Nord Tanzanie - Festival animalier (4)

Publié le par Jérôme Voyageur

Dik-dik

Cependant l’heure a tourné. Il faut se préparer à embarquer dans les véhicules pour la ballade de fin d’après-midi. Le départ était prévu à quinze trente, mais dix minutes avant le véhicule d’Harouna est prêt et nous démarrons sans attendre les autres. Cela tient d’abord du faux départ ou presque à cause d’un dik-dik qui reste en bordure de piste juste à la sortie du camp. Quelques clichés pendant la poignée de minutes qu’il nous accorde avant de poursuivre. Une nouvelle scène « enfantine » nous interpelle quelques kilomètres plus loin. Nous n’avions plus vu de petits depuis quelques heures. Il commençait presque à s’installer une sensation de manque. Deux tous petits babouins sont là avec deux mères. Ce n’est pas bien de se moquer du physique mais le plus jeune avait vraiment un nez proéminent. Pauvre de lui, il finit par se retrouver suspendue la tête en bas, par la queue, probablement tenue par sa mère qui essaie ainsi de lui enlever des puces. Nous les laissons à leur séance d’épouillage pour rejoindre la mare d’hier après-midi. Elle est toujours aussi boueuse et seulement occupée par un seul hippopotame qui batifole en roulés-boulés, à tel point qu’il ressemble plus à une grosse masse de terre qu’à un mammifère. Le premier lion de l’après-midi ne nous retient pas longtemps étant donné sa situation de sieste profonde dans un fourré. Et puis, nous avons une autre priorité. Quelques zèbres plus tard, nous faisons une nouvelle pause pour un couple de dik-dik. Jamais dans mon souvenir je n’en avais croisé d’aussi peu farouche. Nous parvenons à rester une bonne dizaine de minutes à proximité sans qu’ils filent. Le fait d’être seuls a-t-il joué ? Mystère. Sur les lieux, je vois même passer en arrière-plan trois « poules » qui se révèlent être des francolins à gorge rouge. A quelques mètres, j’ai enfin l’occasion sur ce séjour de pouvoir photographier les pintades de Numidie qu’on retrouve à peu près partout jusqu’au Cap de Bonne Espérance. Mais elles sont toujours aussi amusantes à regarder avec le casque bleu.

En continuant à suivre à bonne distance ce qui semblait être le lit d’une rivière, nous finissons enfin par atteindre une zone où la piste rejoint la berge, là-même où le cours s’élargit notablement pour former une sorte d’étang. Contrairement à la précédente mare, il y a ici beaucoup moins de boue mais on est loin d’une eau claire. Je dirais même que c’est impossible avec la présence d’une bonne cinquantaine d’hippopotames. De la plupart, on voit surtout le dos, les narines, et parfois les yeux. Pour certains, on ne voit même pas leur corps qui reste immergé. Les mouvements sont plutôt limités : seules les têtes s’agitent, tantôt pour se poser sur le voisin, tantôt pour ouvrir très très largement la gueule exhibant de manière bien visible la dentition étonnante de ces mastodontes. Le petit jeu consiste à anticiper où va se dresser la prochaine pour essayer de la photographier. Pas simple. Heureusement, avec de la patience, nous finissons par y réussir. Avec le temps, nous observons aussi de nombreux gargouillements. A bien y regarder, cela ressemble bien à des gaz. Nos braves sujets d’intérêt sont tout simplement en train de péter dans leur bain ! Par chance, nous n’avons que le son et l’image. Tout ceci ne semble pas déranger les quelques piqueboeufs à bec rouge qui s’évertuent à nettoyer l’épais cuir. Parfois, ils se font mouiller suite à des giclées d’eau provoquées par le mouvement plus ou moins maitrisé d’un voisin. Après vingt cinq bonnes minutes de spectacle, nous reprenons notre progression sur une piste parallèle à la précédente, mais de l’autre côté de l’eau, jusqu’à de nouveaux mammifères de fort beau gabarit. Je veux parler de cette famille d’éléphants d’une dizaine d’individus qui marchent tranquillement à bonne distance de la piste. La présence d’un éléphanteau nous incite à stopper pour le regarder. Mais, avec le premier véhicule, nous ne nous attardons pas, intrigués par un nouvel attroupement non loin de nous. C’est sans regret que nous observons le groupe d’éléphants finir par traverser la piste juste devant l’autre véhicule alors que nous nous sommes déjà bien éloignés. Sans regret car nous profitons d’un spectacle tout aussi plaisant. Le dernier lion de la journée, mais quel lion, et accessoirement déjà le vingtième depuis notre entrée dans le Serengeti hier ! Ce beau mâle est perché dans un acacia, dressé fièrement sur ses quatre pattes au somment du tronc, là où les plus grosses branches forment une large fourche, ce qui lui offre un parfait trône avec vue inégalable sur la savane aux alentours. Avec ce léger vent qui souffle, sa crinière flotte et ondule, le faisant ressembler à ces mannequins aux chevelures parfaites. Après avoir faire le beau, il nous la joue presque à la Metro-Goldwyn-Mayer, avec une gueule largement ouverte, mais sans le moindre rugissement audible par nos oreilles. Et puis, tel une rock star, dans une splendide luminosité, il s’élance majestueusement pour descendre le long du tronc, un bond à mi-hauteur, et il s’éloigne au milieu des graminées. Quelle chance nous avons ! C’est incroyable.

