Aventure spatiale en Amazonie (4) - Détour par le bagne

Publié le par Jérôme Voyageur

Dimanche 16 Avril, Kourou

 

Une fois n’est pas coutume, il semble ne pas avoir plu dans la nuit pas plus que la matinée ne commence sous la pluie. Cela serait bien de continuer ainsi pour cette journée de plein air. Lorsque notre chauffeur de remplacement vient nous chercher, nous avons la surprise de découvrir qu’il est venu avec sa picolette. Ainsi, de bon matin, nous entendons enfin un échantillon de ce que ces fameux oiseaux sont capables de faire. Arrivés chez Félix, une autre boulangerie plus proche de l’embarcadère, la cage est suspendue à un store non loin de la terrasse. Ainsi, en attendant d’être servis, nous pouvons l’écouter. Son propriétaire n’est jamais très loin pour surveiller son bien précieux. La pauvre est même mouillée par une première averse. Le début de journée était il trop beau ? Une seconde éclate alors que nous sommes à l’abri devant le guichet la compagnie assurant la liaison avec les îles du Salut. Il nous faut patienter le temps qu’un bateau privatisé soit embarqué avant de pouvoir progresser sur le ponton. Comme les bâtiments, les bateaux au mouillage souffrent particulièrement des conditions environnementales. Certains font peine à voir. Notre catamaran à moteur semble lui bien à son avantage. J’imagine que son utilisation quotidienne implique un entretien régulier. Dans un premier temps, je choisis de monter à l’air libre après avoir déposé mon sac au pont inférieur. On verra bien combien de temps je résiste. Avec la marée basse, notre bateau doit encore plus prendre garde à s’aligner parfaitement sur le chenal. Malgré sa largeur le fleuve Kourou est particulièrement envasé : ce serait béta de rester coincés à quelques mètres à peine du port. Les eaux sont très chargées en limon : elles n’invitent aucunement à la baignade. Bientôt, nous dépassons la pointe des Roches où se dresse la tour Dreyfus ainsi que l’hôtel des Roches, propriété du CNES. Face à nous apparaissent deux des trois îles du Salut : l’île Royale à gauche et Saint-Joseph à droite. Même en pleine mer, les eaux gardent cette apparence brune toujours aussi peu engageante. Quant au ciel, je m’en méfie, la présence du vent masque la morsure du soleil qui arrive à percer les nuages : le meilleur moyen  de prendre un vilain coup de soleil sans s’en rendre compte. Chapeau et crème solaire obligatoires. Néanmoins ce vent a aussi un effet néfaste me concernant : il creuse un peu l’océan ce qui a pour effet de faire monter en moi un début de mal de mer. Inutile de lutter, je préfère descendre immédiatement au pont inférieur et me poser les yeux fermés. Avec un peu de chance, je devrais échapper au pire même si les intestins commencent à se plaindre. C’est avec un certain soulagement que j’accueille le ralentissement des moteurs : je me risque alors à ouvrir les yeux pour savoir où nous sommes. La crique que forme l’île Royale face au continent nous abrite enfin. Malgré tout, nous ne sommes pas encore arrivés. Nous laissons débarquer l’immense majorité des passagers tandis que nous restons à bord le temps de nous désamarrer et de parcourir les quelques centaines de mètres qui nous séparent de l’île voisine de Saint-Joseph, de loin la plus sauvage. En passant le chenal, nous apercevons enfin la troisième de l’archipel, baptisée l’île du Diable mais dont l’accès est strictement interdit. Contrairement à l’île principale, Saint-Joseph ne dispose pas d’un ponton adapté pour accoster notre gros catamaran. Aussi, nous sommes conviés à monter sur le pont supérieur d’où un escalier a été déployé pour descendre jusqu’à l’annexe. La difficulté consiste à sauter dans l’annexe au bon moment sous peine de finir à l’eau. Il faut donc plusieurs voyages pour débarquer tout le monde. Je confirme que je suis bien plus à l’aise les pieds sur la terre ferme.

