Costa Rica, Splendeurs naturelles (5)

Publié le par Jérôme Voyageur

Un des canaux du parc de Tortugero
Un des canaux du parc de Tortugero

Mercredi 25 avril 2012, coopérative San Juan, Aguas Zarcas

Encore un réveil tranquille au milieu des champs d'ananas. Nous y prendrions presque goût. Sauf que ce matin, c'est l'heure du départ. Nous repassons d'abord à Aguas Zarcas pour quelques courses rapides et un passage à la Poste puis nous obliquons vers l'est en direction de la côte caraïbe. Je ne vois pas grand-chose de la route assommé que je suis par la monotonie de la route. Néanmoins, je constate un net changement de végétation.

Aux abords de Cariari apparaissent les plantations de bananes avec leurs habituels sacs bleus destiné à la maturation et leurs rails pour l'extraction des régimes vers les axes carrossables. A la sortie de la ville, il faut être expert pour dénicher la bonne route: aucune indication de direction. Mais sur ce coup-là, notre guide est parfait nous menant parfaitement à travers les bananeraies jusqu'à La Pavona. Il s'agit d'un simple snack doté d'un parking installé au point de départ des grandes pirogues d'une trentaine de places qui desservent Tortuguero via la rivière Suerte. C'est ici que nous abandonnons définitivement notre chauffeur. Changement de programme pour le bateau: nous partons de suite sans manger alors qu'il est déjà midi et demi. Nous sommes entassés dans une pirogue déjà bien chargée. Et c'est parti pour peut être deux heures de navigation dans un cours d'eau bien tortueux et peu profond. Le premier tiers est particulièrement technique pour notre pilote qui doit gérer les nombreux obstacles dont certains sont cachés et le manque de fond. Plus tard, le chenal s'élargit permettant une progression plus rapide. La faune est assez peu présente sur le parcours: à peine quelques reptiles (un caïman, un crocodile et trois basilics) et quelques oiseaux parmi lesquels des aigrettes, des martin-pêcheur et des cormorans. Il faut dire que nous sommes souvent entre deux murs de végétation qui paraissent impénétrables. Ici et là nous commençons à apercevoir des habitations au bord de l'eau.

Finalement, après une heure et demi, alors que le moteur ne veut plus démarrer, nous approchons de notre destination, le village caraïbe de Tortuguero, planté entre mer des Caraïbes et canal de Tortuguero où coule de l'eau douce. Autant dire un lieu soumis aux caprices des eaux et loin de tout, mais dans un écrin naturel de verdure luxuriante.

Une fois débarqués, nous traversons la moitié du village à pied avec les sacs. Ici pas de voiture ni même de moto je crois, seulement quelques quads et des cycles en tous genres. Nous allons loger deux jours chez Miss Junie, à l'extrémité nord du village, juste au bord du canal, dans un jardin tropical. Etant donné l'heure tardive, nous nous contentons de jeter les sacs dans les chambres avant de trouver à manger, ce qui n'est pas le moindre des défis. Il nous faut en essayer quatre avant d'en trouver un qui accepte de nous servir. Une longue attente est nécessaire mais le résultat est succulent, souligné par la saveur du lait de coco. Le ventre plein, nous explorons un peu la plage bien peu accueillante avec ses rouleaux perpétuels puis le village et ses ruelles souvent étroites. Tout le monde en profite pour faire ses emplettes. Puis, nous allons nous étendre un peu jusqu'à l'heure de l'apéro. Moment que choisit la pluie pour tomber dru. Nous attendons jusqu'à une accalmie pour nous lancer dans une nouvelle quête de repas. Certains restaurants sont carrément fermés. Ici ce n'est pas le client qui est roi! La restauratrice peu motivée et peu souriante finit par nous accepter et nous servir copieusement et délicieusement. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer. Et nous la quittons souriante. Tout arrive! Il n'y a plus qu'à retraverser tout le village sans croiser grand monde.

