Pachacutec, panorama andin (4)

Publié le par Jérôme Voyageur

Mercredi 20 Mai 2015, Arequipa

 

Je pensais que le coucher matinal me ferait dormir tard. En fait, les sommes dans le bus ont dû être efficaces. Comme les autres je suis debout bien avant l’heure. Tout cela nous laisse le temps de profiter des lieux vraiment magnifiques : quelle parfaite reconversion que cette Casa Melgar en hôtel de charme.

Nous attendons 9 heures pour commencer la visite de celle qui est la troisième ville du pays. Nous n’avons pas beaucoup de chemin à faire pour rejoindre le couvent Santa Catalina après être passé devant l’église San Francisco et son propre couvent. Santa Catalina apparait comme un long mur de tuf gris percé d’une grande porte. Il s’agirait d’un des plus réputés d’Amérique du Sud. Sa construction a été réalisée quelques années seulement après l’arrivée des espagnols. Il s’étend sur plus de deux hectares à tel point qu’il s’agit presque d’une petite ville dans la ville. D’ailleurs les allées portent des noms de villes andalouses. Tout cela pour un maximum de deux cent sœurs au plus fort (et seulement quinze aujourd’hui). Il faut reconnaitre que plusieurs venaient là avec servante voire même nièce. Nous progressons de patio en patio, visitant ici et là une chambre de nonne. La couleur est partout présente dans les patios et les rues, tantôt le rouge, tantôt le bleu. Fleurs et arbres semblent beaucoup se plaire à Arequipa. Tout est fleuri. Une guide francophone très intéressante nous fait découvrir tous les secrets de ce lieu unique. A l’extrémité du complexe, au pied d’un araucaria géant, nous avons la surprise de voir une bonne dizaine de demi-jarres disposées en épis de part et d’autre d’une canalisation : il s’agit d’un lavoir pour les résidentes du couvent. Nous passons même devant un jardinet. Plus loin, c’est une placette au centre de laquelle trône une fontaine, qui semble ravir les pigeons. Un escalier mène sur le toit de l’église ce qui permet une vue d’ensemble sur le complexe conventuel. Nous finissons par la pinacothèque qui présente diverses œuvres à caractère religieux. Il faut bien plus d’une heure pour profiter de cet agréable dédale.

Nous flânons ensuite dans les rues où je profite de diverses façades. Nous rejoignons et traversons la place d’armes, baignée par le soleil ce qui rend presque impossible la moindre photo de la cathédrale et des cimes enneigées qui pointent juste derrière. Ce n’est que partie remise. Nous poursuivons sur quelques blocs jusqu’à rejoindre la grande halle Eiffel qui abrite le marché San Camillo. De grands panneaux surplombent les étals ce qui permet de repérer immédiatement où on veut aller. Nous préférons flâner d’allée en allée pour profiter de cette profusion de couleurs et de produits. Les alignements de pommes de terre nous impressionnent à nouveau. Mais le gagnant reste le rayon des fruits qui forment des « quasi pyramides » multicolores de part et d’autre du passage. Nous distinguons quelques poupons noirs installés au milieu. Pourquoi ? Nous ne saurons pas. Nous terminons notre visite par une dégustation de jus de fruit frais dans l’allée des jus.

Nous revenons ensuite près de la place pour rejoindre le musée des sanctuaires andins. Sa vocation est de présenter au public une momie retrouvée congelée en 1995 sur le volcan Ampato ainsi que les nombreux artefacts qui avaient servi d’offrandes aux Apus. En fait, plusieurs momies ont été retrouvées aux alentours. Seule Juanita est passée à la postérité de par son histoire. Cette jeune fille de douze ou treize ans issue de la noblesse cuzquénienne a été sacrifiée aux divinités au sommet du volcan sur les flancs duquel son corps a été récupéré, à plus de six mille mètres. Avec le recul, cette expédition de cinq cent quatre vingt kilomètres suivi d’une telle ascension sans le moindre équipement parait impossible. Après une attente dans le patio de couleur rouge de cette ancienne maison coloniale, faisant suite au passage obligatoire par la consigne avec dépose obligatoire des appareils photos, la visite commence par une petite vidéo d’une quinzaine de minutes retraçant l’histoire de Juanita et des archéologues qui l’ont découverte et analysée. Deux salles présentent ensuite une bonne partie des objets retrouvés dans les différentes zones de sacrifice. Des panneaux expliquent aussi où et comment cela s’est passé. La conservation est impressionnante, tout particulièrement les tissus. Grâce au froid intense régnant sur ce sommet, tous les objets déposés autour des momies ou les recouvrant sont parvenus jusqu’à nous en excellent état. La dernière pièce, baignée dans la pénombre comme pour garder le mystère ; présente d’abord trois statuettes divines faites de trois matières différentes. Et derrière apparait enfin Juanita, exposée dans un double frigo qui la maintient à -20°, ce qui la préserve de toute attaque bactérienne. C’est une triste histoire que nous découvrons là mais elle a permis et permet encore d’apprendre beaucoup de choses à propos de la civilisation inca grâce à la qualité des spécimens.

Après cette longue matinée, il est plus que temps de manger. Nous sommes à l’heure espagnole depuis quelques jours. A l’issue, nous avons quartier libre pour le reste de l’après-midi. J’en profite pour flâner dans le centre-ville à l’affût d’une belle façade coloniale, d’une église ou d’un patio « accueillant ». Le long de la cathédrale, une rue piétonne visiblement percée à travers l’ancien complexe religieux offre un moment de relatif silence dans un cadre ancien. Le soleil ayant tourné, je peux enfin faire des photos de la place d’armes sous tous ses angles. Il n’empêche que l’orientation de cette église m’intrigue encore : la façade est démesurément longue. En fait, elle a été construite le long de la place. Ce n’est donc pas  l’entrée de la nef mais un côté qui nous fait face : plutôt rare comme façon de faire. Pas intéressé par le moindre achat, je me réfugie dans notre hôtel colonial pendant une bonne heure. Lorsque la nuit commence à tomber (à peine 18 heures), je ressors. Par chance la cathédrale est enfin ouverte gratuitement. L’intérieur est plutôt moderne, seul l’autel attire l’intérêt. Je m’installe alors sur un banc de la place d’armes pour regarder la vie des habitants d’Arequipa. Petit à petit le temps passe et les autres me rejoignent au compte-gouttes au point de rendez-vous sur le parvis de l’église. Nous n’avons que quelques dizaines de mètres à faire pour rejoindre un des restaurants au premier étage des arcades. Tournée quasi générale de Pisco Sour pour accompagner le repas. Celui-ci est plutôt animé. Avant de rentrer, nous faisons un détour par le supermarché voisin pour commencer à rassembler les ingrédients indispensable à la préparation d’un Pisco Sour « maison ».

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