Nord Tanzanie - Festival animalier (3)

Publié le par Jérôme Voyageur

Mardi 3 Octobre, lac Natron

 

Enfin une nuit presque normale. Peut-être l’effet des bouchons d’oreille que j’ai enfin décidé d’utiliser. En une dizaine de minutes je suis rafraichi, le sac bouclé et sorti, prêt au départ. Direction la salle à manger du camp pour attendre l’heure du petit-déjeuner. De la terrasse, je jette un dernier coup d’œil au Lengai qui n’a pas bougé et trône toujours au même endroit. Petit à petit, les autres arrivent. Une fois le ventre plein, nous quittons les lieux vers sept heures trente laissant l’équipe logistique plier le camp. C’est un peu bizarre mais c’est prévu ainsi. Nous quittons le village de Ngare Sero en longeant le Natron vers le Nord. Plusieurs sacs posés au bord de la piste attirent notre attention : il s’agit de la production de sel récupéré en bordure du lac. Quelques kilomètres plus loin, nous avons la surprise de voir deux dromadaires au milieu d’un village, pas vraiment l’espèce que je m’attendais à voir ici. Pendant un instant, j’ai songé à une hallucination … mais non. Durant une bonne heure, le cadre reste très rude, très sec, très minéral. La végétation y est rare, sous la forme de petits arbres, plus dotés d’épines que de feuilles, histoire de réduire au maximum les pertes en eau. Sans nous en rendre compte, nous prenons de l’altitude. Il suffit d’ouvrir une vitre et tendre la main dehors pour s’en convaincre. Soudain, l’environnement change du tout au tout. De quasi forêts d’euphorbes candélabres font leur apparition. Mais voilà que cela change encore, avec toujours plus de vert, autant au sol que sur les arbres. Les acacias et leur ramure plane refont leur apparition. De manière inattendue, la piste cahoteuse et poussiéreuse laisse place à une belle route bitumée. Conséquence imprévisible, nous roulons moins vite, limitation de vitesse oblige. Je me surprends à devoir refermer la vitre tant le fond de l’air s’est significativement rafraichi avec l’altitude. C’est aussi le secteur que je choisis pour somnoler un peu, enfin débarrassé des secousses incessantes. Arrivés à Wasso, presqu’ une des dernières villes avant la frontière kenyane, nous quittons définitivement la route pour plusieurs jours. Cette bourgade est l’occasion d’une escale technique pour les corps mais aussi pour les machines qui commençaient à manquer d’air. Nous voici désormais parés pour filer vers le parc national du Serengeti, le seul, l’unique, le mythique. Avant même de l’atteindre et malgré la présence de nombreux troupeaux appartenant aux masaïs, nous commençons à apercevoir un peu de faune sauvage, dont des girafes masaïs, quelques serpentaires, des dizaines d’impalas, des zèbres et des babouins. L’absence de clôture fait que les espèces ne restent pas forcément sur la zone protégée. A la mi-journée, nous atteignons la Kleins Gate, l’entrée nord-est du parc. Je suis presque déçu par son extrême simplicité : juste une stèle massive devant laquelle nombre de touristes se font immortaliser, mais pas d’arche déployée au-dessus du passage. Nous profitons de l’aire de pique-nique pour prendre notre repas, la première « lunch box » du séjour. Notre équipe logistique nous a déjà rattrapés. Après avoir mangé, je jette un œil aux environs, en quête de bébêtes. Deux superbes agames des rochers dans leur livrée rouge et bleue prennent la chaleur sur un mur tandis qu’un vervet gambade au sommet. Le troisième reptile posé au sol, malgré son lien de famille, est beaucoup plus terne.

