Reco Tanganyika (8)

Publié le par Jérôme Voyageur

Vendredi 15 Septembre, Mahale NP, Kasiha Camp

 

Le réveil est presque tardif ce matin. Nous prenons le petit-déjeuner dans la salle commune. Peter nous rejoint à sept heures trente accompagné de Kenneth le ranger qui veille sur nous depuis notre arrivée, toujours équipé de sa kalachnikov et d’Ernest, le responsable du parc. Nous sommes bien accompagnés pour cette première traque aux chimpanzés. Avant de partir, nous récupérons les masques médicaux à enfiler en cas de rencontre avec les primates.

C’est parti pour quatre heures de crapahut en tout, dont deux heures trente à l’aller. D’abord plat pendant que nous longeons la côte jusqu’à atteindre les arrières du campement Chimpanzee Safari avant de bifurquer à angle droit, vers les hauteurs. Nous affrontons une succession de montées et de descentes, avant de ne plus avoir que des montées, et encore des montées. Autant dire que c’est le profil idéal pour casser les jambes, et pour rapidement être en nage dans cette atmosphère tropicale. Les sons des chimpanzés entendus pendant un temps se font de plus en plus lointains. Après une longue pause d’écoute, Peter nous propose de poursuivre pour au moins quarante cinq minutes d’ascension avant de descendre mais sans assurance que les animaux seront là. Vu l’état des troupes et le niveau de nos gourdes, il est plus raisonnable de faire demi-tour. Nos trois accompagnateurs sont désolés de ne pas nous avoir permis d’observer les primates, mais ce n’était plus raisonnable de continuer. Sur le chemin du retour, nous réussissons à apercevoir un écureuil à pattes rousses ainsi que quelques nouveaux cercopithèques. Il nous faut une heure trente pour retrouver notre base, littéralement exténués et dépités d’avoir fait chou blanc. Nous remplaçons rapidement la tenue de randonneur par celle de baigneur. Quoi de mieux pour se relaxer et se délasser qu’un bon bain dans une eau claire et chaude ?

Après le repas, je me replie vers une des bandas pour faire la sieste avant une douche fraiche. Nous passons ensuite l’heure chaude, soit à discuter avec Peter, soit à fureter autour des bâtiments, attentifs à tout bruit ou mouvement animal, l’appareil à la main. J’arrive à observer surtout des babouins ainsi qu’un cercopithèque ascagne. Vers seize heures, nous partons nous promener le long de la plage vers le Nord. Nous devons nous contenter de quelques rares observations lointaines d’oiseaux. En revanche, le cadre est magnifique : un paysage de montagnes nous cerne tandis que les palmiers poussent au pied et sur notre gauche, vont et viennent les eaux translucides du lac. Soudain, les trois premiers qui avaient pris un peu d’avance voient un crocodile partir à l’eau. D’abord moqueurs, nous sommes bien obligés de les croire en voyant les traces sur le sable. Quelle surprise sachant qu’il ne devait pas y en avoir ici. Certains s’arrêtent à mi-chemin à l’affût des oiseaux tandis qu’un trio dont je fais partie continue à progresser. Nous finissons par rejoindre le Flycatcher camp, abandonné mais qui donne l’impression d’être seulement déserté par ses occupants. La plage se termine là, fermée par une barre rocheuse, couverte de végétation, qui s’avance dans les eaux du Tanganyika. Une autre trace de crocodile est visible. Décidément ! D’ailleurs, en retrouvant les autres, nous apercevons au large deux paires de narines témoignant de leur présence dans l’eau. Ceci ne nous empêche pas de reprendre un bain une fois rentrés au camp. Nous sommes juste un peu plus méfiants, mais surtout bruyants. Après ce bon moment de réconfort, nous remontons préparer le repas.

Vers vingt heures, Peter est de retour pour nous accompagner lors de la sortie de nuit. Aux dires d’Ernest, il semble très facile de voir des potamochères dans le coin. Autant dire que Fred ne se l’est pas fait redire deux fois. Une occasion peut-être unique d’observer cette espèce nocturne de manière autre que furtive. Il nous conduit d’abord près d’un premier logement d’employés du parc pour une première observation fugace. Nous poursuivons donc jusqu’au réfectoire en sinuant à travers les différents blocs d’habitation. Nous nous asseyons sur les quelques marches qui se trouvent là pendant que le cuisinier prépare la tambouille sur le feu de bois. Régulièrement il jette ses détritus sur la butte devant nous. Malgré le bruit et la proximité humaine, ils finissent par arriver, au moins une dizaine de toutes tailles. On dirait des sangliers à crête blanche et aux flancs roux, enfin, quand ils ne se sont pas roulés dans la boue. Ils se délectent de tous les restes de cuisine. Grâce à la torche de Fred, nous pouvons faire des photos potables malgré la nuit noire. Nous restons ainsi une bonne heure à les regarder aller et venir, agiter la végétation aux alentours. Après cette première, nous laissons nos hôtes d’un soir à leur repas pour rejoindre nos tentes et profiter d’une nuit réparatrice.

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