Rendez-vous en terre inconnue ... sur la terre de nos aïeux (5)

Publié le par Jérôme Voyageur

Udine, 21 Septembre

Après une première journée où nous avons essayé de mettre nos pas dans les sabots de mon grand-père, ce samedi matin sera touristique. L'idée est de faire connaissance avec cette ville d'Udine que nous avons à peine effleurée et découvrir ce qu'elle renferme comme joyaux du patrimoine.

C'est sous un beau soleil exaltant un ciel bleu et pur que nous nous mettons en marche depuis notre hôtel. Deux cent mètres plus loin, nous faisons une première halte pour aller voir de plus près cette chapelle que nous avons déjà aperçue deux fois en sortant dîner. Sous la lumière matinale, l'église Sant Antonio de Padova, toute de briques, arbore une belle parure idéalement rehaussée par l'écrin de verdure que lui offre le petit parc attenant et ses grands arbres. Néanmoins, son intérieur reste assez quelconque et ne mérite pas d'y passer plus de quelques minutes.

Sant Antonio de PadovaSant Antonio de PadovaSant Antonio de Padova

Sant Antonio de Padova

Nous poursuivons donc notre chemin par ce qui est déjà devenu notre parcours habituel sur quelques centaines de mètres, constatant au passage que les terrasses des bistrots et restaurants sont désertes, sans le moindre autochtone devant un verre de vin ou une partie de cartes. Mais cette fois, en abordant le parvis du sanctuaire della Beata Vergine delle Grazie, nous ne descendons pas le grand escalier immédiatement. De jour, avec la lumière matinale dans le dos, sa façade néo-classique est presque moins éclatante qu'avec les spots nocturnes. J'ai toujours cette impression d'être devant un temple antique plutôt qu'une église avec ses quatre colonnes et son fronton triangulaire. Passé le vestibule, nous constatons que malgré l'heure matinale, une messe est déjà en cours dans la nef. Il nous est impossible de l'arpenter sans déranger les fidèles. Aussi, nous faisons demi-tour pour aller voir le cloître attenant. Bien que d'apparence assez peu ancienne, il ne faut néanmoins pas hésiter à franchir le portail, faire le tour de la galerie et lever les yeux. Ici encore, les parois et les plafonds sont largement recouverts de fresques évidemment consacrées aux thèmes religieux. Bien que certaines soient amputées de quelques zones, elles sont globalement dans un état satisfaisant. Parmi elles, une retient tout particulièrement mon attention : de manière bien inhabituelle, le Christ y apparait en croix mais penché en avant, comme s'il cherchait à ramasser quelque-chose avec ses mains. Étonnant. Ce cloître accueille aussi quelques cadrans solaires et permet de bien voir le clocher dont le style plus brut contraste particulièrement avec la façade de l'église.

La deuxième tentative reste infructueuse, l'office n'étant toujours par terminé. Nous réalisons rapidement un cliché de l'intérieur de la nef avant de nous attarder dans le vestibule où une profusion d'ex-votos ont été exposés. Dans une autre vitrine, c'est carrément un armure qui est présentée, dite masque du diable.

Il est alors temps de continuer notre visite en descendant les marches pour rejoindre la vaste place du 1er mai en forme d'ellipse au-delà de laquelle nous apercevons la colline du château, couronnée par son ange doré. Elle offre aussi un espace végétalisé couvert de pelouses et planté de nombreux platanes sous lesquels quelques kiosques attirent de nombreux noctambules lorsque la nuit arrive et qu'on veut boire et manger sur le pouce. En revanche, la fontaine centrale reste désespérément à sec.

