Retour en terre bavaroise (5)

Publié le par Jérôme Voyageur

Viktualienmarkt

Munich, 29 Mai 2019

 

La journée commence par la découverte du Viktualienmarkt que je n'avais que traversé rapidement lundi. C'est certainement le plus réputé de la ville. La liste est longue pour y avoir une place et il faut monter un dossier de candidature. Contrairement à nos marchés de plein vent, celui-ci reste installé en permanence. Les baches sont baissées pendant la nuit. Étonnamment, à neuf heures passées, le marché s'éveille à peine. Certains commerçants sont encore affairés au réapprovisionnement de leurs étals tandis que les clients sont encore rares. Ici, la pratique du marché semble plutôt se dérouler dans l'après-midi. Pour une immense majorité, les produits proposées sont consacrées à l'alimentation. Si j'habitais sur place, je pense que je craquerais tant certains produits font envie. Il semblerait que la saison des asperges et des fraises batte son plein. Quelques fleuristes complètent l'offre sans oublier l'incontournable situé presque au centre de la place, non loin de l'arbre de Mai qui trône au-dessus des toiles. Dès la mi-journée, on le repère simplement à l'oreille grâce au brouhaha qui s'en élève. Diverses fontaines sont réparties sur la surface de la place, chacune surmontée d'une statue différente.

Parvenu sur la Marienplatz toute proche, je décide de faire un petit détour avant de descendre dans les tunnels du S-Bahn. Non loin de là se trouver l'Alter Hof et l'Alte Munze, deux témoins du passé médiévale de la ville. Le premier est un vestige de l'ancienne résidence des Wittelsbach datant du treizième siècle. On peut encore apercevoir le portail d'entrée surmonté des armoiries familiales ainsi qu'une tour en bois effilée, accolée à la façade de la cour intérieure. Le second correspond aux anciennes écuries royales, ensuite transformées en hôtel de la monnaie, ce qui lui donna son nom actuel. Personne ou presque ne semble franchir le porche pour découvrir cette cour pavée ceinte d'arcades sur les trois niveaux qui composent le bâtiment.

Je peux désormais rejoindre la place pour emprunter la ligne S2 du S-Bahn direction la banlieue ouest.

Etals et alentours du ViktualienmarktEtals et alentours du ViktualienmarktEtals et alentours du Viktualienmarkt
Etals et alentours du ViktualienmarktEtals et alentours du ViktualienmarktEtals et alentours du Viktualienmarkt

Etals et alentours du Viktualienmarkt

Les fontaines de ViktualienmarktLes fontaines de ViktualienmarktLes fontaines de Viktualienmarkt
Les fontaines de ViktualienmarktLes fontaines de ViktualienmarktLes fontaines de Viktualienmarkt
Les fontaines de ViktualienmarktLes fontaines de ViktualienmarktLes fontaines de Viktualienmarkt

Les fontaines de Viktualienmarkt

Alter Hof et Alte MunzeAlter Hof et Alte MunzeAlter Hof et Alte Munze
Alter Hof et Alte MunzeAlter Hof et Alte MunzeAlter Hof et Alte Munze

Alter Hof et Alte Munze

Entrée du camp de Dachau

Je ne pouvais pas passer en Munich sans visiter le camp de concentration de Dachau. En sortant de la gare, il suffit de suivre la foule de touristes pour repérer le bus qui conduit jusqu'à l'entrée du site. D'ailleurs, c'est une des rares lignes où n'est pas affiché la destination finale, mais celle la plus recherchée par les voyageurs. Il ne faut qu'une dizaine de minutes pour traverser la ville de Dachau et descendre juste devant le centre d'accueil des visiteurs. Si vous envisagez de faire la visite librement, il est inutile de s'y arrêter, l'accès étant libre. En revanche, si vous désirez un audioguide (payant) ou bien un dépliant (gratuit), vous pourrez en obtenir à l'intérieur.

On rejoint l'enceinte du par l'ancien accès des SS dont les baraquements été installé à l'ouest de celle-ci. Le bâtiment qui sert désormais d'unique entrée était leur bâtiment de service. L'arche est barrée d'une grille au centre de laquelle s'ouvre une porte en fer forgée surmontée du sinistre "Arbeit macht frei". Je découvrirai un plus tard dans la visite que c'est une réplique depuis un vol en 2014. L'original est désormais conservé dans le musée. Dès les premiers pas dans l'enceinte, un silence relatif se fait. Même les groupes de jeunes se reprennent lorsque le volume sonore s'emballe.

Plutôt que de suivre la foule tel un mouton de Panurge, je bifurque sur ma droite le long de la clôture jusqu'au mirador de l'angle sud-ouest. Là s'étire un bâtiment sur quasiment toute la largueur du côté sud. Le bunker servait en fait de prison, dès 1933 pour les prisonniers politiques. On peut cheminer dans tout le couloir sud et découvrir de visu ces étroites cellules où les prisonniers ne pouvaient se tenir que debout. Laissées dans leur jus, elles font encore froid dans le dos. Certaines pièces servaient aussi de lieu d'interrogatoire et de torture. La lecture de quelques témoignages affichés dans certaines geôles fait froid dans le dos plus de soixante quinze ans après.