Entre Natron et WassoEntre Natron et WassoEntre Natron et Wasso

Entre Natron et Wasso

Entre Wasso et Kleins GateEntre Wasso et Kleins GateEntre Wasso et Kleins Gate
Entre Wasso et Kleins GateEntre Wasso et Kleins GateEntre Wasso et Kleins Gate
Entre Wasso et Kleins GateEntre Wasso et Kleins GateEntre Wasso et Kleins Gate

Entre Wasso et Kleins Gate

Srengeti National Park - Kleins GateSrengeti National Park - Kleins GateSrengeti National Park - Kleins Gate

Srengeti National Park - Kleins Gate

C’est parti pour l’aventure. Il suffit de quelques kilomètres à peine avant de plonger dans ce qui doit ressembler au jardin d’Eden. Dans un paysage très vert, vallonné et régulièrement piqueté d’acacias, des troupeaux entiers d’herbivores font leur apparition. Des zèbres à profusion, à peu près autant de leurs « collègues » gnous. Plus loin, c’est une importante famille d’éléphants que nous approchons autant que possible grâce à une piste secondaire où se sont engagés Manu et Harouna. Dans le lot, j’arrive à distinguer plusieurs petits d’âges variés. Les antilopes ne sont pas en reste, des massifs élands du Cap jusqu’aux gazelles de Thomson en passant par les innombrables impalas et les plus rares gazelles de Grant. N’oublions la poignée de bubales de Coke à la livrée pâle et les topis (aussi appelés damalisques) qui sont eux les plus sombres, donc facile à repérer. Je m’en voudrais d’oublier les quelques cobs Defassa que nous croisons aussi. Régulièrement, des girafes, deux ou trois, pas plus, traversent le décor de leur démarche à l’amble, se concentrant sur les acacias qu’elles picorent sereinement. Jusque-là, les phacochères restent rares et même distants. Je n’étais pas habitué à ce comportement de leur part. Pour ce qui est de l’avifaune, c’est le serpentaire qui monte sans conteste sur le podium des apparitions, souvent en couple d’ailleurs. Seulement deux autruches mâles très éloignées, un rollier à long brins et un martin-pêcheur à tête brune complètent notre tableau de « chasse ».

Le fil rouge de toutes ces observations est double : les groupes semblent se démultiplier à l’infini et la plupart des mammifères ont des petits avec eux, certains nous offrant l’adorable spectacle de la tétée. Tous sauf les lions. Je suis un peu surpris quand je vois les véhicules quitter la piste principale pour louvoyer entre les bosquets … Il serait étonnant que les règles applicables dans le Serengeti diffèrent de celles de tous les autres parcs nationaux. Malgré tout, quelques centaines de mètres plus loin, en terrain découvert mais néanmoins ombragé, Manuel repère des félins. En s’approchant, nous découvrons deux trios de jeunes mâles particulièrement « fatigués », plus préoccupés par leur sieste que par notre présence. Je note des blessures pour deux d’entre eux : un à la base de la queue l’autre à un œil. Nous les laissons à leur repos pour observer à nouveau des dizaines pour ne pas dire des centaines de zèbres et de gnous. A deux reprises nous apercevons des hyènes, aussi énergiques que les lions. C’est dire l’activité des prédateurs et charognards dans le coin. Les ruminants peuvent paître en toute sérénité.

Quelques kilomètres plus tard, la densité de véhicules devant un arbre laisse imaginer une observation intéressante. Malgré tout, mon premier réflexe tient plutôt du dégoût de tout ce monde. Je ne suis pas habitué à cette densité humaine dans la nature africaine. Néanmoins, nous ne sommes guère plus que quatre lorsque nous arrivons sur place. Toute cette agitation est provoquée par une lionne montée dormir dans un acacia, les pattes arrières pendant dans le vide, les autres lui servant de repose-tête. Dure, dure la vie de prédateur ! Touristes ou pas, rien ne semble pouvoir la perturber. Dans notre dos, je distingue deux oies d’Egypte, peu effrayées par l’effervescence. Quant à la mare voisine, elle accueille deux crocodiles et deux hippopotames, avec deux marabouts en guise de surveillants de baignade juchés sur les plus hautes branches de l’arbre voisin.

