Un port à pied sec

Publié le par Jérôme Voyageur

Les remparts
Les remparts

Brouage, 6 Mai 2002

Cette place forte m'a toujours impressionné. A chaque visite, le charme a opéré. Comment imaginer que cette ville fortifiée fut un important port alors même que la côté est désormais à plus d'un kilomètre. Et ce n'est pas le "petit" Havre de Brouage qu'on imagine laisser approcher des navires de la Royale. En vue aérienne, la cité offre un parfait carré flanqué de neuf pointes de défenses, chacune composant un bastion de défense. La perfection de l'architecture militaire à la française. Qui plus est, en l'absence de végétation, à terrain complètement découvert, on profite d'un ensemble intègre.

Au cours du 16ème siècle, la place passa alternativement aux mains des catholiques et des huguenots. Il faut attendre 1576 pour que le duc de Guise reprenne les lieux et consolide l'encerclement de la protestante La Rochelle. Le roi Henri III en fait une ville Royale deux ans plus tard, décrétant par la même qu'elle ne peut tomber ni dans les mains anglaises ni dans les mains protestantes. Le cardinal de Richelieu en sera son gouverneur et s'en servira de base logistique dans la lutte contre La Rochelle. Mazarin lui succèdera comme gouverneur. Et c'est Vauban qui mettra sa touche finale à la fin du 17ème siècle. Ce bout de terre habitée planté au milieu de nulle part, non loin des marécages et des marais salants a décidément une histoire marquée de grands noms. Et comment ne pas citer Samuel de Champlain natif de Brouage et fondateur de la ville de Québec.

Une petite route bucolique sinue entre Marennes et Rochefort à travers champs et marais dans un environnement totalement plat ou rien ne vient troubler les lignes horizontales. Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, c'est presqu'au dernier virage qu'on devine enfin la citadelle. Il faut dire qu'il s'agit non pas d'un château mais d'une ville fortifiée. Les murs se dressent légèrement au dessus de la ligne d'horizon. Ils sont piqués à intervalles réguliers d'échauguettes qui permettaient d'assurer la surveillance et la garde. La route traverse la ville par son milieu mais je vous recommande de laisser votre véhicule sur l'aire de stationnement juste à l'entrée en arrivant de Marennes. C'est à pied qu'on profite le mieux des lieux. Selon les envies, vous pouvez opter soit par un tour périphérique en montant sur les murailles, un sentier pelousé permettant de faire le tour et ainsi de bénéficier des points de vue à la fois sur la ville en contrebas et sur les environs, soit pour la ballade dans la ville. Ici on retrouve le traditionnel plan de rues en damier. L'essentiel des constructions sont destinées au commerce et à la résidence.

Néanmoins, il y a quelques bâtiments qui méritent le détour. Le premier se situe au coeur du bastion sud-ouest, le plus proche de l'entrée. La poudrière Saint Luc y a été implantée. En plus de son mur de protection, la présence du bastion assure une seconde couche de protection en cas d'incendie. Grâce à une restauration réussie, on découvre un bâtiment rutilant. Si on opte pour l'angle sud-est, non loin du parking, c'est une étonnante construction qui nous attend. Une curieuse bâtisse en bois de forme conique avec une sorte de couloir qui couronne en fait la glacière de la citadelle. On pouvais ainsi y garder de la glace.

En poursuivant par le flanc est, on retrouve la seconde poudrière bien éloignée de la première pour éviter toute explosion généralisée à hauteur du bastion intermédiaire. Elle ressemble étrangement à la première dans sa structure. On découvre aussi que le quart de la cité sous nos yeux ne comporte aucune habitation. Ce carré de verdure accueille une longue bâtisse sur deux niveaux qui barre le carré. Nous avons sous les yeux la halle aux vivres qui pouvait abriter jusqu'à 720 barriques au rez de chaussée et près de 300 tonnes de blé à l'étage. Là encore, grâce à une superbe restauration, on peut aujourd'hui admirer les voûtes de briques reposant sur les piliers de pierre. Mais revenons un instant au bastion. Il réserve une petite surprise. Son mur nord est percé d'une ouverture. Si on traverse jusqu'à l'extérieur, on découvre l'existence d'un port souterrain, certes de très petite dimension. Même avec de l'imagination, on peine à comprendre comment il pouvait servir à cet endroit de la citadelle.

Le dernier lieu d'intérêt se situe dans le bastion nord, qui accessoirement sert de sortie pour la route. Mais surtout il et percé de la porte Royale qui faisait à l'époque face aux galions de la Royale.

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Publié dans Europe, France

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Copier/coller : En cette veille de week-end je m’accorde une pause pour répondre à vos commentaires. Je poursuis ma quête pour sauver le site sur les costumes alsaciens hébergé chez VOILA qui supprime les pages perso le 17 novembre. Pour l’heure j’ai hébergé 30 pages sur 48 sous le lien : http://costumes-alsaciens.eklablog.com/. Si vous avez le temps cliquez sur le lien et voyager dans les pages… En attendant que je termine ce nouveau blog je vous souhaite un bon week-end.
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