La galerie tant désirée

Publié le par Jérôme Voyageur

Paris, 15 juillet 2006

 

Cela faisait de nombreuses années que les amateurs attendaient sa réouverture pour (re)découvrir les Nymphéas. Je me souviens encore de ce jour, probablement de 2001 où nous nous sommes retrouvés devant une porte close avec un groupe d'amis. Depuis, c'était le fil rouge entre nous à chacune de nos rencontres. Quand va-t-on à l'Orangerie ? D'année en année, nous avons vu la réouverture repoussée. Il fallait être patient pour enfin découvrir cet écrin refait à neuf, du sol au plafond. Seuls quelques murs ont été conservés. D'ailleurs, c'est une découverte archéologique révélée au cours de cette reconstruction qui a causé des retards imprévus. Enfin, toujours est-il que depuis le 17 mai 2006, la visite est enfin de nouveau possible !

Mais il était préférable d'attendre pour s'y rendre ! En effet, l'endroit reste tout de même petit tandis que l'affluence est nombreuse. Pour ceux qui auraient oublié, je vous rappelle que la Galerie de l'Orangerie est installée dans le jardin des Tuileries. Pour être précis, elle se situe à l'angle de la place de la Concorde et des quais de Seine ; ne pas confondre avec la galerie du Jeu de Paume située, elle, de l'autre côté, le long de la rue de Rivoli. D'agréables allées plantées d'arbres vous permettront de faire la queue à l'ombre, quoi qu'en ce moment, il fait chaud même à l'ombre. Il y a même quelques bancs et chaises pour vous reposer à l'ombre. En attendant, vous découvrirez une longue boite de pierres parée de verrières dans sa première partie et sur la façade côté Seine, rutilante depuis sa restauration. La porte d'accueil vous attendra nichée sous son chapiteau, de style grec, soutenu par deux colonnes.

Pour parvenir là, vous aurez croisés deux surveillants qui, malheureusement, ne semblent pas très doués pour fluidiser le flot des visiteurs. Une fois franchie les portes, vous aurez la surprises de découvrir deux cubes de béton brut qui vous accueillent, comme suspendus dans le bâtiment d'origine. Ce premier coup d'œil est un peu déroutant dans un lieu qui apparaît beaucoup plus ancien de l'extérieur (pour la petite histoire, la galerie a été édifiée en 1852, pour justement abrité les orangers du jardin des Tuileries). En levant les yeux, vous constaterez que la toiture a été remplacée elle-aussi par une immense verrière sur toute la longueur du bâtiment. Mais avant de faire plus de pas, vous serez contraint de passer sous le portique de sécurité. Les œuvres à l'intérieur sont trop précieuses pour laisser passer des désaxés. Libéré de cette contrainte, vous pourrez laisser vos affaires au vestiaire dans le cube à gauche. Sur le guichet de celui de droite, c'est un livre d'or qui vous attendra à la sortie.

En empruntant le couloir central vous commencez à vous rapprocher du but. Si vous avez besoin de billets d'entrée, vous devrez longer le cube de gauche, là où sont installées les caisses. Par contre, si vous les avez déjà, vous pouvez éventuellement préférer le cube de droite, celui où sont disponibles les audiophones (moyennant une participation financière, bien évidemment !). une fois toutes ces formalités expédiées, vous vous trouvez devant un dilemme : commencez directement par les Nymphéas ou finir par elles ! Selon votre choix vous emprunterez la passerelle ou l'escalier qui descend au sous-sol. Pour ma part, j'ai choisi de découvrir de suite ce que j'étais venu découvrir.

Après le musée Marmottan, après le musée d'Orsay, après la maison de Giverny, il ne me restait plus que l'Orangerie pour faire le tour des œuvres de ce peintre génial que fut Claude Monet. Alors, en avant, depuis le temps qu'on attendait. Les premiers pas se fond dans un vestibule circulaire d'une blancheur immaculée. De part et d'autre, des panneaux coulissants vous permettront d'apercevoir soit le jardin des Tuileries au nord, soit la Seine et la rive gauche au sud. Que vous passiez par le passage à droite ou à gauche, vous déboucherez dans la première salle des nymphéas, longue et elliptique, tout aussi blanche et éclairée par la verrière. Les voici enfin. Elles sont au nombre de quatre dans cette première pièce : deux « petites » à l'entrée et à la sortie, et deux immenses sur les côtés. On a beau savoir à quoi s'attendre, on en prend tout de même plein les mirettes. D'ailleurs de longues banquettes installées au centre de la pièce, vous permettent de profiter tranquillement du spectacle.