Wouaouw, quelle profusion, quelle variété ! Jamais je n’avais observé autant d’espèces et autant de quantité en si peu de temps. Le parc du Serengeti mérite vraiment sa réputation planétaire. C’est unique ! Et le spectacle se poursuit jusqu’à la piste menant à notre campement de Pimbi, avec cinq ou six girafes dégustant déjà leur dîner composé de feuilles et d’épines à quelques mètres à peine de nous. Cette journée se termine avec des images plein les yeux. Sans surprise, lorsque nous descendons des véhicules, le camp est déjà monté et la cuisine mijote dans le local grillagé prévu à cet effet. Un agréable fumet commence à se faire sentir. Contrairement à hier, nous ne serons pas seuls sur place : au moins deux autres groupes de tentes sont plantés ainsi qu’une poignée de tout-terrains surmontés de tentes. Derrière notre rangée, je distingue quelques boules de poils sur les rochers et sur un arbre : réflexion faite, il s’agit bien de damans des rochers. J’aurais dû m’en douter, c’est le nom du campement en swahili. Cette fois, le spectacle animalier est bel et bien terminé. Il est temps de se diriger vers les douches, spartiates et sommaires, impossibles à fermer, mais malgré tout bien agréables. Après un repas encore une fois copieux et goûteux, je me délecte de la voûte céleste si belle en ces contrées australes. Des milliers de points lumineux apportant autant d’éclats brillants sur ce voile blanchâtre qu’est la Voie Lactée. Un comble, je ne parviens même pas à retrouver la Croix du Sud. Direction la tente dans la nuit pour une bonne nuit de repos, entamée au son des cris de hyènes qui ne cessent pas.

Serengeti - entre Kleins Gate et SeroneraSerengeti - entre Kleins Gate et SeroneraSerengeti - entre Kleins Gate et Seronera
Serengeti - entre Kleins Gate et SeroneraSerengeti - entre Kleins Gate et SeroneraSerengeti - entre Kleins Gate et Seronera
Serengeti - entre Kleins Gate et SeroneraSerengeti - entre Kleins Gate et SeroneraSerengeti - entre Kleins Gate et Seronera

Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera

Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (2)Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (2)Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (2)
Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (2)Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (2)Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (2)
Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (2)Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (2)Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (2)

Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (2)

Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (3)Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (3)Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (3)
Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (3)Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (3)Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (3)
Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (3)Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (3)Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (3)

Serengeti - entre Kleins Gate et Seronera (3)

Mercredi 4 Octobre, Pimbi Camp, Serengeti National Park

 

Comme souvent, je me réveille une première fois, persuadé d’avoir fait ma nuit alors qu’il que trois heures trente. Dommage ! J’en suis quitte pour une extension, non sans m’être glissé dans le sac de couchage avec le sac à viande. Quel contraste thermique avec la journée. Malgré tout, à cinq heures trente, j’ai fait le tour et je commence à me préparer. J’en profite pour faire quelques photos aux toutes premières lueurs de l’aube d’autant plus qu’une girafe traverse le cadre derrière le campement à ce moment-là, me proposant une parfaite ombre chinoise. Ne partant qu’à sept heures, nous avons le temps de voir partir les autres campeurs. A notre tour nous démarrons dans le véhicule d’Harouna. Nous ne parcourons que cent mètres avant de stopper une première fois devant une girafe toute proche de la piste. Elle se prête volontiers à nos objectifs, contrairement au dik-dik qui détale avant même que nous n’ayons esquissé le moindre mouvement d’appareil. Quelques kilomètres plus loin, à proximité de l’institut de recherche, j’observe pour la première fois des bébés hyènes tachetées, quatre boules noires dont le père semble s’occuper avec attention tandis que la mère est étendue en arrière-plan.