Santuario della Beata Vergine delle GrazieSantuario della Beata Vergine delle GrazieSantuario della Beata Vergine delle Grazie
Santuario della Beata Vergine delle GrazieSantuario della Beata Vergine delle GrazieSantuario della Beata Vergine delle Grazie
Santuario della Beata Vergine delle GrazieSantuario della Beata Vergine delle GrazieSantuario della Beata Vergine delle Grazie

Santuario della Beata Vergine delle Grazie

Au sortir de la place, après une centaine de mètres, nous bifurquons sur notre droite pour entrer dans le vieux centre d'Udine. Cette partie de la ville est délimitée par la porte Manin, vestige d'anciennes fortifications désormais disparues. Dès l'arche passée, nous arpentons une zone quasi piétonne, où seuls quelques rares véhicules sont autorisés à circuler, autant dire qu'il est agréable d'y flâner dans un relatif silence. La rue pavée s'élève lentement mais sûrement, signe que nous approchons de la colline, assez peu visible dans cette partie bâtie.

Le joyau de la cité s'annonce au débouché de la rue, lorsque nous atteignons la piazza della Liberta bordée par deux loggias qui se font face. Quel dommage que ce podium gâche le spectacle! Nous sommes tombés le week-end où s'organise le marathon d'Udine. Il va falloir faire avec pour les photos et se contenter de bouts de la loggia San Giovanni, celle blottie au pied de la colline. Ce n'est pas forcément la plus belle des deux, une longue enfilade sous arcades mais coiffée d'une horloge où officient deux jacquemarts. Diverses statues et fontaines sont installées sur l'esplanade, dont l'incontournable lion de Saint-Marc. En m'approchant sous les voûtes, je découvre que toutes les loges et la pièce centrale sont affectées à des associations d'anciens combattants et à un mémorial.

Via ManinVia Manin
Via ManinVia Manin

Via Manin

Piazza della Liberta - loggia San GiovanniPiazza della Liberta - loggia San GiovanniPiazza della Liberta - loggia San Giovanni
Piazza della Liberta - loggia San GiovanniPiazza della Liberta - loggia San GiovanniPiazza della Liberta - loggia San Giovanni
Piazza della Liberta - loggia San GiovanniPiazza della Liberta - loggia San GiovanniPiazza della Liberta - loggia San Giovanni

Piazza della Liberta - loggia San Giovanni

En face, la loggia del Lionello, moins large mais plus haute, ressemble étrangement au palais des Doges de Venise : même style, même apparence. Il faut absolument s'approcher, monter les quelques marches qui mènent jusqu'à la terrasse qui occupe tout le rez-de-chaussée du palais; pour y admirer le superbe pavement de marbre, les deux peintures au mur, et la finesse des chapiteaux. Accessoirement, c'est le balcon idéal pour profiter de toute la place, de ses environs immédiats, et de la vue sur le château, juste au-dessus de l'autre loggia. Là encore, la toile azurée que nous offre le ciel matinal de ce samedi magnifie le spectacle. Il ne faut pas oublier de noter que les immeubles édifiés tout autour complètent le tableau avec des façades colorées, toutes de teintes différentes.

Piazza della Liberta - loggia del LionelloPiazza della Liberta - loggia del LionelloPiazza della Liberta - loggia del Lionello
Piazza della Liberta - loggia del LionelloPiazza della Liberta - loggia del LionelloPiazza della Liberta - loggia del Lionello