Jeudi 26 avril, Tortuguero

Réveil bien matinal ce matin. Nous quittons l'hôtel très tôt et le ventre vide pour être à six heures à l'autre bout du village, à l'entrée du parc national de Tortuguero. Nous y sommes accueillis par Don Chico et son jeune collègue pour aller explorer le par cet ses chenaux en pirogue à rame. En silence, c'est le meilleur moyen d'approcher au plus près la faune, surtout avec la connaissance et l'œil de l'ancien.

Nous traversons d'abord le canal principal qui longe la mer avant de sinuer dans les plus petits canaux au hasard des observations. En évoluant ainsi au ras de l'eau, l'impression de mur végétal est encore plus renforcée. En y regardant bien, la végétation semble impénétrable. Et pourtant, nous arrivons à faire quelques observations intéressantes. A commencer par cet aigle pêcheur branché au-dessus du canal. Il reste là un moment ce qui nous permet de le détailler longuement. Non loin de lui c'est un urubu à tête rouge parfaitement nommé, ce qui permet de l'identifier aisément. Le héron tigré est quant à lui bien peu farouche. Nous parvenons à l'approcher à deux pirogues sans qu'il ne bouge le moins du monde. Régulièrement, nous sommes survolés par divers martin-pêcheur dont celui d'Amazonie, celui d'Amérique et celui à ventre roux. Dans l'eau ce ne sont que quelques petits ou très petits caïmans. Pas le moindre grand modèle. Quelques iguanes sont perchés ici ou là sur les branches. Leurs cousins, les basilics se font bien rares. Malgré les conditions sombres par manque de lumière (la faute à une épaisse couverture nuageuse), nous avons la chance d'apercevoir le grand toucan, di toucan à carène, puis un couple d'ibis verts. Pour la couleur, c'est plus une déduction qu'une observation directe. Nous ne comptons plus les hérons, cormorans et anhingas aperçus. Bien caché sous les branches au ras de l'eau, nous dénichons un râle de Cayenne qui tranquillement prend son bain sans s'émouvoir de notre présence. L'eau gicle autour de lui.

Grâce à nos frêles esquifs nous empruntons des chenaux qui nous permettent d'éviter les gros engins bruyants tant par leurs moteurs que par le guide, voir par les américains à bord bien peu discrets. En revanche, un certain raffut dans les branchages attire notre attention. Après quelques minutes, nous finissons par apercevoir un simple capucin qui saute de branche en branche secouant au passage tout le feuillage. Un peu plus loin, nous découvrons pour la première fois un singe araignée. Il est remarquable avec ses quatre membres démesurément longs et agiles. Il nous gratifie même d'un saut dans le vide avec atterrissage dans l'arbre en-dessous. Après plus de trois heures, Jean-Paul explique à notre guide qu'il faut rentrer. Tout juste à l'heure avant la fin du service du petit-déjeuner.

Après cette petite pause roborative, nous repartons marcher sur le sentier qui longe la plage, en direction du sud. Nous retrouvons la moiteur du sous-bois tropical. Si les oiseaux se font entendre, en revanche, ils se cachent bien. Nous apercevons quelques insectes et surtout des lézards relativement bien camouflés. Le retour se fait par la plage , autant que possible près de l'eau pour avoir un sol aussi dur que possible. En contrepartie, il faut faire attention aux vagues sous peine d'avoir droit à un bain de pied salé. En chemin, nous trouvons un autre aigle finissant son repas sur un palmier. Au total, nous aurons marché presque trois heures. De quoi mettre en appétit! Heureusement, cette fois, Jean-Paul a "réservé" le restaurant. Il faut juste attendre que les poissons frais pêchés soient préparés.

En manque d'activité, nous optons pour une sortie en canoë ou en kayak pour tenter de revoir la faune du matin. Mal m'en a pris. Suite à quelques désistements, je me retrouve seul sur un canoë, une embarcation totalement instable. Résultat, au bout de trois mètres à peine, je me retourne. Heureusement que mes affaires étaient dans le sac étanche. Le second départ est le bon mais tout de même fastidieux. Je ne suis pas en confiance. Résultat, au bout d'une heure, je mets fin au calvaire sans avoir réussi à explorer les chenaux du matin. J'aurais tout de même vu un cormoran en train de manger et deux hérons. Ensuite, j'attends en séchant sur le quai du loueur le retour de Lisa et Cyril partis sur un kayak biplace bien plus stable.