En poursuivant notre progression, nous passons devant un bout de plaine qui pourrait s’assimiler à un club de boxe s’il était question d’humains. Les herbivores mâles y vont par paire, et s’affronte en joutes viriles, entrechoquant leurs cornes, cherchant à imposer à l’autre sa supposée supériorité, sauf que, vu de l’extérieur, aucun ne semble pendre le dessus. Si j’étais arbitre, j’aurais donné match nul pour chaque affrontement, que ce soit celui des impalas, ceux des gazelles de Thomson, et même celui des topis. Amusant ce phénomène localisé mais commun à ces diverses espèces. Après ce débordement de testostérone, nous revenons à plus de douceur successivement avec les observations d’un couple de serpentaire, décidément l’espèce à plumes la plus présente de la région, puis d’une outarde Kori, toujours en mode solitaire mais dominant de sa stature les graminées inclinées par le vent, et enfin un couple d’autruches, mais un couple distant, à la fois de nous mais aussi l’un par rapport à l’autre, chacun couché au sol dans l’herbe verte. Enfin, nous commençons à trouver quelques lions, d’abord deux mâles bien visibles sur un terrain totalement à découvert et sur un fond vert qui contraste tout particulièrement avec leur pelage. Et pourtant, nous allons ensuite procéder à de nombreuses et vaines circonvolutions autour des îlots rocheux afin de retomber à nouveau sur d’autres de leurs congénères. Ceci explique un peu notre surprise lorsque les véhicules quittent la piste pour contourner un parterre de graminées d’où rien ne dépasse. Et pourtant, parfaitement dissimulé pour quiconque circulerait sur la piste, nous dénichons, comme par miracle, un guépard, truffe au vent qui ne semble pas plus indisposé que cela par notre présence relativement proche. Alors, nous en profitons pour l’observer en longueur avant qu’il ne décide de se lever. Il est temps de le laisser tranquille. A posteriori, notre chauffeur nous explique qu’un guépard est régulièrement sur ce territoire donc ils ont tenté par hasard, mais avec succès, de venir jeter un oeil.

Contrairement à hier, j’ai le sentiment que les herbivores, bien que toujours présents, sont moins nombreux. Plutôt que des étendues de sabots, ce serait plutôt des groupes plus restreints, que ce soit de zèbres, de gnous ou encore de gazelles. L’autre réflexion qui me vient concerne le paysage qu’offre le Serengeti. Pendant des années, j’ai entendu parler de ses grandes plaines, celles qui voient l’immense migration annuelle entre Tanzanie et Kenya par-dessus la rivière Mara. Pourtant, quand je regarde autour de moi, rien n’est plat. L’horizon est ondulé, l’environnement fait de vallons certes très peu marqués, et là où j’attendais des immensités dorées, je ne vois que des alternances d’herbe verte et grasse ou de plaques virant au jaune sec, souvent à quelques mètres d’intervalle, à se demander pourquoi autant de différence entre les deux côtés d’une piste. Comme quoi, il faut se méfier des idées préconçues et des imaginaires qu’on se construit. Mieux vaut venir la tête « vide » et l’esprit et les yeux ouverts.

A force d’explorer les abords des émergences minérales, nous finissons immanquablement par en trouver une où une lionne a élu résidence, en partie dissimulée par de hautes herbes. Souvent il est presque plus simple de chercher les attroupements motorisés que tenter de trouver la faune, au moins en ce qui concerne les félins. Il est en revanche plus facile de trouver des éléphants malgré leur relative rareté dans cette partie du parc. Il suffit de chercher les masses sombres et imposantes au loin et le tour est joué. C’est ainsi que nous finissons par rejoindre, certes à une certaine distance, un groupe relativement important d’une quinzaine d’individus de tous âges. Dans un premier temps nous les regardons se déplacer quasiment en file indienne, presque à la façon livre de la jungle, en ayant un œil plus attendri pour les plus petits. Mais, au moment où deux adultes prennent un peu de distance, j’ai d’abord l’impression que c’est un nouveau round des confrontations du petit matin. Très mauvaise interprétation. Il faut dire que c’est une scène à laquelle j’ai rarement assisté qui commence à se jouer. Lorsque le deuxième individu se dresse sur ses pattes arrières et pose celles de devant sur le dos du premier individu. Un accouplement se prépare. Même à distance, la scène impressionne : c’est un peu comme si un char d’assaut grimpait sur un autre. Difficile d’imaginer que ces animaux aussi lourds arrivent avec une relative facilité à se dresser ainsi. Autant dire que le mode rafale finit par se déclencher sous mon index insistant.

