Nord Tanzanie - Festival animalier (7)
Vendredi 6 Octobre, Ngorongoro, Simba Camp
Comme annoncé par Manu, la nuit fut bien fraiche. Cela surprend un peu comparé à toutes les précédentes. L’autre effet de ce refroidissement prévu mais surprenant est que chaque sortie nocturne est mûrement réfléchie sachant qu’il faut se couvrir et parcourir une certaine distance jusqu’aux blocs sanitaires. Malheureusement les nuits se suivent sans se ressembler : hachée comme jamais et ponctuée d’escapades. Du coup, dès cinq heures trente, je décide de m’habiller, cette fois avec un pantalon, pour sortir définitivement. Une épaisse nappe de brume s’accroche encore au-dessus de nos têtes avant de poursuivre son chemin vers le cratère. Le réveil plus que matinal m’oblige à patienter plus longtemps avant de voir arriver l’eau pour me préparer un café chaud, aussi utile à réchauffer les entrailles que les mains. Après le petit-déjeuner, nous participons à une partie du rangement ce qui nous permet de nous réchauffer en étant un minimum actif. Dès que les sacs sont chargés à bord des véhicules, nous abandonnons l’équipe de logistique au pliage des tentes et du coin cuisine.
Pendant une bonne heure, la progression se fait dans un épais brouillard qui s’accroche allègrement sur ce flanc du Ngorongoro, sur une piste des plus grasses, et sans grande visibilité. En essuyant la buée qui se forme rapidement sur les vitres du véhicule, je constate que la végétation sur ce flanc du cratère n’a strictement rien à voir avec celle traversée lors de notre transit depuis le parc du Serengeti. Le contraste est parfaitement saisissant, alors même qu’il ne doit pas y avoir plus que quelques dizaines de kilomètres de distance entre les deux zones. Ici, ce n’est que profusion de végétal de tous les côtés, arbres immenses, souvent parés de « barbes » de lichens abondants. Sans forcer, nous pourrions presque tourner une adaptation de gorilles dans la brume. Tous les ingrédients sont là. La sortie de la zone de conservation nous fait un choc avec un retour brutal à la civilisation : le bitume remplace les pistes, villes et villages « modernes » remplacent les villages traditionnels masaïs. Depuis notre sortie de Mto Wa Mbu il y a cinq jours, nous étions comme en immersion. Il faut encore patienter pour voir disparaitre totalement la brume au profit d’une épaisse couverture nuageuse. Une pause « shopping » est prévue dans une véritable « usine à touristes » à Marera. Comment baptiser autrement ce lieu où sont arrêtés des dizaines de véhicules, où les objets de toutes natures se démultiplient à l’infini, à tel point qu’on peut fortement douter leur origine artisanale ? Je consacre un gros quart d’heure à musarder dans les allées sans vraiment être convaincu : beaucoup de déjà vu et peu d’objets qui attirent mon attention. Au final, je fais des économies avec juste un seul achat. En revanche, je passe un long moment à observer les tisserins de Speke qui ont élu domicile dans un des gros acacias en bordure de route. Je n’imaginais pas sortir mon téléobjectif pour cette matinée de transfert. Mais force est de constater que le spectacle proposé appelle photos. Il faut dire que ces boules de plumes jaunes et noires volètent autour des nids, souvent avec un brin d’herbe verte dans le bec. J’assiste à la construction des nids. Certains sont déjà finis et je vois alors les habitants disparaitre à l’intérieur par le tunnel aménagé en dessous de chaque construction tissée. Je ne me lasse pas de les regarder procéder, mais il faut bientôt repartir. En plus, grande surprise, nous faisons un nouvel arrêt du même genre à peine dix minutes plus tard. Disons que cette mascarade commencerait presque à m’irriter. Nous sommes censés explorer un parc national aujourd’hui mais à la place, nous passons un temps fou dans des boutiques. Voilà qui ne s’imposait guère. Heureusement, le soleil a fait son retour : les premières couches de vêtements commencent à disparaître.