Fin des péripéties pour la journée. Après le repas, nous faisons un passage dans la discothèque de Tortuguero, presque vide. Nous sommes les seuls sur la piste, à bouger sur des airs ayant plus de trente ans!

Vendredi 27 avril, Tortuguero

Ce matin, nous nous levons tranquillement. Nous avons un peu de temps devant nous. Après le petit-déjeuner, nous partons marcher avec Cyril le long de la plage, mais cette fois vers le nord. Rapidement le chemin se trouve bloqué par les lodges et il nous faut poursuivre directement sur la plage. Au-dessus de nos têtes se succèdent les petits avions qui assurent la desserte directe depuis la capitale. Après une heure de ballade, il ne reste qu'à boucler les sacs et rejoindre la place, au départ des bateaux. Une fois que le nôtre est plein, nous partons avec un quart d'heure d'avance sur l'horaire. Plus rien ne nous étonne ici!

Nous avons à peine traversé le canal principal que la pluie commence à tomber. Dans les premiers rangs nous sommes vite obligés de sortir les protections contre l'averse. Avec la vitesse, nous serions presque douchés. Les bagages sont rapidement bâchés. Peu de temps après, nous constatons que la pinasse a du mal à avancer par manque de fond, et à contre courant. Nous progressons donc très lentement. Du coup, entre deux averses, cela laisse la possibilité de quelques observations et quelques photos. C'est ainsi que j'arrive à apercevoir un singe hurleur en train d'escalader une palme tombée le long du tronc. Quelques basilics et martins-pêcheurs se montrent aussi entre les gouttes. A ce rythme, il nous faut presque deux heures et demi pour rejoindre La Pavona entre averses et temps gris.

Arrivés à destination, nous n'avons que quelques minutes avant l'arrivée du bus. C'est la foire d'empoigne pour y monter. Dans un premier temps, le chauffeur ne veut pas nous ouvrir les soutes, donc nous entassons nos bagages dans l'allée à l'arrière du véhicule. Finalement, nous serons les seuls à faire cela. Mystère! Il ne faut pas chercher à comprendre. Surtout que cet autocar est la seule liaison régulière avec la ville de Cariari. C'est parti cahin-caha sur la piste. Nous passons ainsi une heure à chauffer et tressauter au fond du bus. A Cariari, il nous faut encore patienter près de deux heures pour reprendre un bus cette fois à destination de la capitale. Avec la pluie qui ne cesse de tomber, nous sommes quasi coincés dans cette minuscule gare routière. Nous embarquons pour deux nouvelles heures de trajet jusqu'à San José. La majeure partie du voyage se fait sous le déluge, sur une route parfois à la limite de l'inondation.

Aux alentours de dix sept heures, nous descendons à la gare routière de la capitale, hautement surveillée par la police et des gardes privés. Cela nous surprend, nous n'étions pas habitués à un tel niveau de sécurité depuis notre arrivée au Costa-Rica. Jean-Paul réquisitionne trois taxis pour nous conduire jusqu'à l'hôtel. Et en plus il faut les guider puisqu'ils ne connaissent pas l'adresse! C'était presque juste pour les bagages mais en forçant un c'est passé. Nous voici installés au Taylor Inn, un bed and breakfast non loin du centre-ville. Juste le temps de se poser avant de partir faire quelques courses au supermarché le plus proche (deux personnes décollent très tôt demain!). Puis nous rentrons pour le dernier apéro du séjour, histoire de fêter avec quelques jours d'avance les anniversaires de Lisa et Brigitte. C'est enfin le dernier dîner pris en plein centre dans un restaurant typique mais bien disproportionné par rapport à l'affluence du jour. Après cette longue journée de transport, le sommeil vient très vite.

