Traversée sud-africaine (5)

Publié le par Jérôme Voyageur

Samedi 7 novembre 2009, Plettenberg Bay

 

 

Nouveau réveil sans stress ce matin. Malgré un petit-déjeuner à 7h30, nous sommes tous debout bien avant. Il fait encore un peu frais mais c’est largement mieux qu’hier soir. Et puis quelques rayons de soleil réussissent à percer les nuages. Nous avons droit à un concert d’oies d’Egypte et goélands plus nombreux.

 

Vers 8h15, nous nous mettons en route direction Oudtshoorn. Pour cela, nous longeons la côte jusqu’à la grande ville de Georges en repassant par Knysna. Nous traversons aussi Wilderness qui offre une jolie baie aujourd’hui battue par les vagues. A son extrémité sud-ouest, un point de vue aménagé permet de l’embrasser du regard. De l’autre côté, la mer passe sous le pont du chemin de fer pour remplir une crique enfoncée dans la colline.

 

En approchant de George, nous longeons les montagnes d’Outeniqua. D’ailleurs, il faut les franchir par la passe du même nom perchée à 800 mètres d’altitude. En s’élevant, la route offre de beaux paysages sur ce massif en grande partie recouvert d’un fin couvert végétal. Au fond, on aperçoit la ville au bord de la mer.

 

Après le col, nous basculons dans un tout autre monde, le Little Karoo. La température remonte très rapidement de même que disparaissent la plupart des nuages bas. Nous découvrons d’abord une sorte de vallée d’altitude couverte de plantations. En descendant encore, le paysage se fait de plus en plus désertique. Au loin s’élèvent les cimes du Swartberg, second massif montagneux du pays après le Drakensberg. Les premiers élevages d’autruches apparaissent. Il faut dire que c’est la spécialité de cette ville d’Oudtshoorn qui exploite plumes, cuir, œufs et viande.

 

Carrel nous conduit jusqu’à la ferme de Highgate qui s’est spécialisée dans l’accueil des clients en plus de la production. C’est d’ailleurs la plus ancienne. La visite, en français, commence par une présentation des différentes utilisations de l’autruche. Comme dans le cochon, tout est bon. Nous assistons même à la fabrication d’un plumeau en plumes d’autruches. Cela prend moins de cinq minutes ! Nous découvrons ensuite divers styles de couveuses qui permettent d’amener les œufs à maturité. Le guide nous explique qu’en l’absence de dents, l’autruche avale des petits cailloux qu’elle stocke dans son estomac pour broyer sa nourriture.

 

Nous passons ensuite aux travaux pratiques. Cela commence par l’alimentation des autruches. Il suffit de mettre les grains de maïs sur la paume de la main ouverte à plat, puis d’approcher celle-ci de la clôture. Les autruches voraces s’y jettent dessus. Extérieurement, le mouvement de tête et le coup de bec paraissent brutaux. Mais dans les faits, ce n’est pas le cas. A part peut être avec le couple d’autruches naines dans l’enclos voisin qui semble un peu moins « délicat ».

 

Nous prenons ensuite le véhicule pour rejoindre d’autres enclos situés de l’autre côté de la route. Au passage, nous apercevons divers groupes d’autruchons de 3, 6 et 10 mois. Nous atteignons quelques enclos accueillant des couples reproducteurs. Ils sont isolés deux par deux, et disposent d’un abri où ils couvent. C’est là que le guide veut nous prouver que l’œuf d’autruche est très solide. Chacun notre tour, nous montons sur les quelques œufs posés là dans le sable. Je dois même passer le premier. Si ça résiste, tout le monde pourra passer ! J’avoue monter là-dessus avec un peu d’appréhension, persuadé que cela ne va pas résister. Eh bien si, les coquilles ne cèdent pas sous mon poids.

 

Nous passons ensuite dans ce qui pourrait ressembler à une sorte d’arène. Une autruche est attachée dans une structure en bois qui doit servir habituellement lorsqu’on lui coupe les plumes. Elle a un sac sur la tête pour la calmer. Une fois attachée, elle en est libérée. Une fois encore, j’ai droit à la primeur. Merci le guide ! Il s’agit de s’asseoir sur l’autruche. J’ai de la peine pour elle vu mon poids. J’arrive aussi à caresser son cou tout doux, du moins tant qu’elle ne le tend pas trop vers l’avant. Vient ensuite le rodéo. Cela commence par une démonstration. La seule volontaire est Camille. Elle en repart avec deux plumes blanches. La dernière attraction est une course d’autruches, style tiercé, histoire de montrer leur capacité à la course.