Notre dernière observation nous ramène devant un point d’eau où sont rassemblés quelques dizaines d’hippopotames. Cette fois, nous avons enfin l’occasion d’en voir un hors de l’eau pendant un court instant, dressé sur ces quatre pattes tout près de la berge. Avec la belle lumière de cette fin d’après-midi, les gueules qui émergent de la surface sont encore plus photogéniques. Ce dernier arrêt pourrait bien être le dernier tant la vitesse augmente lorsque nous repartons, comme si nous allions rentrer en retard au campement. Et pourtant, après être passés en trombe devant l’aérodrome de Seronera (bien plus qu’une simple piste de brousse), nous bifurquons vers le centre des visiteurs pour une escale « technique » qui dure bien longtemps, chacun partant de son côté explorer, qui la poignée de boutiques de souvenirs, qui les sanitaires. Enfin, nous rejoignons Pimbi Camp plutôt tardivement. C’est alors la course aux douches tant nous sommes recouverts de la poussière accumulée depuis ce matin. Même fraîche alors que la température ambiante commence à baisser, elle reste plus que bienvenue. Désormais, nous sommes prêts pour prendre l’apéritif, notre commande de boisons étant arrivée. Cerise sur le gâteau (ou plutôt sur la table), notre équipe nous apporte un grand plateau de cacahuètes pour accompagner le tout. C’est vraiment grand luxe ! Comme à mon habitude, avant de rentrer définitivement dans ma tente, je jette un œil à la voûte céleste, cette fois un peu plus voilée qu’hier.

Serengeti - secteur de SeroneraSerengeti - secteur de SeroneraSerengeti - secteur de Seronera
Serengeti - secteur de SeroneraSerengeti - secteur de SeroneraSerengeti - secteur de Seronera
Serengeti - secteur de SeroneraSerengeti - secteur de SeroneraSerengeti - secteur de Seronera

Serengeti - secteur de Seronera

Serengeti - secteur de Seronera (2)Serengeti - secteur de Seronera (2)Serengeti - secteur de Seronera (2)
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Serengeti - secteur de Seronera (2)Serengeti - secteur de Seronera (2)Serengeti - secteur de Seronera (2)

Serengeti - secteur de Seronera (2)

Serengeti - secteur de Seronera (3)Serengeti - secteur de Seronera (3)Serengeti - secteur de Seronera (3)
Serengeti - secteur de Seronera (3)Serengeti - secteur de Seronera (3)Serengeti - secteur de Seronera (3)

Serengeti - secteur de Seronera (3)

Jeudi 5 Octobre, Pimbi Camp, Serengeti National Park

 