Nous découvrons immédiatement que nous venons de débarquer sur une terre appartenant au CNES et gardé par le troisième régiment étranger d’infanterie (3° REI basé à Kourou). D’ailleurs leurs installations sont établies juste à droite du débarcadère dès le début du sentier. Nous les longeons sur une centaine de mètres avant que le sentier ne prenne de la hauteur et commence à serpenter. Bien qu’à l’ombre de grands arbres fournissant une ombre bienvenue, la moiteur se fait sentir. Mieux vaut monter tranquillement à son rythme : un paon mâle nous regarde passer sans même faire la roue ! Le dernier tronçon du chemin désormais presque plat nous fait longer ce qui ressemble à un ancien mur d’enceinte largement rongé par les mousses et colonisé par les épiphytes. Finalement, nous trouvons une ouverture qui nous permet d’entrer dans ce qu’on appelait le camp de la transportation. Des inscriptions gravées au fronton du bâtiment qui nous fait face rappellent que la construction remonte à la fin du dix-neuvième siècle. Le temps a fait son œuvre ; tous les toits de tôle ont disparu. Les murs essaient de survivre mais c’est surtout la nature qui a repris ses droits, à tel point que dans certaines anciennes cellules ou dans les couloirs, on peut désormais voir des arbres pousser et « absorber » les murs. L’ambiance est pesante entre la moiteur latente, le côté lugubre des lieux et l’imagination de ce qu’a dû être la vie ici. Quelques cellules à peu près préservées donnent un aperçu de l’exigüité et de l’absence totale d’intimité avec la présence de grilles en guise de plafond. L’endroit est tellement vaste que chacun peut s’isoler et vivre sa propre découverte de ces murs chargés d’une histoire sombre. En sortant de ce premier camp, nous manquons de marcher sur un convoi de grosses fourmis. Il était pourtant simple de les repérer, chargées qu’elles sont de gros morceaux de feuilles bien vertes. Mais pour cela, il aurait fallu qu’on regarde le sol plutôt que les murs en quasi ruines tout autour de nous. Quelques dizaines de mètres plus loin, nous rejoignons un second bloc de cellules qui constituaient le camp dit de la réclusion. L’état de conservation et l’impression restent les mêmes. La seule différence réside dans cette vaste esplanade qui fait face aux bâtiments, offrant comme une respiration au visiteur, immédiatement moins « oppressé » par les murs végétaux ou bâtis. Gare au soleil néanmoins ! Les palmiers aux alentours pourraient laisser croire à un cadre idyllique, ce qui ne fut jamais le cas a priori. Les vestiges des petits bâtiments de l’autre côté de cette place contrastent avec les longs volumes qui englobaient les cellules : il semblerait que nous avons devant nous ce qu’il reste d’un mess et des cuisines. Plus loin, en quittant les lieux après avoir longé le mur nord de la réclusion, nous découvrons les ruines d’un autre bâtiment de service, en l’occurrence des logements et communs qui devaient héberger deux familles. C’est à l’angle de cet édifice que nous nous engageons sur une large voie pavée plus ou moins grossièrement et bordée de murets de même nature qui redescend vers le rivage nord. Quant à la végétation, elle forme comme une sorte de voûte ce qui pourrait presque donner des impressions d’un tunnel.

Au bas de la pente, nous bifurquons sur notre droite. Une première plage assez typique des tropiques avec sa couverture de palmiers inclinés vers l’océan succède à un chaos de massifs blocs de pierre noire, bien peu propice à la baignade. Néanmoins même la bande de sable n’a pas attiré beaucoup de baigneurs. Il faut dire que les visites sur cette île sont rares, donc a fortiori les candidats au barbotage. Nous préférons poursuivre à travers le cimetière qui était réservé au personnel et à leurs familles. Lui aussi a mal supporté le temps. Beaucoup de tombes sont très dégradées. La plupart ne sont plus marquées que par un rectangle de briques érodées par le temps et alignées de manière plus ou moins régulière. Rares sont les pierres tombales encore visibles. Certaines laissent encore apparaitre un décor sculpté ; trois ou quatre à peine comportent encore des inscriptions, certaines seulement partielles et donc difficile à déchiffrer. Il n’y a guère qu’Elise de Villet, décédée à l’âge de 39 ans en 1897, dont on peut certifier la présence. Au large, nous distinguons enfin l’ile du Diable, quasi exclusivement sauvage et la case où avait été isolé Alfred Dreyfus. Dès lors, nous poursuivons le sentier côtier qui contourne la partie est de l’île en équilibre entre les flots qui viennent se fracasser sur les roches noires à notre droite et la nature tantôt végétale, tantôt minérale qui forme une sorte de paroi sur notre droite. Gare aux noix de coco qui pourraient tomber : elles sont d’ailleurs bien nombreuses au sol ayant déjà germé et produit de premières feuilles, parées à donner naissance à de nouveaux palmiers d’ici peu. En étant attentif et un peu discret, nous apercevons à deux reprises des agoutis, rongeurs « bicolores » noir et roux. Assez craintifs, le moindre bruit les fait disparaitre dans le sous-bois.