Samedi 28 avril, San José

Au retour de l'aéroport de Jean-Paul, nous prenons notre petit-déjeuner à l'hôtel, l'occasion de remarquer l'extrême indolence de la gardienne. Il faut tout réclamer. Le buffet n'est pas réapprovisionné. Heureusement que nous avons le temps! Jean-Paul propose de nous accompagner pour nous montrer le peu qu'il y a à avoir à San José: c'est-à-dire pas grand-chose. Direction donc le "museo nacional" que nous décidons de visiter avec Michelle. Il est installé dans l'ancien fort de Bellavista. Un petit musée qui présente en quelques salles un aperçu de l'histoire du pays. Deux expositions temporaires complètent la visite sans oublier l'immense serre aux papillons qui a été aménagé dans la première cours, juste derrière les murailles.

En sortant, nous parcourons rapidement le marché artisanal situé en contrebas. C'est à la sortie que nous retrouvons le reste du groupe. Nous faisons ensuite un tour dans le marché central, classé au patrimoine culturel du pays. On y trouve de tout, de la nourriture aux souvenirs, en passant par les herboristes, les petits "comedors", une animalerie et j'en oublie! Mais il faut encore meubler la matinée. Direction la cathédrale métropolitaine. Rien d'exceptionnel, c'est un bâtiment relativement récent. Cette fois, malgré l'heure, en l'absence d'autre point d'intérêt, nous rejoignons les restaurants, au bout de la large voie piétonne qui dessert le centre de la cité. Cette fois, c'est vraiment notre dernier repas costaricain. Nous aurons mangé du riz jusqu'à la fin.

Nous nous arrêtons au théâtre national prendre un café, d'une part parce que c'est un des rares endroits où il est bon et varié, et surtout parce que c'est une feinte pour rentrer dans le théâtre à l'œil par le biais des toilettes. Il ne reste qu'à retourner à l'hôtel pour attendre le véhicule. C'est dans ces moments-là qu'on trouve le temps bien long: rien à faire, vacances définitivement terminées. Nous laissons San José derrière nous pour rejoindre l'aéroport à seize kilomètres au nord, non loin de la ville d'Alajuela. Le tarif de la taxe de sortie a encore augmenté. Il faut y passer avant même l'enregistrement. Heureusement, les comptoirs se sont multipliés pour éviter une trop longue attente. La file d'attente est plutôt longue mais de manière assez surprenante, nous ne tardons pas à obtenir nos cartes d'embarquement. Nous quittons alors Jean-Paul au contrôle de sécurité qui visiblement ne doit pas être très fiable puisque nos sacs sont fouillés intégralement juste avant l'embarquement ainsi qu'un passage au détecteur de métaux. Voici un excès de zèle déplacé qui a le don de m'irriter au plus haut point. Le duty-free est vite visité: les boutiques sont en nombre limité. Le jeu consiste à dépenser les dernier "colones" en poche.

Une dernière péripétie survient alors que notre avion est en train d'être poussé de sa place de parking. Un gros crac retentit suivi d'un arrêt brusque. La barre de liaison avec le véhicule pousseur vient de se briser! Grâce à al caméra incrustée dans la dérive de l'avion nous permet de suivre en partie ce qui se passe dehors. Nous sommes tiré en avant. Sur les écrans, nous voyons la passerelle se déployer. Nous avons vite fait de penser que le vol va être annulé. Mais non! Tant bien que mal, après presque une heure, notre avion est pivoté. Nous attendons ensuite longuement l'autorisation de décoller. Mais finalement les moteurs vrombissent et nous arrachent des terres costaricaines. Direction l'Europe. Un signe rassurant : le train d'atterrissage est bien rentré malgré les problèmes.

Le lendemain matin, nous atterrissons sans encombre à Madrid. Finalement l'avion n'avait pas subi de dommage et nous aura transporté sans souci. Nous abandonnons Hervé qui part avec le vol suivant le nôtre. Dernier bond jusqu'à Paris Orly où chacun retrouve son bagage après une bien longue attente. Désormais chacun repart dans son coin. L'aventure est terminée.

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