A force de descendre en altitude, nous finissons par voir apparaitre le lac Manyara, synonyme de boucle presque bouclée. Quelques kilomètres plus loin, au bas d’une dernière côte, nous reconnaissons la rue principale de Mto Wa Mbu où nous étions dimanche dernier. Cette fois, nous traversons sans nous arrêter pour continuer sur la route vers Arusha pendant un bon moment. Nous revoyons alors quelques villages masaïs avant de bifurquer sur notre droite, plein sud sur la route de Dodoma, en direction du parc national de Tarangire. Même s’il n’y a aucune indication apparente, aucun doute n’est permis. Il suffit de suivre les convois de Land Cruiser, même s’ils quittent soudainement le bitume pour s’engager sur une piste entre des boutiques quelconques. Dès le départ, elle s’annonce poussiéreuse, une sensation qui nous manquait depuis presque vingt quatre heures. Le bon côté de la chose est sa durée : seulement une dizaine de kilomètres avant d’atteindre l’entrée. De prime abord, il m’est difficile d’envisager un parc national ici. Aucun indice annonciateur n’est visible pendant l’approche. Et pourtant si ! Passés les villages, de premiers baobabs font leur apparition en toute majesté, annonçant l’accès tout proche du parc national.
C’est l’effervescence sur le parking devant la « gate », inondé et accablé de soleil. Les places y sont chères entre autocars scolaires et véhicules tout-terrain pour les touristes. Avec l’accentuation de la chaleur, nous passons à une nouvelle phase d’effeuillage en plus de l’application de crème solaire quasi indispensable à ce stade. En attendant la délivrance des permis, nous ouvrons le toit pour être prêts dès le franchissement de la barrière. Je me rends vite compte que ce parc ressemble à beaucoup de ceux que j’ai pu parcourir auparavant en Afrique Australe, et donc bien différent de celui du Serengeti où nous étions précédemment. Une nature moins ouverte et une faune plus rare, du moins plus dissimulée, quoi qu’on ne puisse pas parler de désert non plus, loin de là. La végétation est un savant mélange de graminées, dorées tant elles doivent être desséchées à quelques jours ou semaines de la saison des pluies, des traditionnels et incontournables acacias et d’une présence importante de baobabs de toutes tailles. Sous cette température un tantinet pesante, nous retrouvons les innombrables zèbres, impalas et gnous. Les groupes de buffles préfèrent rester à l’ombre tandis que les girafes continuent imperturbablement à picorer la partie sommitale de la ramure des acacias : en voilà des jardinières plus qu’efficaces.
Dans un premier temps, nous ne nous attardons pas vu l’heure avancée. Direction l’aire de pique nique aménagée sur le site de Matete en surplomb d’un lit de rivière, une des rares encore en eau. Celle-ci fait office de point de rendez-vous pour diverses espèces, uniquement des herbivores au moment de notre passage. En me penchant par-dessus le parapet, je distingue un cob à croissant en contrebas, juste au pied de la falaise, ce qui ne simplifie pas la prise de vue. Mais pour l’instant, la première priorité est alimentaire. Néanmoins, un défi nous fait face : trouver une place pour se poser. Ce lieu semblant unique dans ce secteur, tous les visiteurs s’y concentrent. A première vue, il ne reste plus une seule table de libre. Mais il en faut plus pour arrêter Manu et Harouna qui finissent par déloger deux personnes pour nous installer partiellement à l’ombre d’un acacia où sont postés une poignée de vervets. Gare aux sacs de pique-nique et à leur contenu. Les assauts vont rapidement se focaliser sur la table voisine, et plus particulièrement sur des sandwiches encore sous film qui ont tôt fait de terminer dans les branches au-dessus de nos têtes. Il semblerait que ces petits singes sachent parfaitement se débrouiller pour déballer la nourriture chapardée. Une fois le ventre plein, je fais un petit tour des lieux en quête d’oiseaux que je n’aurais pas encore croisé : plutôt réussi avec un touraco masqué, bien élégant même s’il persiste à rester derrière les branches, et un choucador cendré, beaucoup plus terne que ses cousins vus jusqu’à présent. Nous remontons à bord des véhicules pour réellement explorer le parc cette fois.
