Pachacutec, panorama andin (3)

Publié le par Jérôme Voyageur

Mardi 19 Mai 2015, Nazca

 

Nous continuons à être debout bien avant l’heure. Aucun risque de retard sur le départ matinal. Le bus nous permet de couvrir les quelques kilomètres qui nous séparent des aqueducs  de Cantalloc, à la sortie de la ville, au milieu des champs de pommes de terre. Depuis plus de deux mille ans, ils assurent l’irrigation et l’approvisionnement de la ville. Mais il faut oublier ce qu’on peut connaitre, genre pont du Gard. Les structures que nous voyons apparaitre s’enfoncent dans le sol de manière hélicoïdale, les galets assurant la tenue du sol et du chemin qui descend jusqu’au fond pour atteindre la conduite d’eau. Ces « hélices » se succèdent les unes derrière les autres, chaque fois un peu plus profonde (je dirais entre six et dix mètres). Elles sont une bonne dizaine encore visibles : c’est une construction étonnante mais finalement durable et efficace. Sur le côté, un champ de cactus, plus exactement de figuiers de Barbarie, tous rabougris, nous intrigue un peu. Il donne l’impression d’être à l’abandon. Heidé nous explique qu’ils ont été plantés seulement pour élever la cochenille qui vit sur ses feuilles. Cette poudre blanche est en fait de la cochenille qui niche là. Et la récolte vient d’être réalisée ce qui explique l’état de la plantation. Elle réussit d’ailleurs à nous faire une démonstration en collectant avec un carton qui trainait (pour une fois qu’un déchet non jeté peut servir !) une petite quantité de poudre. Elle en fait rouler un peu entre les doigts et en quelques secondes ces doigts deviennent rouge sang. Etonnante leçon de sciences naturelles.

Nous revenons ensuite en ville, plus précisément au musée Antonini. Celui-ci, associé à un institut de recherche italien, présente derrière de hauts murs rouges environ trois cents pièces de la culture Nazca. Certaines céramiques sont vraiment magnifiques. A l’inverse, les quelques crânes troués pour permettre leur transport à la ceinture rappelle les côtés sauvages de ces ethnies péruviennes. Le musée mise aussi sur les reconstitutions pour mieux faire acte de pédagogie comme ces murs à l’intérieur mais surtout dans le jardin, les différents types de tombe. Et, bien sûr, il aurait manqué une reconstitution des lignes : elles ont été tracées au sol pour bien les situer et le visiteur est, lui, invité sur un promontoire pour avoir l’impression de les survoler. Dommage que toute photo soit interdite à l’intérieur. Après cet intermède culturel qui nous a permis de découvrir un peu mieux la culture Nazca, nous nous rapprochons du centre-ville, non loin de la place d’armes, pour profiter du marché. Installé sur de la terre battue et sous de simples bâches, il est totalement authentique. C’est l’occasion de découvrir un échantillon des multiples pommes de terre péruviennes. Les nombreux fruits font vraiment envie même si on ne les connaît pas tous. Et que dire des avocats. Rien qu’à penser à leur fondant, j’en salive. Le maïs noir nous intrigue un peu tout comme les courges géantes. Dans ce pays très croyant, une vierge portative est installée dans un coin pour veiller sur les affaires. Le coin boucherie fait beaucoup moins envie avec ses viandes en plein air sans la moindre chaine du froid. Les vendeurs agitent une sorte d’éventail pour éloigner au mieux les mouches.

Nous rebroussons chemin pour rejoindre un atelier de céramique artisanale. Il nous faut quinze bonnes minutes de marche au soleil et un passage de pont pour le rejoindre. Sur place, nous nous engouffrons dans un long et étroit couloir qui débouche sur une suite de cours. Nous sommes invités à nous asseoir dans la dernière. Notre hôte, surnommé Toby, entreprend de nous expliquer les principes de fabrication de la céramique Nazca à l’ancienne. En fait, le savoir-faire vient de son père qui a trainé sur les sites pré-incas dont celui de Cauchilla dans les années 40 pour essayer de comprendre et récupérer ce qu’il pouvait. Il nous montre donc comment préparer l’argile, comment on la travaille sans tour, comment on prépare les différent minéraux pour obtenir des colorants, comment on décore le céramiques après séchage, jusqu’au polissage à la pierre d’obsidienne graissée sur la peau du visage ( !!). Cela marche à merveille pour donner ce brillant aux pièces. Nous bougeons ensuite autour du four où se termine l’explication. Le tout se fait dans une alternance d’espagnol et de français, toujours avec beaucoup d’humour. C’est un vrai régal de l’écouter. Il nous apporte même quelques explications sur le thème décoratif et la culture associée.

Après cette matinée bien chargée et déjà bien avancée, il est grand temps de rejoindre l’hôtel pour prendre notre repas. Encore une fois c’est copieux et savoureux. Nous avons même droit à un Pisco Sour en guise d’apéritif. Puis tout le monde évacue ma chambre qui servait de consigne depuis ce matin. A 14h30 nous traversons la rue pour rejoindre la gare routière installée juste en face. La salle d’attente est un peu étroite, sans compter que notre bus a une demi-heure de retard. Finalement, nous embarquons vers 15h45 direction le Sud et Arequipa la Blanche. Nous nous installons rapidement en position couchette. Par chance j’arrive à faire plusieurs sommes. Le trajet parait ainsi moins long et tant pis si le carnet n’avance pas. J’ouvre un œil au moment où la route quitte l’océan et que le soleil vient toucher l’horizon, puis une seconde fois pour avaler un mini casse-croûte proposé par la compagnie. Rien à voir avec le service à bord du précédent bus de ligne. C’est finalement vers 1h du matin que nous arrivons à destination. Le froid est saisissant à la descente du bus. Nous transvasons nos bagages dans le minibus après avoir traversé une gare routière totalement déserte. Quelques chauffeurs de taxi animent un peu le parvis. Notre véhicule nous conduit jusqu’à notre hôtel en plein centre-ville. Etonnamment des dizaines de taxis circulent encore à cette heure avancée. Par bonheur, l’hôtelier nous épargne la paperasse : nous obtenons directement les clés. Les yeux entrouverts, nous distinguons vaguement cette ancienne maison coloniale qui va nous héberger. Il ne faut pas longtemps pour s’installer et sombrer.

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