Pistes de Zambie et du Malawi (5)

Publié le par Jérôme Voyageur

Dimanche 24 juillet 2005, à l’ouest du Malawi

 

 

Il fait toujours aussi frais ce matin au réveil. Le vent ne facilité pas le pliage des tentes. Alors que certains sont partis devant à pied, une petite fille accompagnée de sa mère vient nous offrir une assiette de cacahuètes (natures et bios celles-ci !) ; en échange, nous ne pouvons pas faire moins que lui donner quelques vivres. Après avoir laissé le terrain net, nous reprenons la piste pour quelques dizaines de minutes. Nous finissons par retrouver une vraie route bitumée avec les lignes et tout ce qu’il faut. Cela faisait un bon moment que nous n’en avions pas vu ! Nous continuons aussi à prendre de l’altitude, petit à petit, sans nous en rendre compte. Enfin si, car la végétation change : ce sont désormais des forêts d’épineux qui nous entourent, principalement des pins et des sapins. Avec le brouillard qui couvre le paysage, on pourrait presque se croire dans les Vosges ou le Jura ! Dans la montée, nous apercevons de nombreuses exploitations forestières. Les tas de planches sont entreposés directement sur le bord des routes et les forestiers campent juste à côté.

 

Nous montons ainsi jusqu’à plus de 2000 mètres avant de redescendre vers la grande ville du nord du pays, à savoir Mzuzu. C’est là que Béa et Fred ont prévu leur ravitaillement, tant en vivres qu’en carburant. Ainsi, ils nous laissent quartier libre pendant une heure, le temps pour nous de découvrir le marché. Manque de chance, il pleut averse sur la ville depuis quelques minutes. Cela devient donc une vraie pataugeoire pas forcément très propre. Ne cherchez pas d’artisanat ici, il n’y en a point. Le tourisme n’est pas vraiment développé dans cette partie du pays. Vous n’y trouverez que des biens de consommation courante. Les petits restaurants font quelque peu peur à voir (à réserver aux locaux !) ; que dire aussi des étals de poissons séchés esthétiquement présentés mais plutôt nauséabonds. Dans une petite cour, nous tombons sur le coin des tailleurs, uniquement des hommes affairés sur de vieilles machines à coudre Singer. On peut aussi voir de nombreuses sortes de haricots secs ainsi que des monticules de cacahuètes. Et miracle technique : des « cases » téléphoniques ; allez savoir comment c’est possible mais ils arrivent à faire fonctionner des téléphones au beau milieu du marché ! Nous passons finalement trois bons quarts d’heure, le temps de nous faire une idée (et pour certains d’acheter quelques tissus africains).

 

Après un encas à base de petites bananes et de beignets, nous reprenons la route en direction du lac Malawi avec la promesse qu’il y fera beau. Difficile à croire vu la météo sur Mzuzu. Petit à petit, pourtant, les gouttes s’espacent, au moment où nous traversons les plantations d’hévéa. On y produit encore du caoutchouc : cela ressemble aux forêts des Landes avec les troncs saignés et les petits pots en terre pour récolter la sève. Nous apercevons aussi de nombreux enfants qui vendent des balles fabriquées avec le caoutchouc qu’ils détournent des plantations.

 

Deux bonnes heures plus tard, nous apercevons enfin une étendue aquatique : le lac Malawi, plus grande étendue d’eau pure (les lacs Victoria et Tanganyika sont plus grands mais pollués !), s’offre enfin à nous du côté de Nkhata Bay. C’est là que nous pique niquerons : dans le « jardin » d’un malawien. Nous espérions atteindre la plage avec nos 4*4 mais devant l’étroitesse du chemin, un groupe d’enfants nous a indiqué cet endroit. Nous mangeons donc devant un nombreux public (néanmoins très calmes) aujourd’hui ; et ces gros avocats sont toujours aussi fondants et savoureux. Quel goût, natures !! Pendant la préparation du repas, nous en profitons pour aller sur la plage toute proche : du sable extrêmement fin et clair, une série de pirogues étranges car l’ouverture n’est pas assez large pour permettre à un pêcheur de s’y glisser, et du manioc qui sèche au soleil, enfin en passe de se montrer à travers les nuages.

 

Après ce bon repas, nous reprenons la route côtière plein sud direction Nkhotakota, à environ 150 kilomètres. La plupart du temps nous avons le lac en vue. Nous sommes surpris par les divers ponts qui ponctuent cette voie de circulation : ils ne sont que sur une seule voie, alors gare ! Enfin, nous parvenons au terme de notre étape quelques kilomètres après la sortie de la ville de Nkhotakota : une piste d’environ quatre kilomètres mène au Njobvu Safari Lodge tenu par un couple d’anglais (Njobvu signifie éléphant en Chichewa). En chemin, nous traversons divers villages ainsi qu’une noce qui a attiré beaucoup de monde. A cette distance de la route, nous n’entendons que le bruit des vagues sur le lac. Le cadre est parfait : les cases en dur sont disposées le long de la plage, sous un couvert végétal, toutes blanches, simplement ornées d’une frise colorée, et surmontées d’un toit de chaume. Les autres lieux de vie (bar et salle de restaurant) sont construits en bambou. Un vrai petit bonheur, parfaitement intégré au paysage.