Les concentrations mécaniques par radio interposée ne semblent pas vraiment être de mise ici. Aussi, nous tournons de boucle en boucle en ouvrant bien les yeux à la recherche du détail qui clocherait dans le décor. JE retrouve mes bonnes habitudes de chasseur d’images. C’est souvent le meilleur moyen d’apercevoir les animaux qui préfèrent l’ombre ou la discrétion. Au premier carrefour, il est facile de repérer les silhouettes caractéristiques de trois vautours juchés au sommet d’un baobab. Au fil de nos pérégrinations, nous descendons près d’une vaste zone humide qui me captive au premier coup d’œil. Je n’ai pourtant rien vu. C’est un véritable feu d’artifices quand je balaie les environs avec mon téléobjectif. Là-haut sur la berge à gauche, ce sont quatre ou cinq massifs élands du Cap qui s’éloignent lentement. Sur la berge opposée, une poignée d’éléphants approchent. Mais seul le plus gros traverse pour rejoindre un bain de boue à notre gauche tandis que l’éléphanteau et sa mère reste en arrière (le petit fait tout de même le mariole en soulevant de la poussière tout en ouvrant large ses oreilles). Au tout premier plan, j’ai grand plaisir à revoir un jabiru qui doit probablement essayer de pêcher, son bec passant la plupart du temps dans l’eau. Ce sont aussi une dizaine de cobs à croissant qui sont dans leur élément les pattes dans l’eau. Les zèbres préfèrent garder les sabots au sec mais n’en sont pas moins très présents. A l’opposé, les impalas restent rares. L’avifaune se démultiplie, pas dans la quantité mais dans la variété. J’arrive ainsi à discerner des grues couronnées (peut être venues du cratère ?), quelques vanneaux armés, divers canards qu’il serait difficile d’identifier plus précisément à cette distance, des aigrettes et même un héron. Je pourrais rester ici des heures à regarder des groupes arriver, d’autre partir, tous vivant en parfaite harmonie autour de cette source de vie. Malheureusement il faut partir … provisoirement ! En effet, quelques centaines de mètres plus loin, le premier véhicule nous signale qu’un smartphone a été perdu. Nous faisons donc demi tour, nos yeux cette fois pointés vers le sol de part et d’autre de la piste. Nous rebroussons ainsi chemin jusqu’au lieu où nous étions arrêtés il y a encore quelques minutes. De téléphone, point de trace ; en revanche, pendant notre courte absence, l’éléphanteau a fini par traverser et batifole désormais dans sa piscine de boue. En rejoignant les autres, nous apprenons que l’appareil a finalement été retrouvé ; il était tombé dans le coffre.
Après ce contretemps, nous reprenons nos pérégrinations jusqu’à aborder un groupe d’une bonne dizaine de cobs à croissant qui nous laissent les approcher de relativement près. Autant en profiter, de même que les quelques zèbres qui les accompagnent. Cerise sur le gâteau, au même endroit, nous finissons par voir débouler toute une famille de mangoustes rayées. Même si elles ne sont pas farouches, elles restent vives et il ne faut pas tarder pour les observer et les immortaliser. Après ces observations, nous passons de longues minutes à croiser peu de vie si on exclut un éléphant et une autruche mâle. Par contre, j’en profite pour admirer le paysage et la végétation régulièrement surplombé de baobabs. Nos chauffeurs nous arrêtent même auprès d’un énorme spécimen toujours debout alors que son très large tronc est quasiment intégralement évidé. Finalement c’est en longeant les cours d’eau, même asséchés, que nous trouvons le plus de vie ; peut-être reste il un peu d’humidité que notre regard ne distingue pas. C’est ainsi que nous dénichons sous les branches basses offrant une ombre salutaire, ici des zèbres, là des impalas ; derrière un troupeau de buffles couchés. Seules les girafes ne peuvent pas se tenir sous les arbres mais elles évoluent dans les mêmes secteurs.
Alors que l’après-midi commençait sérieusement à se consumer, deux véhicules stoppés a priori devant rien du tout attirent notre curiosité. Une rapide analyse à l’aide mon téléobjectif me révèle la présence de deux lions mâles à jolie crinière couchés sous l’arbre devant nous sur la gauche. Ils sont à peine dissimulés par la végétation devant eux. Une femelle, a priori, est partiellement visible sous celui de droite mais des branchages la dissimulent. A force de regarder, il devient évident qu’une seconde femelle est présente, dépassant des graminées encore plus à droite. Cette nouvelle et dernière observation du roi de la savane porte notre total final à trente trois lions depuis le début du séjour, en seulement trois jours et demi. C’est juste hallucinant ! Malgré notre patience à les regarder, leur activité est des plus réduite. Seul un des mâles daigne lever la tête deux ou trois fois, ou alors il se tourne sur le dos. Je pensais que ce serait là notre dernière observation de félins, tant le Tarangire nous a offert jusque-là plutôt des « proies » que des prédateurs.