Après une grosse demi-heure, nous rejoignons la piscine des bagnards de l’île Saint-Joseph, une crique encaissée et fermée par une barre rocheuse. Difficile de la louper avec Olivier qui y barbote bruyamment. C’est l’occasion pour nous de faire une pause. Il ne nous reste qu’une centaine de mètres pour rejoindre l’embarcadère. Nous découvrons alors que notre guide a acheté au bateau vénézuélien au mouillage une petite dizaine de vivaneaux d’un fort beau gabarit. Mais la question se pose de savoir comment il va bien pouvoir les conserver jusqu’à ce soir. Apparemment il a sa petite idée sur la question et nous n’en saurons pas plus pour le moment. Le retour à bord du catamaran se fait de la même façon qu’à notre arrivée : l’annexe vient nous chercher par groupes de six ou sept. Le souci, c’est qu’au moment de passer de l’annexe à l’échelle du bateau, il faut prendre une impulsion en espérant qu’au moment où l’annexe va s’éloigner du pied, la houle ne va pas faire bouger le frêle esquif. Et là, cela devient aléatoire : j’ai vu le moment où j’allais finir à la flotte. Par chance, j’avais suffisamment d’élan.

Traversée vers les îles du SalutTraversée vers les îles du SalutTraversée vers les îles du Salut
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Traversée vers les îles du Salut

Ile Saint-Joseph (1)Ile Saint-Joseph (1)Ile Saint-Joseph (1)
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Ile Saint-Joseph (2)Ile Saint-Joseph (2)Ile Saint-Joseph (2)
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Ile Saint-Joseph (3)

La traversée jusqu’à Royale ne prend que quelques minutes et le débarquement se fait de manière plus classique par le ponton. Après une première portion entièrement plane le long de la baie, le chemin prend subitement de la hauteur sans réellement sinuer. Autant dire que le dénivelé doit être affronté frontalement. Quelle idée d’avoir baptisé ce passage, la pente des blagueurs ;-) Sans compter que la moiteur sous la voûte végétale n’offre pas les conditions les plus agréables pour un effort soudain comme celui-ci. Chemin faisant nous apercevons deux capucins bruns, le jeune semblant bien plus sociable que le gros, en tout cas apparemment moins dérangé par notre présence. Nous sommes aussi surpris par un paon. Il faut dire qu’on l’entend chanter depuis les sommets d’un arbre sans le voir. Il nous faut quelques minutes d’observations avant d’identifier de qui venait ce bruit. C’est ainsi que nous rejoignons une sorte de plateau où sont regroupées la plupart des constructions du bagne. Avant de songer à explorer les lieux nous bifurquons sur notre droite vers l’ancienne caserne désormais connue sous le nom d’auberge des îles, qui fait plus penser à une longue maison coloniale dotée d’un étage. Avant de passer à table, je flâne un moment dans les jardins qui fourmillent de couleurs (bougainvilliers de trois teintes, frangipaniers roses, fleurs en tous genre, sans oublier un immense caoutchouc) et de vie avec une petite dizaine de paons, mâles et femelles ainsi qu’un agouti, celui-ci bien moins craintif et plus collaboratif avec mon objectif. Plaisir des yeux, mais l’estomac commence à se plaindre. Direction donc la terrasse de l’auberge où je me rends compte que tout le groupe est déjà attablé ou presque. Mais ils ne sont qu’une poignée à avoir pris de l’avance sur les bières. Direction le buffet … et retours réguliers pour se resservir, jusqu’à abuser au point d’engloutir non pas une mais deux mousses au chocolat. Accro moi ? Non, pas du tout ! Les douceurs ont une fin, surtout que je voudrais quand même explorer la plus grande des îles du Salut. C’est parti, muni d’un plan que nous a déniché Olivier.

En quittant l’auberge, ex-caserne, par le même chemin, je découvre que j’étais passé sans m’en rendre compte le long de l’ancienne mare que je qualifierais plutôt de réservoir, enfin sûrement à l’époque : aujourd’hui il est asséché et largement envahi par la végétation. Je choisis de traverser la grande esplanade herbagée qui s’étire sur ma gauche, agrémentée de quelques arbres qui offrent une ombre bienvenue aux quelques visiteurs qui ont choisi de pique-niquer là. Ma promenade débute par deux anciens logements du personnel, le premier qui hébergeait le chef de centre, l’institutrice et l’école a été laissé à l’abandon et dépérit tandis que le deuxième, précédemment occupé par l’aumônier puis le médecin-chef, a été transformé en gendarmerie des îles garantissant son entretien régulier. Ces deux gendarmes viennent accueillir chaque bateau sur la jetée pour rappeler les règles, mises en garde du moment et le moyen de les contacter en cas d’urgence pendant le séjour. Il semblerait que l’aumônier souhaitait vivre près de son « lieu de travail » : la petite église aux teintes rouges se dresse juste à côté des deux précédents édifices. Elle aussi donne l’impression d’un entretien particulier : toutes les boiseries utilisées dans la partie supérieure sont couvertes d’une peinture rouge quasi parfaite.