 

Nous retournons à la ferme. Là, notre guide nous montre divers silex témoins de la présence ancienne de l’homme en ces lieux. A l’intérieur, la visite se termine devant le squelette qui permet de comprendre pourquoi l’autruche donne des coups de pieds devant. Le guide nous montre aussi quelques objets bizarres et insolites retrouvés dans l’estomac d’autruches, faute d’avoir trouvé des cailloux : pièces de monnaies, bougies de voiture, etc…

 

Nous prenons notre pique nique sur la terrasse de la boutique, attablés à hauteur, une fois n’est pas coutume. Nous prenons notre temps pour digérer en photographiant les oiseaux ainsi que les cactus et autres fleurs présentes. J’arrive enfin à voir une huppe africaine même si elle reste farouche. Avec les filles, nous montons au-dessus de la ferme, dans une végétation un peu acérée mais abritant néanmoins d’intéressantes plantes. Au fond, nous tombons sur le cimetière familial.

 

Il est temps de retourner en ville où tout ou presque est écrit en afrikaans. Ca fait bizarre. Il faut dire qu’Oudtshoorn accueille le festival afrikaner du pays. Après quelques courses, nous rejoignons le camping dont la piscine se révèle bien agréable. Ce devrait être notre dernière nuit sous la tente et les étoiles car  le ciel s’est enfin dégagé.

 

 

Dimanche 8 novembre, Oudtshoorn

 

 

Nous nous levons comme nous nous sommes couchés : avec le soleil et le ciel bleu. C’est bien agréable. En plus, le petit-déjeuner n’est pas trop matinal. Ce matin, nous plions les tentes pour la dernière fois. Du coup, Carrel veut qu’elles soient bien pliées, histoire que le sac ferme correctement.

 

Nous passons la matinée dans le Little Karoo en parcourant la route 62. Nous alternons entre plaines desséchées et montagnes souvent aux teintes rougeâtres. Le trajet offre ainsi de beaux paysages minéraux. Nous traversons ainsi les petites villes de Calizdorp, Ladismith, Barrydale et Montagu. Chacune a sa spécialité en ce qui concerne les productions agricoles. Nous faisons halte  dans la dernière pour pique-niquer dans le jardin public. Carrel nous avait prévenus, c’est quand même impressionnant comme les villes sud-africaines sont « mortes » le dimanche. Juste en face du parc, nous pouvons admirer une maison typique du style Cape Dutch, datant de 1854. En route Carrel nous avait déjà arrêtés dans un endroit au nom plutôt bizarre pour faire une pause : le Ronnie Sex Shop. Il s’agit tout simplement d’un pub posé au milieu de nulle part. On y sert aussi le café. La décoration des lieux est pour le moins hétéroclite : graffitis sur les murs, selles de cheval et vêtements au plafond, soutien-gorge suspendus au-dessus du bar. En fait, ce nom semble parfait pour attirer l’attention de l’automobiliste et titiller sa curiosité.

 

Après Montagu, nous repartons vers le sud-est ( !!!) jusqu’à Swellendam pour récupérer la nationale 2 qui va jusqu’au Cap. De ce tronçon, je n’ai rien vu : je dormais quasi profondément. Cette N2 traverse sur tout son long des exploitations agricoles qui composent un patchwork de couleurs entre chaumes et luzernes, pêchers, oliviers, pommiers et poiriers. De nombreux troupeaux de moutons sont visibles. Malheureusement, depuis Montagu, tout cela se déroule sous une pluie battante et quasi continue. A l’approche de Somerset West, le col aurait dû nous offrir un panorama sur la péninsule du Cap. Aujourd’hui, il n’en est rien, nous sommes dans la brume la plus épaisse qui soit. Pour couronner le tout, les chantiers sur les routes créent de sacrés ralentissements.

