Pachacutec, panorama andin (7)

Publié le par Jérôme Voyageur

C’est parti pour près de trois heures de route. La première demi-heure est toujours aussi chaotique. Lorsque le bitume s’annonce enfin le silence se fait et beaucoup commencent à somnoler. Nous progressons sur l’altiplano au milieu d’une végétation rare et jaune, et de part et d’autre des montagnes, les plus hautes cimes étant encore enneigées. Nous arrivons ainsi à Pucara. Nous faisons halte au pied de l’église. Elle est construite en granit rose et présente une façade très sobre. Sa seconde tour jamais reconstruite lui donne un air un peu bancal. Nous sommes  dans la ville des « toritos », ces couples de taureaux en céramique et porte-chance qu’on met sur le toit des maisons. Mais aussi sur chaque pilier de la clôture de l’église. Non loin de là se trouve le petit musée qui présente les quelques sculptures trouvées sur le site archéologique du village. Assez modeste, son tour est vite bouclé mais permet de comprendre l’intérêt du site. Je laisse le groupe  monter jusque sur les terrasses, me contentant d’avancer suffisamment pour bien les voir en photo. Puis je redescends sur la place pour photographier l’église plus tranquillement. Nous reprenons ensuite la route alors que trois gros bus viennent d’envahir le village.

Et la route continue à monter toujours dans le même décor. Nous marquons une pause au belvédère de La Raya à 4335 mètres d’altitude. Sur fond de sommets enneigés les traditionnelles vendeuses d’artisanat essaient d’attirer notre attention. Je suis totalement insensible à leurs tentatives préférant profiter du superbe cadre naturel qui nous entoure.  Ce col marque la frontière entre les régions de Puno et de Cusco. Etonnamment dès la descente la couleur dominante change radicalement. Le vert fait son retour en force. Quelques arbres aussi. A Marangani, nous quittons la route pour faire la pause repas une fois n’est pas coutume avant midi. Le cadre est vraiment sympathique, sous les eucalyptus, en surplomb d’un torrent. Et nous avons les lieux juste pour nous. Le buffet subit nos assauts répétés. A croire que nous avions faim…

Après cette halte, nous roulons une petite demi-heure à peine jusqu’au site de Raqchi. Nous débouchons sur une placette cernée par des vendeuses de souvenirs, sous la protection d’une jolie petite église construite en pierre. Sur le coup, je suis un peu intrigué sur la raison de notre arrêt dans cet endroit aux apparences purement commerciale. Je vais rapidement comprendre mon erreur de jugement. Dans l’angle opposé de la place, nous accédons au site inca de Raqchi. Il s’agissait à la fois d’un relais et d’un centre administratif. Dès l’entrée le temple de Wiracocha s’impose avec son mur central de quinze mètres de haut pour quatre vingt de long. Grâce au dossier d’Heidé, nous pouvons voir à quoi chaque bâtiment pouvait ressembler à l’époque. Tandis que les premiers  mètres sont en roche volcanique, le reste est fait de briques d’argile. Nous pouvons aussi voir les restes des piliers de pierre, de forme ronde. A l’arrière du temple nous distinguons deux portes à double jambage typique de l’époque inca. Quelques mètres plus loin se présente l’enfilade des ateliers construits par paire, un peu sur le même principe que l’édifice religieux avec un mur central qui soutient la toiture. Revenant sur nos pas, nous franchissons un petit muret pour rejoindre une grande zone de constructions circulaires. Ce sont là cent quatre vingt greniers où étaient stockées des denrées de toutes sortes pour l’empire inca. Il est à noter que tous ceux situés en périphérie sont accolés pour éviter toute intrusion du moindre pillard. Un des greniers a été restauré avec son toit pour donner une idée d l’apparence originale. Nous retraversons ensuite entre le temple et les premiers ateliers pour aller jeter un œil d’une part à l’enceinte édifiée sur les collines environnantes pour protéger le complexe et d’autre part au départ d’un des chemins incas. Une double haie de verdure nous mène jusqu’à une des fontaines qui rendait l’eau accessible aux habitants des lieux. C’est ainsi que nous retrouvons la petite placette toujours animée du fait de l’arrivée permanente de groupes de visiteurs. Heureusement ils ont tendance à se succéder ce qui permet une visite des plus sereines.

L’étape suivante est Andahuaylillas. Ce petit village abrite en son sein une petite église extérieurement assez sobre. Seule le portail et la terrasse présentent des peintures qui attirent le regard. Pour arriver là, notre chauffeur toujours impatient dès qu’il se trouve ralenti n’a pas hésité à remonter une rue étroite en sens interdit pour nous conduire au plus court sur la place. Nous sommes à la porte de la « chapelle Sixtine d’Amérique du Sud ».  Ce qualificatif peut sembler bien présomptueux avant d’entrer. Mais effectivement, dès la porte franchie, nous en prenons plein les yeux (ici comme dans l’original romain, impossible de faire la moindre photo ; mais au moins, ici on nous remet un DVD à l’entrée avec une collection de photos). Tout attire l’œil : les fresques de part et d’autre du portail et sur toutes les parties basses des murs de la nef, les tableaux à vocation évangélisatrice peints par l’école de Cusco, le plafond particulièrement extraordinaire semblant fait de toile brodée. Et pour terminer, le maitre-autel occupant toute la largeur et la hauteur de la nef, principalement doré la feuille vingt deux carats plus la partie basse en argent martelé. Il est amusant de jeter un œil aux statues religieuses. Pas une n’échappe aux tenues locales, ainsi  un Christ en croix porte un poncho en guise de pagne et la Vierge à ses côtés porte un châle noir comme les dames à Llachon. Ce lieu est vraiment surprenant et mérite la comparaison. Sur la place faite non pas de pavés mais de galets irréguliers s’élèvent d’énormes arbres plantés là par les colons espagnols. Des sortes de lichens se sont accrochés aux branches créant ce qui pourrait ressembler à une chevelure. Tout ceci donne un certain charme à ce lieu.

Direction Cusco, nombril du monde inca. C’est aussi synonyme d’embouteillage, de pollution et de bruit. Le contraste avec Llachon que nous avons quitté aux premières heures du matin est terrible. Avant d’aborder les faubourgs de la ville, nous contournons une butte où trône une des portes de la ville datant de l’époque inca. Il faut du temps pour avancer à tel point que notre chauffeur finit par tenter des raccourcis. Finalement, il nous dépose devant notre hôtel à quelques centaines de mètres de la place d’Armes. Heidé nous conduit jusqu’à celle-ci pour que nous prenions nos premiers repères. Nous faisons un petit tour vers le quartier San Blas où, par hasard, nous tombons sur la fameuse pierre la plus célèbre de la ville. Nous revenons sur nos pas pour faire  un rapide tour de la place avant de rejoindre le petit restaurant qu’Heidé nous avait indiqué juste à côté de l’hôtel.

Une fois rentré, il faut diviser le sac pour les trois jours qui viennent. La douche est vraiment la bienvenue après ces deux jours chez nos charmants hôtes au bord du lac. Bizarrement, je n’ai pas sommeil ce soir.

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