Il en va, en revanche, différemment pour l’ancien hôpital militaire que je rejoins au bas d’un court plan incliné empierré. L’imposant édifice a certes réussi à conserver ses structures principales et un toit de tôle, certainement assez récent, ce qui permet encore aujourd’hui d’imaginer à quoi il pouvait ressembler il y a encore un siècle. En revanche, les portes et volets encore en place de même que les peintures dans les coursives donnent un tout autre sentiment, celui d’un bâtiment souffrant des affres du temps et des assauts du climat tropical. Juste à l’arrière, je découvre la présence d’un petit phare constitué d’une lanterne métallique peinte en rouge et posée sur une tour bétonnée. Etonnamment, il est très proche, quasi collé à l’hôpital. Quelques mètres en contrebas, le chemin fait traverser le cimetière des enfants. Comme celui de Saint-Joseph, il a particulièrement souffert. Quelques pierres tombales encore lisibles rappellent qu’on pouvait mourir très jeune sur cette île. C’est de ce lieu que je poursuis seul ma visite en empruntant le chemin bétonné qui semble contourner l’ouest des installations du bagne. Dans un premier temps, je finis par douter d’avoir fait le bon choix en l’absence de la moindre vue sur la mer ou de vestiges. Mais quelques dizaines de mètres plus loin, je suis largement récompensé de mon choix. Des dizaines de capucins bruns vaquent à leurs occupations, soit sur les bords du chemin, soit carrément au milieu du passage. J’ai même la nette sensation que ma présence ne les gêne pas le moins du monde. Certains se saisissent de cailloux en guise d’outils pour ouvrir des grosses graines ou coques : tout est bon pour satisfaire son appétit. Pour d’autres, c’est plutôt l’acrobatie qui est au programme. Le dernier que j’observe finit même par se suspendre simplement par la queue !