 

Nous finissons néanmoins par arriver aux abords de Stellenbosch. Les vignes commencent à apparaitre sur tous les côteaux. Nous faisons halte dans un camp installé sous les pins. Nous pourrions presque nous croire dans les Landes. Avec ce temps pluvieux, il fait bon dormir au sec dans du dur. Avec tout le confort (bouilloire électrique, micro-ondes, …). Nous profitons d’une accalmie après la pluie pour aller marcher un peu dans le camp qui semble fortifié : portail fermé, clôture électrique doublée de deux hauteurs de barbelés. Cela ne plaisante pas ici ! Derrière, nous apercevons quelques parcelles de vigne.

 

 

Lundi 9 novembre, Stellenbosch

 

 

Quelle chance, il s’est mis à pleuvoir sur le matin. Le plafond est bas ! Mais nous avons bien dormi. Nous nous mettons en route vers Franschhoek, autrement appelé coin des Français. Ceci rappelle que cette vallée avait été accordée aux émigrants huguenots ayant fui la France après la révocation de l’édit de Nantes. Avant d’y parvenir, nous traversons Stellenbosch par les extérieurs, et ensuite, les parcelles de vigne sur tous les côteaux. La montagne du petit Dragon (Klein Drakensberg) a un effet tampon sur les nuages qui stagnent au-dessus de nos têtes.

 

A l’approche de Franschhoek, nous commençons à apercevoir des noms français pour les propriétés (Provence, La Motte, Allée Bleue, …). Nous arrivons finalement dans la rue principale où ce sont les restaurants qui ont pris la relève. Au bout de celle-ci se dresse dans un jardin le mémorial en souvenir des Huguenots. Devant une triple arche, symbole de la Trinité, s’élève Marie tenant une bible dans une main, une chaine brisée dans l’autre. Elle se tient sur un globe terrestre sur lequel sont gravés un bateau ainsi que la première colonie. Dans un coin du jardin, non loin de la caisse, nous pouvons voir quelques King Proteas, ces grosses fleurs emblèmes du pays. Juste à côté se trouve le musée huguenot. C’est l’occasion d’un rappel historique (en français) sur l’histoire des protestants en France, de François 1er à Louis XVI. Divers objets sont exposés pour rappeler l’histoire de cette arrivée via la Compagnie des Indes. Dans un petit bâtiment à l’arrière, nous pouvons voir quelques matériels servant à l’élaboration du vin. De l’autre côté de la rue, l’annexe du musée se focalise sur la vie quotidienne de ces colons d’origine française. La généalogie y tient une bonne place. D’ailleurs, des livrets sont consultables pour divers patronymes. Une salle est consacrée aux habitants originels, les Khoisans. Dans le centre-ville, nous pouvons apercevoir quelques rares bâtiments de style Cape Dutch.

 

Nous partons ensuite vers Stelllenbosch en passant par Boschendal, la zone concédée bushmen pour y produire eux aussi du vin. En route, nous faisons une halte dans la propriété Tokara pour une dégustation de vins locaux. Successivement, la serveuse nous propose deux blancs, deux rouges et un brandy. Dans l’ensemble, je dois reconnaître que c’est assez moyen. Du coup, nous nous abstenons pour la seconde dégustation planifiée l’après-midi chez Spiers. Stellenbosch, historiquement seconde ville du pays, présente un aspect très particulier : petites rues plantées d’arbres, façades blanches dans une grande majorité. Régulièrement, nous en apercevons de style Cape Dutch, datant souvent de la fin du 19ème siècle. On en trouve pas mal autour de la place centrale. L’université occupe une bonne partie de la cité, non pas en immense blocs mais toute une série de petites maisons spécialisées.

de Wilderness à Stellenbosch en passant par le Little Karoode Wilderness à Stellenbosch en passant par le Little Karoo
de Wilderness à Stellenbosch en passant par le Little Karoode Wilderness à Stellenbosch en passant par le Little Karoode Wilderness à Stellenbosch en passant par le Little Karoo
de Wilderness à Stellenbosch en passant par le Little Karoode Wilderness à Stellenbosch en passant par le Little Karoo
de Wilderness à Stellenbosch en passant par le Little Karoode Wilderness à Stellenbosch en passant par le Little Karoode Wilderness à Stellenbosch en passant par le Little Karoo

de Wilderness à Stellenbosch en passant par le Little Karoo

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