Passion spatiale en terres européennes (7 et fin)
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Nous partons ensuite par vagues vers le centre-ville au fil de l’arrivée des trois taxis. Là, nous faisons la connaissance de Philippe, ami de longue date de Pif, lui aussi auteur de livres sur le thème de l’espace, et, cerise sur le gâteau, docteur en histoire de l’espace. Rien que ça ! Encore un invité qui partage notre passion commune. Nous ressortons nos livres pour solliciter sa dédicace en tant que co-auteur du bouquin offert le premier jour. A l’issue de ce repas fait d’échanges d’anecdotes et d’expériences passées, nous partons à pied jusqu’aux caves de Pommery, à quelques centaines de mètres à peine. Difficile de manquer la propriété à la clôture de fer forgé parée de grandes lettres d’or au nom historique de la maison et aussi celui des propriétaires actuels. Le vaste jardin qui précède les bâtiments est ponctué d’oeuvres d’art massives, telle cette paire de bottes géantes ou encore ce banc tout aussi démesuré. Et même sans ces œuvres contemporaines, fiché au sommet d’une colline, l’édifice lui-même, dans son style néo-élisabéthain, et paré d’une livrée bleu pastel soulignée par le rouge brique des linteaux et autres tours d’angle, échappe difficilement au regard.
Arrivés un peu en retard pour la visite guidée, nous sommes escortés jusqu’à la guide qui n’est pas encore trop loin. Un long escalier descendant vertigineusement au cœur des caves nous sépare d’elle. Gare à la dernière marche, elle peut se « dérober » ! D’alvéoles en couloirs, notre hôtesse nous conte l’histoire de la maison, de ses vignes (dont quelques arpents seraient plantés en ville, une rareté) et de toute la technique de production du champagne, depuis le cep jusqu’à l’expédition des flacons. Ces anciennes crayères offrent certaines salles tout en élévation, un peu comme d’immenses cheminées, se terminant par un oculus qui diffuse une faible lumière à l’intérieur. Pour autant le stockage pour vieillissement se fait dans l’obscurité … et la poussière. Les plus grosses des bouteilles stockées à l’horizontale dans les couloirs en sont recouvertes depuis des années. Au fil de notre progression, nous constatons que la quasi-totalité des alvéoles arborent de grandes plaques, ressemblant à celles des stations de métro mais affichant des noms de villes. Nous apprendrons plus tard que cela correspondait aux stocks pour chacun des clients. Ici et là, l’art se déploie sous nos yeux : les bas-reliefs sculptés directement dans la roche et d’un blanc étonnant ; mais aussi et surtout, les nombreuses œuvres d’art contemporain exposées tout le long du parcours. Il s’agit là de la perpétuation de la volonté de Madame veuve Pommery, grande amatrice d’art. Tout n’est pas du meilleur goût : cela va de la forêt de papillons à cette fleur de lotus géante qui se gonfle et se dégonfle cycliquement … A la fin du parcours, deux alcôves lourdement fermées et protégées par de non moins lourdes grilles laissent voir quelques vieux flacons dont le plus ancien date de 1874. Il est alors temps de remonter l’escalier. Celui-ci me semble bien plus long lors de l’ascension mais nous ne risquons pas de tomber dans ce sens. Sur le dernier palier, quelques masques d’escrime accrochés au mur rappellent qu’il fut un temps leur port était indispensable pour les visiteurs pour se protéger des bouteilles qui pouvaient éclater à tout moment.
De retour dans la salle d’accueil des visiteurs, il nous faut reprendre notre souffle avant de rejoindre le comptoir circulaire au centre de la pièce pour une dégustation bien méritée. Pour nous ce sera une flûte de Grand Cru royal. Et comme nous sommes moins nombreux que sur la réservation, il en reste deux supplémentaires. Il va falloir se sacrifier. Dures, dures les vacances !
Toutes les bonnes choses ont une fin et l’heure tourne. Il est temps de rejoindre la cour, où les taxis ne devraient pas tarder … enfin presque. Nous devons repasser par le restaurant pour récupérer les bagages avant de nous diriger vers la gare. Il semblerait que tous les taxis n’ont pas dû emprunter le même parcours : premiers partis de la cave, derniers arrivés sur le parvis. Finalement, il ne restait pas tant de marge que cela. Nous démarrons avec quelques minutes de retard pour l’ultime tronçon du voyage. Une pluie drue nous attend à notre arrivée sur la capitale. Le groupe se disperse dès l’arrivée à la gare de l’Est. Nous prolongeons un peu avec Fabrice, partageant le même métro jusqu’à nos RER respectifs. Cette fois, c’est bel et bien fini, un tour de l’Europe spatiale bien sympathique et richement ponctué des savoirs de Pifs et des rencontres surprises.