine les portières refermées, quelques gouttes commencent à s'écraser sur le pare-brise. C'était moins une!

SirmioneSirmioneSirmione
SirmioneSirmioneSirmione
SirmioneSirmioneSirmione

Sirmione

Le lac de GardeLe lac de GardeLe lac de Garde

Le lac de Garde

Les prévisions météorologiques avaient vu juste.  La pluie sur tout le Nord de l'Italie est bien au rendez-vous. Par chance, elle nous aura épargné le temps de découvrir un petit bout du lac. En revanche, ce sont plusieurs déluges qui s'abattent sur nous alors que nous roulons sur l'autoroute. La circulation, déjà tendue sur ce tronçon avec les nombreux poids-lourds, est encore plus stressante qu'à l'aller. Les accalmies sont les bienvenues.

La descente vers Gênes est tout aussi pénible que la montée. Comme dans l'autre sens, les chantiers sont nombreux, les changements de limitations de vitesse incessants ... et que dire des virages ... innombrables. Mais nous n'étions pas encore au bout de nos surprises. La sortie de l'autoroute à Vintimille est des plus aléatoires. A cause des chantiers en cours, notre GPS est incapable de nous indiquer par où passer. Il faut "naviguer" à vue dans la pénombre qui s'installe, en espérant ne pas se tromper. Par le plus grand des miracles, nous aboutissons après diverses boucles à une des deux guérites permettant de rejoindre Menton. En effet, nous abandonnons ici l'autoroute pour la corniche. En plein jour et sous le soleil la route doit être sympa, mais là, il me tarde d'arriver, peu importe le paysage.

Nous passons devant le poste de douane, sans schnouf dans les ailes, ni d'or dans le pare-choc, ni de bijoux dans la batterie ni même de Youkounkoun dans le volant. Ceci explique peut être pourquoi il est désert et que personne ne nous attend :-) . Vu l'heure, nous n'essayons même pas de demander une place de parking à l'hôtel; nous avançons sur l'avenue jusqu'à dénicher quelques places dans l'autre sens. Tant pis s'il faut marcher un petit peu. Quant au disque, nous n'aurons aucun souci à cette heure-ci. Une fois les bagages abandonnés dans la chambre sans même les déballer, nous repartons immédiatement vers le centre-ville. Bien que nous soyons un lundi soir de la fin Septembre, la plupart des restaurants semblent afficher complet ou presque. C'est un comble. Nous obtenons tout de même une table sans trop attendre. Cela tombe bien, la journée a été longue et Morphée me tend les bras.

Menton allume ses "feux"Menton allume ses "feux"
Menton allume ses "feux"Menton allume ses "feux"

Menton allume ses "feux"

24 Septembre

Pas de pluie à l'horizon, seulement de la grisaille. Nous avons la bonne surprise de constater qu'il est bien plus rapide de sortir de la ville jusqu'à l'autoroute que le contraire. Puis nous mesurons notre chance de circuler dans le bon sens. De l'autre côté du muret central, c'est un embouteillage quasi continu entre Antibes et Menton. Effrayant! Dans le Var, nous affrontons quelques gouttes avant que la météo ne se remette au beau fixe à mesure que nous avançons vers l'Ouest. Et c'est sous un chaud soleil que nous atteignons Narbonne à la mi-journée où le déjeuner est prévu chez mon oncle et ma tante. Cela me fait plaisir de les revoir depuis le temps. Il ne reste plus qu'à couvrir le dernier tronçon jusqu'à Toulouse, presque une formalité après tous ces kilomètres depuis une semaine que nous sommes partis. Contrairement à mes craintes, le périphérique est plutôt fluide. Ainsi se termine ce périple en terre désormais connue, où nous avons plus effleurer la terre de nos ancêtres.

Publié dans Carnet de voyage, Europe, Italie

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J
Les lieux me sont connus mais vus il y a de cela 16 ans. Le tourisme de masse n'existait pas encore! J'ai comme l'impression que tu es critique en ce qui concerne la circulation!!! Tu as raison mais il faut dire que l'Italie est la moitié de la France comme superficie! Un voyage qui a du vous émouvoir souvent! Amitiés
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J
Tu as tout juste :-)