Mazamet, entre ciel et terre

Publié le par Jérôme Voyageur

Mazamet, Février 2021

Depuis quelques mois déjà, l'idée était dans l'air d'aller découvrir cette fameuse passerelle jetée dans le vide en 2018 sur les hauteurs de cette cité tarnaise, tombée dans une certaine torpeur après son âge d'or centré sur l'économie du délainage et de la mégisserie. Si la période avait été plus propice, nous aurions pu découvrir le musée du catharisme qui aurait bien avantageusement complété mon tour du pays cathare (déjà bientôt deux ans .... ici). "Condamnés" par la Covid à des visites de plein-air, nous avons mis à profit cette belle journée de fin février pour monter à l'assaut de ce passage aérien.

L'accès est globalement bien fléché dans toute la ville ... à part peut-être le dernier carrefour, où on a vite fait d'aller tout droit et de finir par apercevoir la fameuse destination en contrebas alors qu'on file vers le col qui mène ensuite vers la cité de Carcassonne. Il faut donc dénicher la rue de la Resse qui mène jusqu'au parking principal. Aujourd'hui son apparence n'est pas des plus engageantes. Il faut dire qu'il est aménagé en lieu et place d'une ancienne usine qui a été démolie. Seule la cheminée de briques a survécu. On peut espérer que les lieux seront aménagés dignement dans le futur comme le laisse espérer un grand panneau d'informations. En attendant, il faut se contenter des lieux comme ils sont, un peu austères, disons!

Depuis ce stationnement, deux options s'offrent aux promeneurs:

- soit le sentier dit des Jardins de Cormouls Houlès annoncé pour trente minutes qui correspondent à un parcours de 1,5 km, 118m de dénivelé et 8% de pente moyenne,

- soit le sentier dit du chemin de la Jamarié, beaucoup plus rapide avec seulement 15 minutes qui correspondent à un parcours de 670m et 120m de dénivelé mais 19% de pente moyenne.

En fonction de votre condition du moment, vous pouvez opter pour le plus adapté. Néanmoins, la portion initiale, encore bitumée, commence très fort. Gare à ne pas partir trop vite; je parle par expérience. Après quelques centaines de mètres, le parcours rejoint les sous-bois, et le goudron laisse place aux cailloux et à la terre. Aucun risque de s'égarer grâce aux nombreuses flèches qui indiquent le but. Ici et là, on longe des restes de murs incurvées et quelques tours en ruines qui constituaient les fortifications avancées du village d'Hautpoul au Moyen-Âge, berceau historique de la ville de Mazamet. Non loin du but, une bifurcation (il ne faut que cinq minutes  et quasiment pas de dénivelé) permet de rejoindre ce qu'il reste de l'ancienne chapelle Saint-Sauveur, en gros deux pans de murs mais un point de vue intéressant sur la cité en contrebas, mais aussi vers la structure métallique qui commence déjà à impressionner à distance.
 

Chapelle Saint-SauveurChapelle Saint-SauveurChapelle Saint-Sauveur
Chapelle Saint-SauveurChapelle Saint-SauveurChapelle Saint-Sauveur
Chapelle Saint-SauveurChapelle Saint-SauveurChapelle Saint-Sauveur

Chapelle Saint-Sauveur

De retour sur le chemin principal, il reste un dernier coup de collier pour atteindre l'accès nord de la désirée passerelle. Les massifs ancrages dans la roche rassurent tout comme le diamètre des deux câbles porteurs qui enjambent la petite vallée. Il faut bien cela pour rassurer les promeneurs sujets au vertige car, par ailleurs, le sol de la passerelle est percé, laissant voir en contrebas et les garde-corps "simplement" constitués de grillages à grosse maille. 70 mètres plus bas coule l'Arnette, générant un fond sonore façon torrent. 140 mètres plus loin c'est l'autre rive du ruisseau qui attend les plus craintifs. Avec une largeur d'environ 1m50, les promeneurs peuvent se croiser sans difficulté, à condition bien sûr de bien vouloir quitter momentanément l'axe médian de la passerelle, visiblement plus rassurant pour certains. Quant au tangage, il est bien limité grâce à des câbles complémentaires situés en dessous de la structure.

