Passion spatiale en terres européennes (6)
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Vendredi 28 Mars
Pourtant, au petit matin, il faut se rendre à l’évidence. A l’approche de la gare d’Orléans-Les Aubrais, le conducteur nous annonce un retard de vingt minutes suite à un obstacle rencontré pendant la nuit. Plus tard, à l’approche de Paris, alors que le retard est tombé à seulement une dizaine de minutes, il nous donne plus de précisions. La rencontre fortuite avec un sanglier près d’Angoulême nous a arrêtés pendant une heure et quarante cinq minutes. Cette fois c’est certain, j’ai dormi profondément : tout ceci m’a échappé. Alors que le jour vient de se lever, il est temps de se préparer : se rhabiller, refaire la valise sans rien oublier.
Parvenus à Austerlitz, nous sautons directement dans le métro en direction de la gare Saint-Lazare. La cohue matinale ne me manquait pas vraiment. Après ce transfert, nous pouvons nous poser le temps de prendre un petit-déjeuner dans le hall. Pas le temps néanmoins de siroter son café et de déguster son croissant : c’était juste mais sans marge. Et c’est reparti pour un nouveau train, cette fois un TGV en direction de la Champagne, destination Reims. Ce tronçon passe bien vite, environ une quarantaine de minutes : pas même l’occasion de voir passer le moindre contrôleur. Le wagon-bar étant fermé, nous pouvons nous y réfugier pour une mini-conférence de Pif à propos du « new space » français, thème de la matinée. Une passagère de notre wagon n’a pas apprécié que nous parlions ensemble à proximité. Deux taxis nous attendent sur le parvis de la gare champenoise. Ils nous transportent jusqu’au site de la start-up Latitude, une des sociétés françaises de cette nouvelle vague du spatial, dans le sillage de l’ogre américain Space X. Arrivés un peu avant l’heure du rendez-vous, nous profitons des agréables rayons de soleil, couverts par nos manteaux néanmoins.
A neuf heures, Kevin, un des trois cofondateurs de l’entreprise, nous ouvre les portes et nous accueille. Délestés de nos bagages, un peu encombrants, dans le premier bureau sur la gauche, nous le suivons dans la grande salle multi-fonctions pour une présentation de Latitude, de sa future fusée Zéphyr (made in Champagne comme il est inscrit sur les affiches, bannières et autres maquettes), et de ses moteurs, les Naviers. Nous avons même droit à quelques vidéos des premiers essais dans les Shetlands, au nord de l’Ecosse, à la fois celles des succès, qui sont aussi visibles en ligne sur les réseaux sociaux, et celle du tout premier, un peu moins réussi. Après cette introduction, notre hôte nous emmène à travers les locaux pour continuer à nous parler pas à pas du projet et de son avancement. Il répond aussi volontiers à toutes nos questions, tout comme il nous autorise à faire toutes les photos que nous souhaitons sauf si on devait y apercevoir l’intérieur des tuyères. Voici une contrainte tout à fait acceptable. Qu’il en soit ainsi ! Ces Naviers paraissent bien petits. Pourtant le film des essais confirme bien leur puissance, le tout imprimé en 3D. Il faut dire que j’ai tendance à prendre comme référence les lanceurs lourds, une toute autre catégorie que la Zéphyr. A l’arrière du hangar, nous pouvons même apercevoir les sept moteurs montés sur châssis représentatif de la base de la future micro-fusée. Partout dans les lieux j’aperçois des maquettes de toutes tailles et de toutes matières du Zéphyr ainsi que des prototypes de pièces du futur lanceur plus ou moins réussis. Nous sommes ici bien loin d’Ariane mais c’est aussi cela la tendance actuelle de l’accès à l’espace à coût réduit. Il ne reste qu’à leur souhaiter bonne chance pour le premier vol prévu en 2026 avant de prendre congé.