En ressortant, comme d'autres, j'essaie de comprendre comment entrer dans le bâtiment voisin, le plus vaste du camp. Il s'agissait du "bâtiment de maintenance", là où les prisonniers étaient accueilli, tondus, lavés, .... Je finis par comprendre que l'entrée se fait par le nord. A l'intérieur un musée retrace toute l'histoire des camps de concentration, en commençant bien avant la guerre lors de la création d'Auschwitz en 1933, jusqu'à sa libération en 1945 par les troupes américaines. C'est près de la sortie de l'exposition que je retrouve la porte originale. Sur la droite du bâtiment, une portion de clôture a été reconstituée comme à l'origine, avec les réseaux de barbelés, les grillages et le fossé.

De retour sur la place où avait lieu l'appel, je me dirige droit devant vers une des deux baraques qui ont été reconstituées. Plutôt que de vouloir reproduire exactement à l'identique avec la patine adéquate, le mémorial a préféré présenter différents aménagements des chambrées pour essayer de faire ressentir aux visiteurs combien la promiscuité pouvait être grande. Au-delà, on aperçoit seulement les fondations des trente deux autres baraques, réparties de part et d'autre de l'allée désormais ombragée. Le long de la bordure nord, j'aperçois trois constructions qui semblent ne pas avoir une origine historique. En approchant, je comprends qu'il s'agit de trois édifices religieux, une chapelle catholique très austère au centre, un petit temple protestant semi-enterré à gauche et un lieu de recueillement juif tout en pierres noires. Derrière la clôture et le mirador, je distingue un carmel installé tout contre le camp.

Je me rapproche rapidement du portail ouvert vers l'ouest. Outre une chapelle russe orthodoxe presque dissimulée derrière la végétation, c'est surtout vers l'endroit le plus sordide de Dachau que je procède. Les deux unités de crémation ont été édifiées un peu à l'écart dans une clairière. Le premier four bien trop petit dû être remplacé par une structure plus apte à tenir les cadences. On peut y voir les sas de décontamination des vêtements, traverser une chambre à gaz avant de déboucher dans la pièce centrale où sont encore alignés les six fours. A l'extérieur, un sentier dans le sous-bois relie différentes fosses communes et tombes aux déportés inconnus. Un endroit pesant mais indispensable au devoir de mémoire.

J'avais eu l'occasion par le passé de visiter le camp du Struthof-Natzweiler en Alsace mais cela n'a rien à voir ne serait qu'en terme de taille.

Il ne me reste qu'à rejoindre l'enceinte principale avant de longer la clôture sud pour rejoindre la sortie. Vu l'heure, j'opte pour la cafétéria du centre d'accueil pour le déjeuner. Après cette pause, j'abandonne l'idée de repartir en bus. Je voudrais trouver le mémorial aux victimes des marches de la mort dont j'ai découvert l'existence dans le musée. Vive le GPS sur le téléphone pour le retrouver. Surtout que je m'attendais à une sculpture imposante alors que l'oeuvre se révèle assez petite, passant presque inaperçue près de ce carrefour. La pierre sombre, les traits déformés et les corps décharnés donne tout sa puissance à ce lieu de mémoire. Bonne surprise, je découvre que le bus passe tout près, je n'aurais donc pas à rejoindre la gare à pied. En ce début d'après-midi, l'attente dans les courants d'air est un peu longue.

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Mémorials de DachauMémorials de DachauMémorials de Dachau
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Mémorials de Dachau

De retour au centre-ville, je me dirige en U-Bahn vers la Königsplatz. Une énorme déception m'attend en sortant de la station. C'est tout juste si je peux quitter les lieux. La place est intégralement bouclée pour l'installation d'un concert. Il est quasi impossible de prendre en photos les façades néo classiques des trois imposants bâtiments qui s'y trouvent. Je dois me contenter du Propylée, et encore en biais. Pour couronner, le tout, la Glyptothèque, le musée antique est bâché et fermé pour rénovation. N'étant pas fan d'art moderne, je zappe les deux pinacothèques voisines. J'opte donc pour une flânerie dans le centre-ville. C'est peine perdu dans un premier temps. Est ce la courte pluie qui m'a perturbé? Toujours est il que je m'éloigne du centre au lieu de m'en rapprocher. Finalement je rejoins la Theatinenkirche qu'il est difficile de manquer avec sa large façade colorée de jaune vif. Le contraste est important avec son intérieur, des plus austères à première vue, où seul le blanc est utilisé. Néanmoins la décoration se révèle particulièrement chargée en sculptures.

Après cette visite, je reprends le métro pour rejoindre Marienplatz puis traverser une nouvelle fois le Viktualienmarkt. Il ne reste que quelques centaines de mètres avant de rejoindre l'hôtel pour reposer un peu mes pieds.

Königsplatz et TheatinenkircheKönigsplatz et TheatinenkircheKönigsplatz et Theatinenkirche
Königsplatz et TheatinenkircheKönigsplatz et TheatinenkircheKönigsplatz et Theatinenkirche

Königsplatz et Theatinenkirche

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