En entrant, vous passez donc devant le Soleil Couchant, aux teintes jaunes, certainement celui que j'ai le moins apprécié. Je disais petit mais il mesure tout de même 2 mètres sur 6. Bien moins que les Reflets verts à l'autre bout de la pièce avec ces 2 mètres sur 8,50, sur deux panneaux ; on y aperçoit de nombreux nénuphars (euh, des nymphéas !) sur ce fond vert. Mais tout cela n'est rien par rapport aux Nuages et au Matin. Avec leurs trois panneaux chacun couvrant en tout 12,75 mètres. Impossible de les embrasser d'un seul regard, ils épousent l'ellipse que forme les cloisons. Le Matin offre un spectacle plaisant avec ses teintes bleues mettant en évidence saules et nénuphars sur fond d'étang (celui de Giverny bien sûr). Il n'y a certes que quatre œuvres exposées mais on a du mal à avancer, on observe sous toutes les coutures, découvrant à chaque fois un détail nouveau ; chacun interprétant ce que Monet a bien pu vouloir représenter.

Après plusieurs clichés qui ne rendront jamais compte complètement du spectacle, il est temps de poursuivre dans la dernière salle, la plus grande de toute, toujours elliptique, et toujours aussi éclairée par le plafond. Elle est à l'image de la précédente mais en encore plus longue. Et là le spectacle (la féerie ?) continue. Là encore, le premier tableau « Reflets d'arbres », le plus petit de la pièce avec seulement 8,5 mètres de long, est loin de m'enchanter, sombre qu'il est. Les deux tableaux latéraux mettent en scène deux saules laissant retomber leurs branches sur fond d'étang parsemé de nymphéas. Ceci explique leurs noms, Le Matin aux Saules à gauche et Matin Clair aux Saules à droite. Comme leurs équivalents dans la salle précédente, leurs 12,75 mètres semblent infinis et happent le regard ; on se noierait presque au milieu des nymphéas, pris par la beauté des tableaux.. Là encore, vous pourrez profiter du spectacle sur les banquettes centrales. Mais le plus impressionnant reste le dernier tableau qui occupe l'extrémité de la salle. Ces 17 mètres de long impressionne. Très clair, il laisse une large place aux nymphéas entre les deux saules qui lui ont donné son nom, Les Deux Saules. Il est difficile avec des mots de décrire ces magnifiques œuvres.

Il faut préciser qu'à cause de leurs tailles, toutes ces Nymphéas sont restées à leur place pendant toute la durée de chantier, nichées à l'abri de protections. Il fallait tout de même oser faire cela au milieu d'un grand chantier. Après de très longues minutes passées à se régaler de ces nymphéas, il est temps de faire demi-tour pour profiter à nouveau des deux salles, jusqu'à la passerelle. La suite de la visite se poursuit au sous-sol en bas des quelques marches de l'escalier. Deux volées à vrai dire ! Elles vous mènent au sous-sol dans la partie nouvelle de la galerie, construite non pas sous l'ancienne mais à côté, ouverte au jour par le plafond vitré. Avant de poursuivre la visite artistique, je vous invite à emprunter le couloir sur votre gauche. Tout d'abord, c'est une salle sombre qui vous accueille, bien appréciable en ces temps de canicule. On y diffuse un documentaire sur la restauration du Musée de l'Orangerie. Un peu plus loin encore au fond du couloir ont été reconstitués quelques mètres de l'ancienne enceinte mise au jour lors des travaux. On parle d'enceinte des Fossés Jaunes (semble-t-il du fait de la couleur de la terre qui tapissait les fossés), que l'on doit à la reine-mère, Catherine de Médicis qui souhaitait protéger son nouveau palais du Louvre.