 

Dès le sac posé, il me paraît incontournable de commencer par une petite baignade dans les eaux claires du lac. La température de l’eau est plutôt accueillante et incite à quelques brasses. Hormis l’absence de sel, on se croirait à la mer puisqu’on aperçoit même pas l’autre rive, en face, au Mozambique. Après ces ablutions, il est temps de profiter d’une bonne douche, tant attendue après deux jours de bivouac sauvage, et quatre de douche froide. Un vrai bonheur ce petit confort ! Frais, propre et désaltéré, je pars me promener le long de la plage pour découvrir la baie voisine et réaliser quelques clichés de pêcheurs. Ce ne semble pas avoir mordu cet après-midi, à peine une dizaine de petits poissons pour trois. Je rencontre de nombreuses personnes dont une ribambelle d’enfants qui ne sont pas trop collants, et n’insistent pas quand on leur dit non. C’est particulièrement appréciable. Pour celui qui aime marcher, la côte, à cet endroit là, est une succession de petites anses sablonneuses délimitées par un petit promontoire rocheux.

 

De retour au lodge, nous avalons un petit apéro avant de passer à table pour un repas aux accents anglais mais à base de poisson du lac. Ce soir nous veillons ! Le repas est servi à 19 heures et nous ne rejoignons nos cases qu’à 21 heures passées. D’habitude, à cette heure là, il y a longtemps que tout le monde est couché. Quoi qu’il en soit nous allons enfin dormir dans un vrai lit et sous une moustiquaire, bercés par le son des vagues.

 

Lundi 25 juillet, Nkhotakota, Njobvu Safari Lodge

 

 

Aujourd’hui ce sera journée sans voiture. Les 4*4 sont révisés par Fred et Inno. En ce qui nous concerne, nous avons journée libre. A commencer par le réveil : grasse matinée au programme, d’autant plus que le petit déjeuner n’est servi qu’à partir de 7h30. J’en ai même raté le lever de soleil sur les eaux du lac. Les patrons étant anglais, j’opte pour l’« english breakfast ». De quoi tenir toute la matinée !

 

Après cette copieuse mise en bouche, j’opte pour une ballade le long de la piste qui mène à la route. Je traverse ainsi les nombreux champs de manioc ainsi que plusieurs villages qui se réveillent. A chaque fois, les plus petits accourent, commencent par demander quelque chose et finissent par faire quelques pas dans ma foulée. On s’y habitue très vite, surtout que tous les gens croisés sont tous très souriants. Par contre les plus jeunes ne connaissent que quelques mots d’anglais ; et donc, vu ma maîtrise du chichewa, les dialogues sont plutôt limités ! Après une bonne heure, je fais demi-tour. En chemin, un jeune homme à bicyclette met pied à terre et m’accompagne quelques temps, me faisant un bout de causette. Il m’explique qu’il travaille à la poterie voisine de notre lodge. De retour, j’en profite pour faire le tour de la basse cour : en effet, les propriétaires ont choisi de produire un maximum de choses ; il y a donc des volailles, des cochons, … Je monte ensuite au sommet de la vigie, buller un peu. Ainsi, je peux tout à la fois lire, observer le lac à la jumelle ou prendre quelques clichés de temps en temps, comme par exemple ces deux vélos dans le sable ou encore cet autre qui trait sa vache au bord de l’eau avant de nourrir un des veaux avec le lait. Je passe le temps jusqu’à 11h30, heure du rendez-vous que nous ont fixé Fred et Béa.

 

Ils nous emmènent manger au restaurant du lodge voisin. Nous sommes installés sur la pelouse avec vue sur le lac, devant une table en céramique figurant le lac et les activités quotidiennes africaines. Et toute la vaisselle est à l’avenant. En fait, à l’origine, le lodge était un simple atelier de poterie, qui s’est, depuis, pas mal diversifié. Après un excellent repas (pain frais maison et moussaka locale), nous faisons donc un tour dans ce fameux atelier. Cela nous occupe une bonne partie de l’après-midi : c’est qu’ils sont cools ici ! Alors on patiente : j’aperçois même le gars de ce matin. On peut y trouver divers objets ainsi que des figurines, et même des carrelages typiquement africains. A l’arrière de la boutique, nous apercevons les employés entrain de décorer, sculpter ou même enfourner. C’est aussi le premier endroit où nous trouvons des cartes postales, malheureusement, le stock est bien moindre que ce qui est sur le présentoir.

 

De retour au lodge, je pars piquer une tête dans le lac avant de me lancer dans l’écriture de mes cartes postales. Voilà une activité qui occupe bien ! Un petit tour vers la baie voisine pour voir rentrer les pirogues des pêcheurs avant de revenir au bar pour l’apéro quotidien. Nous essayons de discuter avec le patron, en anglais. Et ce soir, Inno tient sa promesse de nous apprendre à jouer au bao (il s’agit de ce jeu traditionnel africain avec des pierres à déplacer dans les encoches d’un plateau : le nom diffère selon le pays mais le principe reste le même). Il commence par nous apprendre les règles zimbabwéennes (son pays) puis celles du Malawi. Nous sommes battus à plate couture la première fois mais égalisons dans la seconde. Nous passons ainsi un bon moment entrecoupé de fous rires dus à notre méconnaissance des règles. Demain, fini la récréation au bord de l’eau : nous reprenons la route du sud.

 

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