Continuant nos déambulations dans le secteur, un énième attroupement de véhicules attire à nouveau notre attention. De loin, nous ne distinguons qu’un acacia isolé qui commence à être cernés par divers Toyota, formant petit à petit un cercle de métal autour de cet arbre. Evidemment, nos deux chauffeurs, probablement informé par la radio de la raison de cette effervescence, font le choix d’y aller. Ne maitrisant pas le swahili, nous sommes bien incapables d’y apprendre la moindre information. Parvenus sur place, nous découvrons le pot aux roses, ou plutôt les deux lionnes et le beau mâle à superbe crinière étalés de tout leur long à même le sable de la piste mais bien à l’ombre. C’est certainement le moment le plus écoeurant du voyage. Quant bien même les trois fauves, surtout occupés par leur sieste, n’ont pas manifesté leur moindre énervement, pourquoi les serrer d’aussi près, les encercler ainsi, ne leur laissant quasiment aucune échappatoire. Le spectacle eut été tout aussi sympa si tous les engins s’étaient rangés d’un même côté. Bref ! Le mauvais côté, dans toute sa splendeur, de ce grand parc. Si les deux femelles font mine de se redresser et de lever la tête, c’est les paupières lourdes et jamais pour bien longtemps. Il en va autrement pour Monsieur qui finit par se dresser sur ses quatre pattes et lentement déambuler au centre de l’anneau automobile. Il va même jusqu’à se frotter longuement contre la roue de secours d’un des véhicules, « cheveux au vent ». Autant dire qu’il n’a pas l’air du tout impressionné par la proximité des humains. Cela n’excuse en rien ce comportement collectif oppressant.

A priori, ce trio annonçait un festival félin. En effet, une quinzaine de minutes plus tard, nous tombons à nouveau sur des lions. Cette fois, ils sont installés dans l’herbe en bord de piste. Les spectateurs y sont aussi moins nombreux. Au premier abord, ce nouveau trio composé de la même manière que le précédent semble tout aussi actif. Pourtant, au bout de quelques minutes, le mâle, lui aussi pourvu d’une fort belle crinière, se lève et s’approche de la femelle la plus proche de lui. Sans prévenir, et sans susciter de réel grognement de la belle, il se place au-dessus d’elle et se lance dans un coït, au final assez court (c’est habituel pour cet espèce, rapide mais répété). Décidément, c’est déjà le deuxième accouplement en une heure. Aurions nous fait intrusion dans le tournage d’un film classé X ? Pendant cet acte, nous observons qu’elle est équipée d’un collier de suivi. A la voir se rouler sur le dos après l’acte, nous en déduisons qu’elle a dû être satisfaite de son rapport.

Le dernier trio de la matinée, oui encore un, nous apparait à peine cinq minutes plus tard. A ce rythme, on pourrait finir par observer cette espèce par troupeaux entiers ! Cette fois, ce sont trois mâles adultes aux crinières plus ou moins développées. Détail amusant, ils dorment en étoile, les têtes calées les unes contre les autres, les corps étendus vers l’extérieur. Là encore, de temps en temps, un des individus relève la tête et ouvre les yeux pour voir ce qui se passe autour avant de reprendre le cours de son repos.

Après un intermède parmi leurs potentiels amuses-bouche, en l’occurrence des gazelles de Grant et des gnous, nous sommes à nouveau interpelés par des véhicules à l’arrêt. Dans un premier temps, nous peinons à comprendre ce qui peut mériter le coup d’œil. A priori, rien dans les environs immédiats pourtant à découvert. Il faut l’intermédiaire d’Harouna, ses contacts radio et son coup d’œil dans les jumelles, pour nous focaliser sur le seul arbre visible à plus d’une centaine de mètres, évidemment un incontournable acacia au tronc en forme de Z. En poussant mon téléobjectif au maximum de ses capacités, et malgré une luminosité soudainement plus voilée, je finis par distinguer une chose qui pend sous le tronc puis une forme sombre au-dessus de la branche voisine. A bien y regarder, nous sommes bien face à un léopard dans sa position assez classique, perché en hauteur. Alors bien sûr, contrairement à ses cousins léonins, celui-ci garde ses distances. Nous n’avons aucun espoir de le voir mieux. Mais c’est déjà exceptionnel de pouvoir l’observer. Pour mes camarades de voyage, il s’agit déjà du quatrième des « big five » en seulement vingt-quatre heures. Quand je dis que le Serengeti est exceptionnellement unique ! Et Harouna qui a osé me dire en voyant les photos que j’aurais pu zoomer plus. Euh, comme dire ? J’étais en butée à six cent millimètres ! Mieux, il fallait que tu t’approches. Non mais … ;-) Ou alors il fallait faire avancer ledit arbre. Cette dernière observation majeure vient clôturer une matinée riche en prédateurs et placée sous le signe de la verdure. Pourtant, il me semble n’avoir vu ni mare ni rivière. Il y a là un mystère à élucider. En fin de matinée, il est temps de rejoindre Pimbi Camp pour faire une pause à l’heure chaude.

