Une étonnante et unique place forte

Publié le par Jérôme Voyageur

Rocroi vue depuis le bastion de Montmorency
Rocroi vue depuis le bastion de Montmorency

Rocroi, 26 Mai 2016

Ce nom me disait très vaguement quelque chose. En fouillant dans le guide routier, j'ai découvert qu'il s'agissait d'un site historique digne d'intérêt. Renseignement pris sur Internet, je n'ai pas hésité plus longtemps à quitter Charleville-Mézières pour m'approcher de la cité fortifiée de Rocroi à quelques kilomètres à peine de la frontière belge.

Cette ville fortifiée est quai unique au monde avec son plan intérieur radio-concentrique, au coeur de fortifications en forme d'étoile à cinq branches. Au dire des locaux, il y aurait seulement une autre ville du genre en Italie. François 1er émis le premier l'idée de construire un petit fort afin de renforcer la frontière de Champagne; Henri II décida la construction d'une enceinte fortifiée. La place sera rachetée par Louis XIII en 1614. Mais c'est en 1643, quelques jours après le décès de ce même roi, que la cité acquiert "ses lettres de noblesse" en servant de cadre à une bataille en l'armée de Picardie menée par le duc d'Enghien, futur Grand Condé, et Francisco de Melo menant l'armée espagnole. Cette confrontation restera comme la première victoire du règne du très jeune Louis XIV, mais surtout elle marqua un tour décisif dans la guerre de trente ans. Ce n'est qu'en 1675 que le renommé Vauban vient renforcer les fortifications.

Même si l'ensemble saute aux yeux en vue aérienne, il suffit de flâner dans la cité pour percevoir ce plan si unique et particulier. Je vous invite à contourner la cité vers l'est pour rejoindre un des deux accès, à savoir la porte de Bourgogne. Ce coin permet de se stationner facilement avant de profiter de la visite. On découvre qu'il manque ici un large pan de construction : une tour qui servait aussi de porte a été démantelée. Direction la rue de Bourgogne qui prolonge la porte jusqu'à la place centrale en forme de pentagone, pour conserver la forme générale de la ville. Dix rues y convergent sous la surveillance religieuse de l'église qui constitue d'ailleurs le seul point visible depuis l'extérieur des fortifications. Dans un coin de la place, on peut voir la halle reconstituée. Quant au centre de la place, il est occupé par une fontaine : en y regardant de près, on se rend compte que celle-ci n'est pas vraiment au centre, sinon elle aurait gêné les défilés militaires dans l'axe des deux seules portes. Pour moi simple piéton, j'arrive à passer sans encombre sur cet axe.

Arrivé à la porte de France, elle aussi démantelée, je bifurque sur ma gauche pour faire le tour des fortifications par l'intérieur. Je rejoins d'abord le bastion de Montmorency du haut duquel on peut profiter d'un table d'orientation. On découvre aussi divers abris, trous et départs de souterrains mystérieux. C'est aussi l'occasion de constater qu'une seconde étoile complète celle des remparts : cinq demi-lunes ont étaient construites devant les courtines pour renforcer les défenses. On passe alors à une étoile à dix branches. Au pied de ce premier bastion, un petit panneau rappelle que la première maison de la rue Montmorency constituait une poudrière.

Le bastion suivant, dit du Petit Fort, est difficilement accessible, à cause la présence des écoles juste devant. En s'en rapprochant, on longe l'ancien hôpital. Après cet écart, on retrouve les remparts sous la forme de casemate semi-enterrées. Derrière le trou béant de la porte de Bourgogne se dresse le bastion du Roi à l'arrière duquel on peut encore apercevoir les écuries du gouverneur. Ce bastion semble décidément isolé puisque la courtine qui est sensé en reparti a disparu sur plusieurs mètres, laissant un trou béant dans les remparts. L'endroit est devenu un grand parking. Par la rue de l'Arsenal, on passe devant l'arsenal et les casernes, côté ville avant de rejoindre l'hôpital de siège installé dans le bastion du Dauphin. Malheureusement, celui-ci est inaccessible au grand public. La rue du chemin des Rondes conduit jusqu'au dernier bastion dit de Nevers avant de retrouver la rue de France ce qui boucle le tour extérieur dans les murs.

Tout ceci m'a mis en appétit, il est temps de trouver un endroit pour se poser et se restaurer ce qui n'est pas forcément évidemment, la vieille ville étant finalement assez petite. Après cette pause bienvenue, il est encore trop tôt pour visiter le musée. Renseignements pris auprès de l'office du tourisme, je me lance dans un second tour de la cité mais à l'extérieur des murs. Le plus dur consiste à trouver où il passe en l'absence de marquage : le plan fourni à l'office aide bien. J'opte pour le pont de France comme point de départ. Ce sentier permet de cheminer sur la seconde ligne de défense au delà du fossé. Il emprunte ainsi les différentes contregardes qui coiffent les bastions, les demi-lunes, soit par dessus, soit parfois par des petits tunnels. Ce circuit en plus d'offrir une vue d'ensemble des remparts permet de découvrir des fortifications annexes, telles les deux lunettes en ruines édifiées devant le bastion de Nevers.

Une fois cette double découverte bouclée, il est temps de rejoindre le musée de Rocroi, installé sur la place du Luxembourg non loin de la porte de Bourgogne. Ses portes n'ouvrent qu'à partir de 14h30. Etant le seul visiteur, j'ai droit à une visite guidée du rez-de-chaussée, l'occasion d'apprendre les petites histoires derrière la grande histoire de la ville. Je surprend mon hôte en lui disant que j'ai déjà fait deux fois le tour de la ville. Ce petit musée permit de bien comprendre la structure de la ville grâce à un grand plan relief ainsi qu'une collection de photos qui permettent de voir les évolutions. Dans une seconde salle, un film raconte la bataille de Rocroi. Celle-ci est aussi développé à l'étage avec d'autres maquettes avec des soldats de plomb.

Ainsi se termine mon escapade entre Meuse et Ardennes. Une région qui mérite vraiment un petit détour, à peine 2h30 de Paris...

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Publié dans Carnet de voyage, Europe, France

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