C’est dire ma surprise quand nous retombons sur un nouveau groupe de véhicules moins d’un kilomètre plus loin. Dans un premier temps, j’ai bien du mal à identifier quoi que ce soit à part de la végétation. Il faut l’aide de la radio pour comprendre qu’un guépard se trouve sous l’arbre devant nous. Quand on sait où regarder, c’est de suite plus simple, d’autant plus que le félin est couché : nous distinguons essentiellement sa tête, sa robe tachetée lui assurant un certain camouflage. En observant en détail à travers mon appareil photo, comme les autres passagers à travers leurs jumelles, il devient très clair qu’il s’agit d’une femelle accompagnée de trois petites boules de poils sombres, parfaitement craquantes malgré la distance. Il nous aura néanmoins fallu de longues minutes dans les œilletons avant que nous finissions par les dénombrer tous, deux bougeant pour aller téter leur mère. Un peu plus tard, nos chauffeurs déplacent les véhicules pour voir Madame sous un autre angle plus propice aux observations. Je pourrais rester des heures devant ce moment. Néanmoins, je tourne le dos quelques minutes le temps d’observer une poignée de mangoustes naines, de couleur rousse, qui défilent le long des arbres morts de l’autre côté de la piste. Toutes les bonnes choses ayant une fin, il faut se résoudre à laisser cette petite famille pour poursuivre notre chemin. Nous croisons de nouveaux phacochères ainsi qu’un trio de vautours africains. Ceux-ci, contrairement à leurs prédécesseurs, sont au sol sur une charogne. Après « étude attentive », il semblerait que ce serait celle d’un phacochère. Quelques ultimes girafes et herbivores plus tard, nous longeons ce qui semble être des bâtiments du parc, seul secteur où apparaissent des pièges à tsé-tsé.
C’est ainsi que nous rejoignons la sortie, bien plus tôt que je ne l’aurais espéré. Retour de la poussière intense sur les quelques kilomètres qui nous séparent du bitume. Nous ne l’empruntons que quelques minutes avant de bifurquer sur une nouvelle piste sans la moindre indication visible pour un néophyte. Seuls nos deux chauffeurs savent ce qu’ils font. Car il faut reconnaître qu’au bout de ce chemin tracé au milieu de nulle part dans un terrain dénudé apparait une haie dotée d’un portail fermé avec une chaîne, le tout protégeant un campement où nous sommes seuls, une fois encore, la dernière. Apparemment l’équipe logistique est aidée par deux employés du camp. Dans ce parc arboré, les feuillages épais dissimulent de nombreux oiseaux qui sont trahis par leurs bruyants pépiements. J’essaie bien de faire quelques clichés mais c’est peine perdue. Autant profiter de la douche, une fois n’est pas coutume, brûlante. Et pour cause : l’eau des citernes passe au dessus d’un feu de bois, aucun thermostat ni mitigeur !
Une fois propre, la commande des boissons revient du village voisin. Le temps est venu de remercier nos cinq hôtes pour toute leur implication dans la réussite de ce voyage. Cet incontournable des derniers jours commence par une longue série de photos de groupe pendant laquelle Manu n’a de cesse de me « scotcher ». Puis nous passons aux discours, enfin surtout à celui du « boss ». Chacun notre tour, nous remercions Colleen, Jeffrey, Dogo, Harouna et Manu, soit d’une franche poignée de mains, soit d’une chaleureuse accolade. Il est temps de passer à l’apéro agrémenté de « karangas » que nous faisons durer en longueur, tout comme le dîner. Inutile d’aller dormir trop tôt étant donné que l’heure du départ sera encore plus tardive que ce matin. Pendant que nous mangeons, un feu de camp a été allumé. Je cherche encore pourquoi. Et quid du garde qui va passer la nuit à côté ? Bon, sur la fin de nuit, j’ai surtout entrevu une couverture plus qu’un homme éveillé …
Samedi 7 Octobre, Palm Wild Campsite, près du Tarangire
Sans surprise, même si chacun semble avoir essayé de rester au lit le plus tard possible, nous émergeons tous de nos tentes bien avant l’heure. Dernière matinée sous un beau et agréable soleil. Les sacs ont plus ou moins été refaits hier. Il ne reste qu’à les charger dans les deux véhicules. Du fait du passage prévu par un lodge à la mi-journée, nous optons tous pour une tenue estivale de touriste moyen. Les vêtements de retour peuvent encore attendre quelques heures. Nous attendons huit heures pour reprendre la route en laissant derrière nous pour la dernière fois notre trio de logisticiens. Au fur et à mesure que nous approchons d’Arusha, la circulation se densifie. Il est parfois difficile de rester juste derrière le véhicule de tête. Lent et désagréable retour à la « civilisation ». Ce sont même des « petits bouchons » que nous rencontrons en banlieue de la grande ville du Nord du pays. Avant notre dernière étape, nous faisons un détour par un complexe commercial spécialisé dans la vente de souvenirs en tous genres. Le supermarché voisin est tout aussi visité, histoire de ramener des produits alimentaires locaux. Sur le dernier tronçon avant notre lieu de pause, nous avons la surprise de traverser quelques croisements dotés de feux tricolores (une chose particulièrement incongrue depuis notre arrivée en Tanzanie) et même un contrôle radar par la police ! Parvenus au dernier carrefour avant l’aéroport, nous bifurquons tout net dans la direction opposée. Là encore, il n’y a aucune indication qui pourrait laisser penser qu’à quelques kilomètres, au milieu de nulle part, se dresse le Moyoni Airport Lodge, celui-là même que nous avions indiqué sur notre demande de visa sans jamais y venir. C’est une propriété de l’agence locale qui assure les safaris et les ascensions du Kili pour plusieurs agences françaises. Ceci explique que le jardin et la salle de restaurant soient remplis de groupes de français sur le départ. Après un pique-nique en terrasse sur le toit, certains optent pour une baignade dans la piscine avant que tout le monde endosse des vêtements plus adaptés au retour (encore que les informations que nous avons de France indiquent une météo toujours bien estivale). Pendant cette pause, une désagréable sensation s’insinue dans mon esprit. Il m’est impossible d’enregistrer sur le vol régional et je suis mis en liste d’attente sur le long-courrier. Marie-Thé et Jacqueline sont dans le même cas que moi, mais pas les autres. Bizarre et mauvais signe ! Cela sent le surbooking et une nuit imprévue à Nairobi.