Serengeti - secteur de SeroneraSerengeti - secteur de SeroneraSerengeti - secteur de Seronera
Serengeti - secteur de SeroneraSerengeti - secteur de SeroneraSerengeti - secteur de Seronera
Serengeti - secteur de SeroneraSerengeti - secteur de SeroneraSerengeti - secteur de Seronera

Serengeti - secteur de Seronera

Serengeti - secteur de Seronera (2)Serengeti - secteur de Seronera (2)Serengeti - secteur de Seronera (2)
Serengeti - secteur de Seronera (2)Serengeti - secteur de Seronera (2)
Serengeti - secteur de Seronera (2)Serengeti - secteur de Seronera (2)

Serengeti - secteur de Seronera (2)

Sans surprise, le déjeuner reste aussi copieux que les précédents repas. Manu profite de l’occasion pour prendre nos commandes de boisson pour ce soir. Sur le coup, je m’interroge sur l’origine possible du fournisseur étant donné que nous sommes au cœur d’un immense parc national. Cette demi-journée a mis à rude épreuve mon matériel photographique : une opération dépoussiérage est indispensable avant de repartir. Il faut dire que nous en avons pris plein les yeux ce matin, et pas seulement au sens figuré. La poussière s’est insinuée partout allant même jusqu’à nous piquer les yeux par moment. Après le repas, le programme semble majoritairement pointer sur la case sieste. Nous ne sommes guère que trois ou quatre à rester dans la salle grillagée qui sert de pièce de vie dans le camp, juste à côté de la cuisine, protégée de la même manière. Comme je l’avais en tête depuis notre arrivée sur ce terrain hier, je profite de ce répit pour faire un tour du campement avec mon plus gros objectif et un monopode vissé sous l’appareil. Il faudra bien cela pour faire des photos intéressantes de l’avifaune. Dans un premier temps, je reste sur ma faim en m’approchant de l’éminence proche du bloc sanitaire. Qui plus est, Harouna accourt derrière moi pour me retenir, le lieu étant soit disant dangereux : serpents et lions. Mouais, et donc les douches à dix mètres à côté ne craignent rien ? Bref. Je finis mon tour en m’éloignant et je reviens vers l’amas rocheux situé derrière nos tentes et derrière la salle à manger. C’est là que semblent se concentrer tous les oiseaux. Sans aucun doute, la présence voisine de la citerne d’eau et de la cuisine ne doit pas être étrangère à la concentration de toutes les plumes dans ce coin ! Les plus faciles à repérer et à identifier sont les choucadors de Hildebrandt, des merles à ventre roux. Ils ne semblent avoir peur de rien. Les eurocéphales de Rüppell apparaissent aussi en nombre, reconnaissables à leur tête toute blanche et l’œil souligné de sombre. En me tenant immobile, je finis par voir apparaitre quelques autres spécimens bien plus rares mais particulièrement plaisants à observer avec leur plumage coloré ou tacheté : parmi eux, les plus jolis sont sans hésitation le barbican masaï et le grenadier pourpre. Et puis, il ne faut pas oublier ceux plus ternes, plus monochromes mais qui occupent les buissons aux alentours : une tourterelle, quelques moineaux, quelques républicains d’Arnaud (en fait des tisserins à dominante grise). Avant de repartir, les damans des rochers qui avaient disparu depuis notre installation repointent le bout de leur museau.

Serengeti - Pimbi Camp - avifaune et damanSerengeti - Pimbi Camp - avifaune et damanSerengeti - Pimbi Camp - avifaune et daman
Serengeti - Pimbi Camp - avifaune et damanSerengeti - Pimbi Camp - avifaune et damanSerengeti - Pimbi Camp - avifaune et daman
Serengeti - Pimbi Camp - avifaune et damanSerengeti - Pimbi Camp - avifaune et damanSerengeti - Pimbi Camp - avifaune et daman

Serengeti - Pimbi Camp - avifaune et daman

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article