Après cette boucle en solitaire, je retrouve quelques membres du groupe en rejoignant un bloc de bâtiments visiblement restaurés. Ces deux rangées de quatre maisons relativement semblables composaient le quartier des surveillants mariés. On pourrait presque croire extérieurement qu’ils servent encore aujourd’hui. Ce n’est pas vraiment le cas du quartier disciplinaire implanté juste à côté. On y pénètre par une cour où se dressait la guillotine. L’ensemble constitue un singulier assemblage de logements, de bureaux, de dortoirs, de lavoirs et d’une série de cellules dont les exemplaires encore visibles à l’intérieur sont particulièrement bien conservés et équipés avec une banquette et une porte en bois. En ressortant de ce quartier, je me rends compte que je viens de faire le tour de la moitié ouest de l’île et que je suis revenu à proximité du réservoir. C’est d’un pas leste que je traverse une nouvelle fois le parc entourant l’ancienne caserne. L’heure tourne et je voudrais explorer la partie est, certes la moins dense en terme de vestiges. Le premier édifice, aux dimensions limitées, installé a priori au point culminant de l’île, était l’ancien sémaphore (avec la végétation, la brume et la disparition des signaux, on peine un peu à imaginer comment il était ainsi possible de communiquer avec le continent, en l’occurrence avec la tour Dreyfus sur la pointe des Roches). Je découvre grâce à une petite plaque commémorative que Guillaume Seznec a rempli la fonction de sémaphoriste durant son séjour aux îles du Salut. Lors de la réclusion de Dreyfus, ce sémaphore était indispensable pour rendre compte quotidiennement du statut de l’unique reclus de l’île du Diable. Le passage pavé sinue à flanc de colline pour lentement redescendre vers le niveau de la mer. A hauteur du logement du chef et de l’hôtel du commandement, je suis frustré de ne pas pouvoir avancer, des barrières isolant cette zone suite à un éboulement. Je n’ai donc d’autre choix que de continuer à descendre laissant sur ma gauche le magasin de la gestion d’où montent de nombreux bruits d’enfants. Il semblerait qu’un camp de vacances de gamins y soit basé. J’abandonne ensuite l’idée de tester la piscine des bagnards tant elle est envahie d’algues et plus vraiment protégée des vagues. En revanche, j’aperçois plusieurs têtes dans l’eau près du quai Legoff voisin. Parmi elles, je reconnais des visages connus. C’est enfin l’occasion de se baigner, surtout que j’avais prévu les affaires pour cela. Et plouf ! Je suis toujours aussi bien dès que je suis dans l’eau. Etonnamment, je flotte particulièrement bien quelle que soit la position, comme si l’océan était plus salé par ici. De temps en temps, j’aperçois furtivement une tête de tortue qui émerge mais les apparitions sont tout le temps très limitées ; et aucune ne daigne vouloir nager à proximité de ces bipèdes un tantinet bruyants. Petit à petit, une bonne partie du groupe converge vers ce quai, même si tout le monde n’opte pas pour la baignade. Il faut malgré tout surveiller l’heure pour ne pas manquer le bateau pour le retour à terre. D’ailleurs, je finis par douter de l’horaire qui nous a été fourni quand nous finissons par nous retrouver seuls sur les lieux tandis que tous les autres sont déjà repartis. Bizarre, bizarre ! Inutile de trainer trop longtemps. Je veux en profiter pour observer les derniers bâtiments, ou ce qu’il en reste, qui parsèment cette partie de l’île. D’autant plus que le premier, à proximité du quai, a une symbolique historique : il s’agit du pilier du transporteur automatique qui permettait de ravitailler l’île du Diable sans y débarquer … Non loin de là, de l’autre côté du chemin, la bâtisse plutôt quelconque qui tient encore debout abritait la boucherie. Ceci explique sûrement pourquoi avec l’abattoir, ils étaient si éloignés du reste des constructions. C’est enfin les quatre murs de l’ancien atelier des travaux qui conclut cette balade autour de Royale. Il ne reste que quelques centaines de mètres à parcourir au milieu de la végétation avant de rejoindre la longue et large promenade qui précède la jetée. Nous retrouvons quasiment tout le groupe. En fait c’est l’immense majorité des visiteurs du jour qui sont rassemblés là. On frôlerait presque la cohue. Sans compter qu’un véhicule de l’auberge est venu stationner au milieu. Nous avons la surprise d’apprendre qu’il renferme les vivaneaux. Leur aventure continue ! Il va bien falloir trouver une solution pour la traversée. Tandis que j’anticipe le retour en dénichant une banquette sous le poste de pilotage où je pourrais m’étendre, j’observe les tentatives d’Olivier pour dénicher une place dans une des glacières des autres passagers pour caser ces poissons. Contre toute attente, il finit par y réussir avec les accompagnateurs du groupe des enfants. Quant à moi, je réussis à m’éviter tout haut le cœur lié au mal de mer pendant toute la traversée. Je remonte à la surface à quelques centaines mètres de l’embouchure du fleuve. Une journée bien remplie … mais loin d’être terminée !

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Ile Royale (3)

En effet, il va bien falloir consommer ces gros poissons rouges que notre guide trimballe depuis la mi-journée. Le programme est adapté en ce sens : tout le monde va se regrouper dans notre villa pour les déguster. Pendant que nous nous reposons un peu et préparons la venue des autres, principalement l’installation de la table, notre GO part faire quelques courses et récupérer un barbecue et une « rizeuse » (sic). Léger détail, le minibus est tout sauf adapté pour en transporter un modèle « maison » aussi encombrant. Nous l’installons dans un coin de la terrasse. Peu de temps après, je suis surpris de voir arriver deux filles. Il était plus simple de faire venir quelqu’un sachant préparer la sauce chien plutôt que d’apprendre la recette en quelques minutes. Nous faisons donc la connaissance de Fabienne, une amie de notre guide originaire d’Haïti, et sa copine brésilienne et pleine de vie, Lucie. Tandis qu’une poignée de gars s’évertue à allumer le barbecue, non sans difficulté, je reste en cuisine dans le rôle d’assistant bien aidé en cela par Corinne. Fabienne commande, nous exécutons. Prévenants, Eric et Olivier viennent régulièrement s’enquérir de nous et nous ravitailler en remontant, tantôt à base de houblon, tantôt à base de canne à sucre. Nous ne sommes pas mécontents quand nous pouvons enfin rejoindre le reste du groupe et nous installer autour de la table pour déguster ce repas improvisé mais ô combien goûteux. Quelle agréable soirée qui nous a permis de faire la connaissance de deux personnes bien sympathiques.

Aventure spatiale en Amazonie (4) - Détour par le bagne
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J
BIen sur tu ne pouvais pas ne pas visiter ces lieux historiques et terribles! Mais il y a aussi la belle nature qui console de ces endroits lugubres! Et à la fin tu as fait aussi le marmiton!!! Quelle journée!!!!!!
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J
Ne m'en parle pas! Une journée bien remplie