Piazza della Liberta - loggia del Lionello

Temporairement, nous revenons sur nos pas, et nous "redescendons" de quelques centaines de mètres en direction de la cathédrale. En chemin, nous franchissons l'arche d"arrivée de la course, déjà installée pour demain. Quelques dizaines de mètres plus loin, nous atteignons le pied du campanile-baptistère octogonal : vertigineux, surtout quand nous y passons juste au pied. Comme la totalité de la cathédrale, il est entièrement constitué de briques rouges. Ce style me rappelle ma belle ville! Qui plus est, les rayons du soleil lui donne une apparence encore plus chaude. Parvenus sur la place devant la façade, nous découvrons un imposant édifice de style gothique. En plus des diverses portes et fenêtres, nous retrouvons les mêmes oculi vus à Spilimbergo hier. Sa largeur nous impose de reculer pour essayer de la prendre en photo en entier. Du coup, il faut se faufiler au milieu du marché pour dénicher la place adéquate. A peine les portes poussées (par chance elles sont ouvertes ici), le contraste est saisissant : l'intérieur présente un style baroque particulièrement inattendu après la relative sobriété des extérieurs. Si les voûtes des nefs affichent une couleur blanche uniforme, il en va tout autrement du choeur et de ses deux chapelles adjacentes qui sont entièrement peints et parés de nombreuses sculptures. Dans celle de gauche, il ne faut pas manquer les stalles en bois de même que la chaire finement sculptée mérite assurément le coup d'oeil sur la droite de la nef centrale. Les chapelles latérales sont d'intérêt inégal mais parmi toutes les oeuvres, il est possible d'y dénicher celles de Tiepolo. En tout état de cause, la visite attentive de la cathédrale nécessite d'y passer un certain temps. Mais il fallait bien que nous trouvions une porte close : impossible d’accéder au baptistère ....

DuomoDuomoDuomo
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Duomo

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Duomo

Duomo ... panoramique

Duomo ... panoramique

Du coup, nous profitons d'être dans le quartier pour aller jeter un oeil à l'oratoire de la Pureté, initialement un théâtre finalement converti en lieu religieux à la demande d'un évêque qui ne tolérait pas la présence d'un lieu profane si près de sa cathédrale. A peine entrés, nous constatons qu'un mariage est en train de se préparer. Nous comprendrons plus tard que cette noce nous a offert l'opportunité de trouver le portail ouvert. Il sera refermé quelques temps après. A l'intérieur, nous pouvons admirer de magnifiques fresques des Tiepolo, père et fils, avec une particularité pour celles des murs qui sont réalisées en dégradés de gris et ors, ce qui donne l'impression de regarder des bas-reliefs en pierre.

Oratorio della PuritaOratorio della PuritaOratorio della Purita
Oratorio della PuritaOratorio della PuritaOratorio della Purita
Oratorio della PuritaOratorio della PuritaOratorio della Purita

Oratorio della Purita

Après cet aparté religieux, nous retournons vers la place où nous empruntons la rampe qui monte sèchement vers le château, juste à l’extrémité de la loggia San Giovanni. L'arco Bollani, veillé par un incontournable lion ailé, marque l'entrée du parc. Le chemin monte à flanc de colline pour adoucir la pente, néanmoins bien marquée. A gauche, nous découvrons de près cet édifice qui veille sur la ville, sorte de massif bloc minéral au style un peu brut; loin de la forteresse originelle. Sur la droite, une nouvelle loggia fait son apparition, la troisième, dite del Lippomano. Si sa galerie est dépourvue de toute décoration, ses arches offrent une intéressante architecture.

Enfin, à l'issue de la montée, nous approchons au plus près le clocher de l'ange doré que je photographie de tous les points de vue possible et imaginable, à tel point que cela devient le sujet d'un comique de répétition avec Papa jusqu'à la fin du séjour. La chapelle au pied du clocher portant la dite sculpture est elle-aussi fermée, mais pour cause de travaux. Chemin faisant, nous avons fini par rejoindre l'esplanade du château qui offre un large point de vue à 180 degrés sur la ville en contrebas et les Alpes Juliennes à l'horizon. J'en profite pour  poursuivre son apprentissage de la prise de vue en mode panorama. Cela commence à rentrer!

Ayant profité du parc, nous pouvons désormais rejoindre l'intérieur du château par l'arrière. La galerie abrite un échantillon de pierres gravées, a priori essentiellement de l'époque romaine, et, bizarrement un canon Krupp autrichien explosé au milieu du tube. Pour une raison que j'ignore, seule une bonne moitié de l'édifice était accessible, en l'occurrence le musée d'art antique au premier, le musée de la photographie au second étage, et le musée de la renaissance italienne au rez-de-chaussée, l'occasion de faire des découvertes dans chacun d'entre eux.