 

La passerelle de MazametLa passerelle de MazametLa passerelle de Mazamet
La passerelle de MazametLa passerelle de MazametLa passerelle de Mazamet
La passerelle de MazametLa passerelle de MazametLa passerelle de Mazamet

La passerelle de Mazamet

Si un certain nombre de visiteurs s'arrêtent là le temps de reprendre leurs esprits et de faire demi-tour, la plupart continuent leurs efforts pour rejoindre le village médiéval installé sur l'éperon rocheux qui surplombe la vallée, un peu à la manière d'une figure de proue. En conséquence, il faut encore rassembler ses forces d'autant plus que les marches sont tout sauf régulières. Ainsi on rejoint le "château", du moins ce qu'il en reste. Il offre lui aussi une belle vue panoramique sur les environs depuis la chapelle sur la gauche jusqu'à la ville de Mazamet sur la droite en passant par une perspective plongeante sur la passerelle. Ce petit village a longtemps eu une histoire mouvementée, d'abord au cours de la période du catharisme, subissant le siège et les destructions des troupes de Simon de Montfort pendant la croisades des Albigeois puis pendant les guerres de religion, avant de tomber dans un certain anonymat. Désormais, il abrite quelques petites dizaines d'habitations, bien loin des deux cents feux au sommet de sa gloire.

Ici rien n'est plat. La moindre ruelle est pentue. Autant dire que le moindre muret offre un agréable et bienvenu moment de pause. On passe successivement devant l'ancien four à pain, devant le lavoir, sous une ancienne porte ... Pourquoi s'acharner autant me direz-vous? Simplement, pour rejoindre le rocher de la Vierge. Si la statue n'a rien de spécial, son implantation au sommet de l'éperon offre, en revanche, une vue unique. Sur le chemin du retour, un panonceau attire notre attention sur une pierre dressée qui serait passée inaperçue. En regardant de plus près on devine sur chaque face la marque de la "seigneurie d'appartenance". Sans le savoir, nous somme sur une frontière. Si le coq rappelant le blason d'Hautpoul est à peu près identifiable, il est en revanche bien moins évident de discerner le chiffre du chapitre de Saint Nazaire de Carcassonne de l'autre côté.
 

village médiéval d'Hautpoul (1)village médiéval d'Hautpoul (1)village médiéval d'Hautpoul (1)
village médiéval d'Hautpoul (1)village médiéval d'Hautpoul (1)village médiéval d'Hautpoul (1)
village médiéval d'Hautpoul (1)village médiéval d'Hautpoul (1)village médiéval d'Hautpoul (1)

village médiéval d'Hautpoul (1)

village médiéval d'Hautpoul (2)village médiéval d'Hautpoul (2)village médiéval d'Hautpoul (2)
village médiéval d'Hautpoul (2)village médiéval d'Hautpoul (2)village médiéval d'Hautpoul (2)
village médiéval d'Hautpoul (2)village médiéval d'Hautpoul (2)village médiéval d'Hautpoul (2)

village médiéval d'Hautpoul (2)

Il est temps de faire demi-tour. En ces temps de couvre-feu, il faut éviter de reprendre la route trop tard. Dans le sens du retour, la progression est moins usante, quoi que certains préfèrent la montée à la descente. En revanche, les sentiers à suivre sont moins bien marqués, voir même sont marqués à l'inverse de la montée. Ainsi, il est possible de se retrouver en amont du parking et de devoir marcher un peu plus pour rejoindre le véhicule. Rien d'insurmontable néanmoins!

Pour ceux qui n'aiment pas trop la foule, il vaut mieux éviter les week-ends et les vacances d'été, périodes pendant laquelle la fréquentation de ces lieux finalement plutôt étroits devient vite insupportable. Privilégiez un jour ensoleillé de semaine et vous ne profiterez que mieux de votre ballade.

Publié dans Carnet de voyage, France

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P
magnifique reportage cordialement
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J
merci, cela fait du bien de s'aérer un peu en cette période bien tourmentée
J
beaucoup de conseils pour nous présenter cette visite....beaucoup de courage pour passer la .,,,passerelle,, moi qui ai peur du vide....je ne sais si je pourrais! Mais tes photos donnent vraiment l'idée de ce site particulier. Alors Merci pour cette promenade vraiment étonnante! Bonne semaine
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J
merci à toi Jacqueline pour ta fidélité