A quinze heures, Manu et Harouna nous conduisent à l’aéroport distant de seulement une quinzaine de minutes. Surprise, une longue file d’attente est déjà formée en dehors de l’aérogare, heureusement à l’abri d’un porche. Dernière accolade avec Manu avant de nous y intégrer. Je pars en éclaireur pour voir ce qui se passe. En nous plaçant sur la gauche, nous atteignons plus rapidement le premier contrôle de sécurité. Arrivés devant le guichet de Kenya Airways, la seule à afficher un départ pour Nairobi, je me fais refouler au prétexte que je ne suis pas sur le vol. Nouvelle surprise : sur cinq, nous sommes répartis sur deux vols séparés de quinze minutes et avec deux compagnies différentes. A nous Precision Air où le rythme d’enregistrement est carrément ralenti : une panne informatique oblige à tout faire à la main, y compris le ticket bagage. Je ne la sens pas bien cette option pour le transit. Après une extrême patience, il est enfin possible de rejoindre le contrôle d’immigration, aussi rapide qu’à l’arrivée puis un dernier et tatillon contrôle de sécurité, des fois que nous aurions récupéré quelque chose d’illicite dans le hall. Désormais, nous n’avons qu’à attendre. Quelques boutiques m’occupent une dizaine de minutes. Lorsque le premier vol décolle pour le Kenya voisin, nous croyons comprendre que le nôtre serait retardé (mais aucune indication sur les écrans). J’obtiens confirmation au guichet : au moins une heure de retard sans raison claire. La situation ne s’éclaircit pas pour nous, bien au contraire. Enfin, notre avion arrive et redécolle plus tôt qu’annoncé. Trois quart d’heure plus tard, nous atterrissons enfin à Nairobi, une heure après l’horaire prévu. Pas de temps à perdre, je n’ai qu’une hâte : savoir ce qu’il se passe depuis cet après-midi avec nos billets. Dès la descente de l’avion, je file au plus vite vers le guichet de transit : alléluia, nos cartes d’embarquement sont imprimées en quelques minutes, à croire que le souci informatique de la première compagnie a tout enrayé. La sérénité revient enfin : c’est d’un pas lent et sans stress que nous descendons vers le contrôle de sécurité de Nairobi. Enfin, nous retrouvons nos compagnons de voyage partis plus tôt. Heureusement que nous avions de la marge pour cette escale. Ce n’était pas du luxe. Bien que raccourcie, elle commence à avoir raison de notre résistance. Il faut dire que depuis plusieurs jours nous étions déjà couchés de puis belle lurette à cette heure avancée de la soirée.
Cette fois nous embarquons dans notre Boeing 787, en passant par le tarmac avant de remonter vers la passerelle … La Business a laissé place à la classe économique. La nuit sera moins reposante. Paris nous réserve de dernières surprises, à commencer par un débarquement en bus donc plus long (malgré une arrivée à l’heure), puis un contrôle d’immigration totalement erratique (ce matin, ce serait une panne du système Parafe). Toujours est-il que nous perdons une bonne heure depuis que nous avons touché la piste avant de récupérer nos bagages. Avec ces contretemps, ils ont été livrés avant même notre arrivée dans la salle. J’avais de gros doutes qu’ils fassent le voyage sans encombre avec nous après les péripéties de l’aéroport du Kilimandjaro. Encore une demi-heure d’attente pour nous retrouver à cinq et nous mettre en branle vers la gare, chacun reprenant son chemin, des souvenirs animaliers pleins la tête.