Devant la façade, un escalier un poil vertigineux permet de rejoindre la place directement au niveau de l'arc d'entrée.

Le châteauLe châteauLe château
Le châteauLe châteauLe château
Le châteauLe châteauLe château

Le château

La vue depuis le châteauLa vue depuis le châteauLa vue depuis le château
La vue depuis le châteauLa vue depuis le châteauLa vue depuis le château
La vue depuis le châteauLa vue depuis le châteauLa vue depuis le château

La vue depuis le château

Le château et ses muséesLe château et ses muséesLe château et ses musées
Le château et ses muséesLe château et ses muséesLe château et ses musées
Le château et ses muséesLe château et ses muséesLe château et ses musées

Le château et ses musées

L'heure tournant, il va être temps de songer à trouver un endroit pour déjeuner. Aussi, je propose à Papa de nous diriger vers la piazza Giacomo Matteotti. Rapidement, nous comprenons que nous approchons du coeur vivant et touristique de la ville. Cette impression se confirme lorsque nous débouchons sur la place : le brouhaha provoqué par la foule tout autant que par les nombreuses terrasses nous surprend, je dirais même nous cueille à froid. Sur trois côtés se dressent des maisons colorées, juchées pour la plupart sur des arcades. Mais notre objectif immédiat se trouve en face de nous, en l'occurrence l'église San Giacomo Apostolo. Sa façade claire de style baroque laisse présager le meilleur à l'intérieur. Malheureusement, nous n'en verrons que la nef annexe, la principale étant remplie par une noce nombreuse. Et dès la sortie des mariés, les portes se referment sur notre nez. Décidément, c'est un vrai chemin de croix pour entrer dans une église de cette région. Du coup, par dépit, nous nous installons à la terrasse du restaurant voisin, avec vue sur toute l'effervescence de la place.

Piazza Giacomo MatteottiPiazza Giacomo MatteottiPiazza Giacomo Matteotti
Piazza Giacomo MatteottiPiazza Giacomo MatteottiPiazza Giacomo Matteotti
Piazza Giacomo MatteottiPiazza Giacomo MatteottiPiazza Giacomo Matteotti

Piazza Giacomo Matteotti

Le ventre plein, nous faisons un dernier tour sur la place avant de déambuler dans les ruelles attenantes qui nous ramènent vers la colline. Nous finissons par déboucher presque au bout le rue Mercatovecchio, qui, d'ailleurs, ressemble plus à une longue place. En passant devant le mont de Piété, nous avons la surprise d'y découvrir une chapelle, celle de Santa Maria Del Monte, un vrai petit bijou qu'on peut admirer malgré les grilles, du plus pur style baroque, avec moult sculptures, peintures et autel en marbre. Cette fois, nous avons fait le tour de ce que j'avais pu repérer. Et surtout, nous avons un peu de route cet après-midi. Alors nous retournons sans tarder à l'hôtel pour récupérer la voiture.

Via Mercatovecchio et mont de PiétéVia Mercatovecchio et mont de PiétéVia Mercatovecchio et mont de Piété
Via Mercatovecchio et mont de PiétéVia Mercatovecchio et mont de PiétéVia Mercatovecchio et mont de Piété

Via Mercatovecchio et mont de Piété

Publié dans Carnet de voyage, Europe, Italie

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Commenter cet article
J
tu n'as pas eu de chance avec les églises! Heureusement qu'il y a des mariages!!! :-) Peut etre que la dévotion des habitants est si modeste qu'on ferme la porte au nez des touristes! J'ai retrouvé un de tes commentaires sur un article de 2019 que j'avais fait sur Udine. Nous étions juste avant le Covid et le projet dont tu parles a du etre renvoyé!!! Je vais lire la suite
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J
Ca doit correspondre en effet. J'avais réservé pour la semaine où la France a été confinée en 2020, sachant que l'Italie l'était déjà quelques jours avant ...