Attention à ne pas s'y prendre les pieds dans les cordes

Publié le par Jérôme Voyageur

Rochefort, Avril 2022

Après quatre jours tournés vers la mer, il était temps de se tourner enfin vers la terre. Et le plus simple consistait à visiter, ou plutôt revisiter, en ce qui me concerne, la cité de Rochefort. Quelques kilomètres de route à peine, et, Ô miracle, un grand parking gratuit non loin du centre-ville. C'est devenu tellement rare que cela mérite d'être signalé. Nous ferons sans les services de l'Office de tourisme tout proche, faute d'être arrivé trop tôt. Cette arrivée, un poil matinale, nous plonge dans une ville qui émerge à peine. Rares sont les commerces déjà ouverts, quelle que soit leur nature. Le bureau de poste m'impressionne par son architecture monumentale: on est rarement habitué à un tel faste pour ce service public. Quelques centaines de mètres plus loin, notre oeil est attiré par une façade d'apparence antique, avec sa colonnade et son fronton triangulaire. Il faut y regarder à deux fois et s'approcher du panneau signalétique pour découvrir qu'il s'agit de l'église Saint-Louis. Je m'attendais plutôt à une administration, genre tribunal. Nous poursuivons droit devant en direction de la Charente, laissant la place Colbert s'ébrouer. Arrivés à la rue Toufaire, nous sommes désormais proches du but.

L’emblème de la ville ne va plus tarder à apparaitre sous nos yeux. Malgré ses dimensions hors normes, elle se dissimule jusqu'au dernier moment. Surtout, que nous sommes détournés de notre objectif au dernier moment. A l'entrée des jardins de la Marine, mon regard est attiré par un petit portail sur la droite. On y annonce le potager du Roy. Par curiosité, je franchi le seuil pour découvrir derrière le haut mur de pierres un ensemble de bacs plus ou moins plantés et piquetés avec les noms des plantes, légumes et autres végétaux. Nous sommes vite rejoint par le volubile gardien. Il est ravi de nous raconter diverses anecdotes. Nous apprenons aussi que le potager a été élaboré avec les enfants de la ville, et continue à leur servir de support pédagogique. Il nous invite aussi à aller voir dans ce qui sert de serre: un pièce assez étroite où deux bananiers ont bien profité de l'atmosphère légèrement tropicale. Un bien agréable échange impromptu avec ce rochefortais.

Malgré cet aparté imprévu, nous rejoignons la Corderie Royale trop tôt. En attendant qu'elle ouvre ses portes, nous continuons jusqu'aux rives de la Charente. Décidément, depuis quelques jours, nous sommes abonnés aux marées basses. Le cours du fleuve est bien bas, laissant plus apparaitre des fonds boueux qu'un cours clair. Le jardin de la Corderie offre une déambulation bucolique, surtout que nous nous y retrouvons presque seuls. Cette ballade nous permet déjà d'appréhender toute la démesure de ce bâtiment historique qui s'étire sur plus de trois cent mètres. Il fallait bien cela pour être capable de fabriquer des câbles de marine d'au moins cent mètres. Nous avons beau avancer, le sentiment subsiste que nous n'arrivons pas au bout. Tout compte fait, avant même la partie centrale, nous faisons demi-tour pour retourner au pavillon sud qui fait désormais office de hall d'accueil du musée de la corderie après avoir servi de stockage de goudron. Encore un peu de patience avant que les portes s'ouvrent. Aujourd'hui, nous changeons de ministre de Louis XIV: après Vauban, c'est Colbert qui prend le relais.

La visite commence par un film qui retrace l'histoire de la Corderie du 17ème siècle à nos jours, de l'âge d'or à l'abandon, avant la résurrection, cela en redonnant vie à des personnages, historiques ou pas, ayant contribué à la grande et à la petite histoires. Vraiment très instructif. L'exposition qui suit l'est tout autant. Par le biais de divers objets, écrans interactifs, ateliers autonomes ou animés, elle permet de transmettre au public toutes les étapes nécessaires pour transformer du chanvre en câble de marine. Un volontaire sera même convié à faire la démonstration d'une étape du processus et de conserver son bout de câble. Nous aurions pu nous en douter, mais cela nous a néanmoins surpris : le musée n'occupe finalement qu'une petite partie du bâtiment. Le reste de l'édifice abrite entre autres une médiathèque et la chambre de commerce. La sortie se fait côté opposé à la Charente. Ainsi, nous pouvons apercevoir les massifs contreforts qui flanquent la corderie sur toute sa longueur de cette façade. Néanmoins, à bien regarder le mur, ils n'ont pas totalement réussi à maintenir l'immense bâtiment de niveau sur un sol vraiment des plus stables.

Le musée de la Corderie RoyaleLe musée de la Corderie RoyaleLe musée de la Corderie Royale
Le musée de la Corderie RoyaleLe musée de la Corderie RoyaleLe musée de la Corderie Royale
Le musée de la Corderie RoyaleLe musée de la Corderie RoyaleLe musée de la Corderie Royale

Le musée de la Corderie Royale

La Corderie RoyaleLa Corderie RoyaleLa Corderie Royale

La Corderie Royale

Nous poursuivons le long de la Charente en remontant vers les deux cales de radoub. Il y a vingt ans la plus grande d'entre elles était occupée par ce qui allait devenir l'Hermione, du moins sa réplique. Aujourd'hui, elle est vide et la plus petite a été aménagée avec un accro-branches s'inspirant d'un trois mâts. J'ai vraiment beaucoup de mal à adhérer mais après tout, il faut de tout. Direction la monumentale porte de l'Arsenal pour retourner dans le centre-ville. La maison de Pierre Loti étant toujours fermée pour restauration, il ne nous reste qu'à déambuler dans le marché avant de rejoindre la place Colbert à la mi-journée. Cette brasserie des Demoiselles installée au milieu fera l'affaire pour un déjeuner sans prétention.

L'Arsenal de RochefortL'Arsenal de Rochefort
L'Arsenal de RochefortL'Arsenal de Rochefort

L'Arsenal de Rochefort

Publié dans Carnet de voyage, Europe, France

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