Vous pouvez maintenant revenir sur vos pas pour profiter de la collection Jean Walter et Paul Guillaume. C'est en fait le second qui a commencé cette collection alors qu'il était marchand d'art. C'est ainsi qu'il a accumulé diverses œuvres des 19ème et 20ème siècles. Mais, côté humaniste ou pas, il a toujours souhaité faire don de sa collection à l'état. Il faudra pourtant attendre de nombreuses années avant que son projet se réalise. En effet sa veuve Domenica se remariera avec l'homme d'affaires Jean Walter, ce qui lui permettra de faire encore grossir la collection avec ce nouvel héritage. Ce ne sera finalement qu'à la fin des années 50 suite à une affaire judiciaire que le legs au musée du Louvre sera effectif. Mais faute de place, la collection est installée à l'Orangerie, dont la taille limitée assure que la collection sera toujours présentée seule ! Ce n'est finalement qu'en 1984 que cette collection sera effectivement montrée au grand public.

Avant de découvrir les tableaux, une petite salle sur la droite, reproduit quelques intérieurs de la famille Guillaume avec bien évidemment des tableaux partout ! Juste en face, une seconde petite salle est consacrée à Paul Guillaume afin de présenter le personnage qu'il fut. Après cette mise en bouche, il est temps de profiter des peintures de la collection. C'est un long et large couloir qui les accueillent. Chacun peut flâner comme il entend, suivant sa propre thématique. Cette première salle est principalement consacrée à Renoir et Cézanne, avec un Gauguin au bout à droite, assez sympa, intitulé paysage, et aussi un Monet sur la gauche, au début de la pièce, intitulé Argenteuil, figurant quelques bateaux dans le port d'Argenteuil. Encore une fois, on retrouve ce béton brut sur la paroi de gauche, toujours aussi surprenant. Parvenu au bout, vous aurez la surprise de découvrir que votre contemplation va se poursuivre : il existe en effet d'autres salles de l'autre côté du mur de gauche. Tout au fond, une salle est consacrée aux « primitifs modernes » Modigliani et Le Douanier Rousseau ; on n'y trouvera pas ses œuvres les plus connues sur le thème de la jungle (récemment présentées au Grand Palais, si je ne m'abuse). En revanche, La Carriole du père Junier a un air connu ! Dans un recoin, un espace est consacré à Marie Laurencin : un style assez particulier, plutôt épuré et gris, qui ne m'a pas emballé. En faisant demi-tour, on poursuit avec une longue série intitulée « classicisme modern » qui regroupe Matisse, Derain et Picasso. La déambulation se termine sur les thèmes du Tourment et du jaillissement, avec Utrillo et Soutine. On fait effectivement face à des sujets particulièrement torturés particulièrement avec le second que je découvrais !

Toutes les bonnes choses ont une fin et vous voilà arrivé au terme de votre découverte du musée de l'Orangerie. Un tour supplémentaire ? Ou alors il ne vous reste plus qu'à faire un tour à la boutique située à mi-hauteur de l'escalier. Vous y trouverez une large variété de livres d'art, de catalogues du musée, de cartes postales et autres posters, et bien évidemment tout le merchandising autour de Monet et ses Nymphéas. Affaire de goût. Personnellement, je n'ai fait que passer, préférant les maquettes installées devant l'entrée et figurant les évolutions architecturales du bâtiment au fil des années. Cette fois, c'est bien fini, et il ne reste que quelques marches à gravir avant de ressortir.

Pour les détails pratiques, sachez que le musée de l'Orangerie est ouvert tous les jours excepté le mardi, de 12h30 à 19h, avec une nocturne le vendredi. Actuellement, il semble possible d'y aller sans réserver, la fréquentation ayant visiblement baissé avec les vacances. Sinon, il parait préférable de réserver pour éviter une longue attente. La plupart des sites de billetterie proposent ce musée. Les tarifs s'élèvaient à 6€50 (4€50 pour le réduit), mais il faudra rajouter un peu plus pour les frais de réservation. Petit détail qui peut avoir son imortance : contrairement à de nombreux endroits, vous pouvez prendre des photos à la seule condition de bloquer les flashes!

Je crois qu'il ne vous reste plus qu'à y aller. Mais si vous souhaitez néanmoins avoir un avant-goût, le site du musée est très bien fait, et plutôt complet. Vous le trouverez à l'adresse suivante :
www.musee-orangerie.fr

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Publié dans Europe, France

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