Le début de nuit s’annonçait mal avec de violentes bourrasques de vent. Les bouchons d’oreille étaient de rigueur pour trouver le sommeil sans trop d’encombres. Ils se sont révélés efficaces puisque j’ai fait ma meilleure nuit quasiment sans interruption. A peine réveillé, j’entends un long et puissant rugissement de lion. Quant au ciel, il est parfait, bien bleu azur, délicatement ourlé de longs et fins nuages blancs et, surtout, une superbe lumière matinale. Pendant que le campement se plie et en attendant l’heure plutôt tardive du départ, je profite de mon avance pour photographier encore quelques oiseaux. Il faut dire que deux espèces que j’avais aperçues de loin ont décidé de se laisser approcher en ce début de journée. J’ai donc tendance à mitrailler, d’une part ces alectos à tête blanche, faciles à reconnaitre avec leur plumage blanc, leur dos noir et surtout le dessous de la queue d’un rouge-orangé qui se repère de loin, et d’autre part quelques choucadors superbes qui, eux, présentent une légère différence avec ceux de Hildebrandt avec cette ligne blanche qui séparent les plumes bleutées de la tête du poitrail roux. Tous semblent particulièrement apprécier les reliquats de vaisselle autour du coin cuisine. Ceci explique sûrement la relative facilité de prise de vue.

A peine à bord, Harouna file à pleine vitesse à travers la plaine. Je finis rapidement par comprendre ce choix, bien étonnant dans un premier temps. Cette partie du parc au sud de la zone dite de Seronera est quasiment déserte de faune, tout juste un ou deux hyènes et quelques gazelles. Plus nous avançons, plus la végétation se raréfie. L’horizon quasiment plat dans toutes les directions ferait presque penser à un désert. Les arbres disparaissent, puis l’herbe devient rase. Le contraste est saisissant avec les secteurs parcourus depuis notre entrée à Kleins Gate. Il faut rejoindre le mamelon rocheux, baptisée Naabi Hill, où sont installés les gardes (ainsi que quelques boutiques et blocs sanitaires) pour soudainement retrouver de beaux et grands acacias. Quelques trouées dans la verdure offrent de sympathiques points de vue sur cette grande plaine que nous venons de traverser pendant plus d’une heure. Comme je suis incorrigible, je me mets en quête d’éventuels oiseaux. Malgré la quantité de véhicules et le bruit associé, je réussis tout de même à pister quelques hirondelles et pigeons. Après les formalités administratives indispensables à la sortie du parc, nous entamons la descente vers l’est. De nouveau, l’environnement se désertifie. Dans le même temps, la chaleur se fait de plus en plus prégnante, autant que la poussière qui se fait étouffante, à se demander comment les quelques animaux que nous croisons, essentiellement des gazelles, supportent tout cela. Etrangement, nous avons l’occasion d’observer un guépard dans cette atmosphère : il marche le long de la piste avant de traverser et filer loin de toute agitation. Le passage de l’entrée principale n’y change rien, bien au contraire. Avec les travaux en cours sur la piste, nous finissons même en hors piste dans une visibilité proche du néant, un peu limite néanmoins quand le véhicule tape violemment nous faisant décoller, faisant valser le couvercle du réfrigérateur de bord. Tassement des vertèbres garanti. Par chance, cela ne dure pas et nous revenons sur la piste principale un peu plus acceptable.

Serengeti - entre Seronera et Main GateSerengeti - entre Seronera et Main GateSerengeti - entre Seronera et Main Gate
Serengeti - entre Seronera et Main GateSerengeti - entre Seronera et Main GateSerengeti - entre Seronera et Main Gate
Serengeti - entre Seronera et Main GateSerengeti - entre Seronera et Main GateSerengeti - entre Seronera et Main Gate

Serengeti - entre Seronera et Main Gate

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J
en lisant ton texte je m'aperçois que arriver à faire le portrait à ces animaux n'est pas une sinecure!!! J'allais justement te demander quel était ton téléobjectif!!! Les transports non plus ne sont pas de tout repos!!!
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J
Je me suis fait plaisir avec mon dernier objectif, première sortie en Afrique. Un 150-600 mm, c'est génial pour les animaux distants ou les hyper gros plans. Par contre, quand les bestioles s'approchent trop près, limite, je suis embêté ;-)